Encore hier, Marc Bergevin a refusé d'utiliser le mot «reconstruction». Mais quand on lui a demandé s'il était exact de dire que le Canadien mettait désormais l'accent sur l'avenir, il n'a pas hésité une seule seconde.

«À 100%.»

Avant d'ajouter: «Mais nous avons aussi des leaders plus vieux qui vont aider les jeunes.»

Parmi ces leaders, invariablement, il cite son gardien Carey Price. Ce dernier retrouvait les journalistes après un été idyllique en famille sur la côte Ouest, si on en croit les publications Instagram de sa conjointe Angela. Price s'est présenté avec un «quoi de neuf?» sarcastique, quoique assez sympathique. Allusion bien sûr à la conclusion du feuilleton Max Pacioretty, son coéquipier des 10 dernières années.

«C'est ce que c'est. Je pense que les deux côtés seront contents. Mais c'est dommage de voir un joueur comme Max partir. [...] À un moment donné, un joueur sent qu'il a besoin de changements. C'était son choix. Ça ne fonctionnait plus. Je lui souhaite la meilleure des chances.»

Cela dit, les faits sont les faits. Pacioretty et Alex Galchenyuk, parti un peu plus tôt cet été, étaient deux des meilleures armes offensives d'une équipe qui ne marque pas souvent. Price a toutefois immédiatement rejeté l'idée que leur départ réduise encore plus sa marge de manoeuvre, déjà plutôt mince. 

«Ce sera un nouveau défi. Nous avons reçu d'autres marqueurs. On verra. On ne sait pas comment le casse-tête va s'emboîter avant d'embarquer sur la glace.»

Après quelques minutes de discussions, Price a quitté les journalistes en riant avec un «heureux de vous retrouver».

On pourrait croire qu'il ne le pense  as vraiment, après une année de points de presse tendus. Cependant, on doit rappeler que Price a réagi avec émotion à son hommage en toute fin de saison, quand il est devenu le gardien ayant disputé le plus de matchs avec le Canadien. Il s'est aussi dit très touché du panneau «MTL coeur 31» affiché près du Complexe Bell de Brossard et s'est promis de remercier à sa façon le partisan qui l'a créé.

Sourire

Le temps dira, donc, si le sourire de Price restera. Cela dit, son cas est particulièrement intéressant. Quand il a accepté cette prolongation de contrat de huit ans à l'été 2017, il ne s'attendait certainement pas à ce que l'équipe périclite si vite.

À peine deux ans auparavant, il avait connu une saison de grâce, avec à la clé les trophées Hart et Vézina. La saison d'avant, le Canadien avait atteint la finale de l'Association de l'Est et l'avenir semblait radieux. En plus, Price pouvait désormais se projeter dans l'avenir avec ses amis Jeff Petry et Shea Weber.

Bref, il était à des années-lumière d'être pris au milieu d'une reconstruction. Excusez, d'un «reset» ou d'un «retool».

«Oui, c'est possible de réconcilier une vision d'avenir avec le contexte actuel de l'équipe, a tenu à préciser le gardien. Je vais continuer à jouer mon rôle et à faire mon travail. Je sens que je suis dans les meilleures années de ma carrière et que je peux aider l'équipe à gagner, peu importe le contexte dans lequel on est.»

Parce que le contexte n'est pas nécessairement favorable. La défense n'a pas vraiment changé depuis l'an dernier, quand le Canadien avait terminé au 27e rang pour les buts accordés. Pire encore, Weber ne sera pas là avant le temps des Fêtes en raison d'une sérieuse opération à son genou.

Ce qui pourrait mettre beaucoup de pression sur les jeunes épaules de Victor Mete et de Noah Juulsen. Ou sur celles de Petry, à qui l'on demandera de réaliser des miracles dont on l'en sait incapable. Pour Price, au contraire, la prochaine saison est tout sauf stressante.

«Nous avons une belle occasion. Plusieurs nous ont déjà éliminés, donc il n'y a pas beaucoup de pression sur notre groupe. Nous avons l'occasion de prouver à plusieurs qu'ils avaient tort, et c'est mon état d'esprit cette saison.»

Price se lance également le défi de faire mieux derrière sa jeune brigade défensive, question d'aider à bâtir la confiance. Bergevin a répété hier qu'il s'attendait à revoir le Carey Price «que l'on connaît tous», et qu'il visait une participation aux séries.

Disons, encore une fois, que l'un ne va pas sans l'autre.