Pour l'amateur moyen, les recrues du Canadien de Montréal n'ont presque jamais été dans le coup lors de leur revers de 4-0 contre les espoirs des Sénateurs d'Ottawa vendredi soir à Laval. Mais la perspective d'un amateur moyen est rarement identique à celle d'un érudit du hockey comme l'est Joël Bouchard.

De sa position derrière le banc des joueurs de l'équipe montréalaise, Bouchard voyait deux formations bien différentes, deux formations qu'il a qualifiées, samedi midi, de « débalancées ».

« Je ne peux pas en vouloir à l'amateur moyen. Il ne connaît pas nos joueurs et il ne connaît pas les gars d'Ottawa. On parle d'un tournoi des recrues où les gens qui font du hockey, qui en regardent beaucoup, vont comprendre qu'hier (vendredi), Ottawa avait des joueurs qui, plus ou moins, ont disputé 60 matchs dans la Ligue nationale et 215 matchs dans la Ligue américaine. Je pense qu'on avait 12 matchs dans la Ligue américaine. Notre niveau d'expérience était beaucoup moins élevé », a fait remarquer Bouchard lors de sa rencontre avec les journalistes après l'entraînement de sa troupe à Brossard samedi.

Dans l'analyse qu'il avait présentée peu de temps après la défaite, Bouchard avait dit avoir aimé le début de match de ses joueurs. Il pensait la même chose le lendemain.

« À un moment donné, il est arrivé quelques présences sur la glace qui ont fait mal et qui ont affecté l'équipe un peu plus que prévu. Mais c'est une jeune formation. La preuve, hier, y avait-il un capitaine et un assistant? Zéro. Qui vais-je nommer capitaine et assistant? Ce sont tous des jeunes en développement. Tu regardes du côté d'Ottawa et il y avait un capitaine et un assistant, tu avais des gars qui ont joué dans la Ligue nationale. Ils avaient un certain « millage » qui est difficilement enseignable. »

En fait, Bouchard se disait même content de voir ce déséquilibre entre sa formation et celle que la direction des Sénateurs a envoyée sur la glace de la Place Bell. Car elle a probablement fait réaliser aux joueurs qui portaient l'uniforme tricolore vendredi que le boulot ne fait que commencer.

« Est-ce que ç'a été bon tout le temps hier? Non. Et les joueurs vont vous le dire. Mais c'est correct. Ça fait partie d'un cheminement. C'est pour ça qu'ils viennent ici. J'aime bien mieux qu'ils vivent ça que de les voir gagner 5-1, qu'ils aient très bien fait et qu'ils pensent qu'ils sont arrivés. Hier, ils ont vu qu'il ne reste pas seulement des croûtes à manger; il reste peut-être un morceau de gâteau aussi. Il n'y a pas d'université du hockey où tu peux aller t'asseoir dans une pièce et apprendre. Il faut que tu le vives. Jusqu'à un certain point, j'étais content quand j'ai vu l'alignement d'Ottawa. C'est dans l'adversité que tu testes les joueurs et que tu es capable d'enseigner davantage. »

Pour Bouchard, cet enseignement passe par des échanges constructifs et non seulement par une évaluation négative du rendement du joueur dans un aspect spécifique.

« Je peux faire venir un joueur dans mon bureau et lui dire, « je ne suis pas content de ton travail à un contre un, sois meilleur', et je le renvoie du bureau. Je lui ai manifesté que je ne suis pas content, il sort du bureau, mais ça ne veut pas dire qu'il ne sait plus comment le faire », a d'abord illustré l'entraîneur-chef du Rocket de Laval.

« Si je le fais venir dans le bureau et que je lui dis « je ne suis pas content de tes un contre un, mais voici ce qu'on va faire. Tu vas travailler avec Daniel Jacob, on va faire de la vidéo, on va prendre le temps, on va s'assurer qu'on te guide à travers les matchs pour être meilleur et on va travailler avec toi. » Rendu là, c'est sûr que le joueur qui tient le bâton a aussi un investissement à faire. Une insatisfaction, c'est correct à titre d'entraîneur, mais je pense qu'il faut que tu amènes une solution. C'est ça enseigner, c'est donner des outils, les pousser là-dedans. »