On a parfois tendance à oublier que Marc-André Fleury est une grande vedette de la LNH. On l'oublie parce qu'on suit à la trace le parcours d'un petit gars de Sorel depuis plus de 15 ans. On l'a vu gagner, on l'a vu perdre, toujours avec le même sourire, la même humilité. On a l'impression qu'on le connaît bien et on oublie ce qu'il représente.

Au Pro-Am Gagné-Bergeron jeudi, son ovation a été si longue que Fleury a dû quitter la glace, à la blague, pour calmer la foule. On a vu aussi, pendant sa période de repos, une file de gens se former pour faire signer leur chandail.

Les partisans lançaient un chandail des Golden Knights, avec un crayon-feutre, par-dessus la baie vitrée. Fleury apposait son autographe, et renvoyait le tout. Sur la glace, Fleury a été généreux avec une prestation acrobatique qui avait pour seul but de divertir les 10 000 spectateurs. Il a même songé un instant à exprimer sa colère après un but faible, du côté du bloqueur, avant de se rappeler que c'était un match amical.

On a vu sa popularité à Vegas quand Céline Dion a porté son chandail sur scène. On l'a vue après chaque entraînement des Golden Knights lorsqu'il restait un peu plus longtemps que tout le monde pour signer les chandails et les casquettes des partisans. On l'a vue aussi quand la chocolaterie du Bellagio a fait mouler un Marc-André Fleury géant en chocolat.

«Je suis plutôt réservé, ce n'est pas quelque chose que je recherche. J'étais surtout content de voir comment les gens ont embarqué dans le hockey, ont appuyé notre équipe dès le début. Cet aréna est l'un des meilleurs endroits pour jouer au hockey. Je suis heureux aussi d'avoir réussi à avoir du succès à Vegas pour que les gens aiment le hockey et viennent aux matchs.»

Fleury ne s'est pas fait prier pour participer au Pro-Am, malgré un été chargé passé entre le Québec et le Nevada. L'important, c'est la cause, a-t-il dit. Mais quand on lui demande ce qu'il retient de sa dernière saison, on voit qu'il n'a pas oublié...

«La défaite. C'était une bonne saison, mais on joue pour gagner. Quand tu es si proche du but, mais que tu le manques, c'est ce qui te reste en tête.»

A-t-il pu au moins réaliser, deux mois plus tard, ce que les Golden Knights avaient accompli à leur première année?

«Un peu, tous les bons côtés de la saison, de l'organisation. Mais en fin de compte, c'est la défaite qui reste en tête.»

Prolongation de contrat

Fleury a fait taire la saison dernière chaque analyste qui doutait qu'il ait encore ce qu'il fallait pour transporter une équipe. Il a terminé la saison avec une fiche de 29-13-4, une moyenne de 2,24 et une efficacité de ,927. Aussi incroyable que ça puisse paraître, il a obtenu exactement la même moyenne et la même efficacité en séries.

«Je ne joue pas pour ce monde-là», a simplement répondu le gardien au sujet de ses détracteurs.

Fleury espérait seulement en avoir fait assez pour que les Golden Knights lui fassent confiance pour quelques années encore. L'équipe l'a récompensé avec une prolongation de trois ans et 21 millions cet été, ce qui s'ajoutait à son année de contrat restante. Fleury poursuivra donc sa carrière au moins jusqu'à 37 ans, en théorie à Vegas.

«C'est l'équipe qui m'a donné une deuxième chance, d'une certaine façon. Ils m'ont donné la chance de continuer à faire ce que j'aime, jouer beaucoup de matchs. On est une bonne gang de gars aussi. C'est le fun de faire partie de cette organisation-là.

«C'est pour ça que j'étais content de signer ce contrat-là. Tous ceux avec qui j'ai joué m'ont toujours dit de jouer le plus longtemps possible. Ensuite, il n'y a rien de pareil. J'espère finir ma carrière là, je serais heureux de ça.»

Évidemment, les attentes seront élevées à Vegas. La seule manière de battre une présence en finale de la Coupe Stanley... c'est de la gagner. Fleury ne s'attend pas à ce que les partisans nouvellement conquis baissent leur garde. Il sait seulement qu'il devra recommencer à zéro, aborder les matchs un à la fois.

On oublie aussi que Fleury a déjà participé à cinq finales de la Coupe Stanley, dont trois et demie à titre de gardien numéro un. L'adage ne disait-il pas jamais cinq sans six, ou quelque chose comme ça?