Jonathan Drouin était de fort belle humeur lorsqu'on l'a croisé au tournoi de hockey caritatif de Kristopher Letang. L'été se passe bien, il a l'air en pleine forme, arbore un large sourire, a les cheveux longs.

Après quelques questions sur son rôle au centre, il a tenu à faire une mise au point.

« On va arrêter ça là, a-t-il dit en riant. Je vais vous le dire tout de suite. Je pense que je vais jouer au centre. Si je suis au centre, je suis au centre. Si je suis à l'aile, je suis à l'aile. Je ne laisserai pas ça aller, comme Alex Galchenyuk. Ce n'est pas moi qui décide ma position, mais je pense que je vais rentrer au centre cette année. Je suis plus à l'aise avec ça. »

Évidemment, tout pointe dans cette direction, même si Marc Bergevin avait dit en janvier que dans un « monde idéal », Drouin serait ailier. Sauf que Bergevin n'a ajouté personne dans sa formation qui puisse lui faire concurrence dans le rôle de premier centre. Tomas Plekanec aurait pu... il y a dix ans, Matthew Peca a beaucoup à prouver et Ryan Poehling ou Jesperi Kotkaniemi ne sont pas rendus là.

Donc, voilà, Drouin sera le premier centre du Canadien. Au moins, ça a le mérite d'être clair cette fois-ci. Pour les partisans, mais aussi pour le principal intéressé, qui peut se préparer en conséquence.

« Avec l'année que j'ai connue, j'ai appris des choses. Il y a des choses que je dois changer et améliorer. »

- Jonathan Drouin

« Cet été, c'est plus agréable. L'année passée, c'était ma première année au centre, je ne savais pas vraiment comment ça irait. On a regardé ce qu'on devait travailler. C'est plus facile cet été en sachant que tu vas commencer l'année au centre. »

« PLUS CONFORTABLE »

Drouin admet qu'il se sent désormais « cent fois plus confortable » à sa position d'adoption. Il dit qu'il a gagné en assurance au cercle des mises en jeu, et les statistiques lui donnent raison. Après un début de saison où il s'est fait donner la leçon trop souvent, le vent a tourné après les fêtes, jusqu'à un moment de grâce en mars où il ne perdait à peu près plus. Drouin a aimé sa fin de saison et s'est senti très à l'aise entre Brendan Gallagher et Paul Byron.

C'est vrai que la fougue des petits attaquants a donné un nouveau souffle à Drouin, mais reste à voir si le trio survivra à la pause estivale. La raison est simple : en date du 5 août, Max Pacioretty et Max Domi devraient être les deux premiers ailiers gauches du Canadien.

Dans tous les cas, Drouin juge qu'il a encore beaucoup à apprendre d'un joueur de centre comme Plekanec pour mieux maîtriser son métier.

« Tomas est un exemple à suivre. Au centre, la façon dont il joue, il ne prend pas de risques, il ne triche pas, il joue sur 200 pieds. On lui reproche de ne pas mettre des chiffres, offensivement, mais de la manière dont il joue, beaucoup, dans les gradins ou à la télévision, ne voient pas ce qu'il fait. Pour nous, c'est un gros morceau à ravoir. »

PARLANT DE PACIORETTY...

Dans le dossier Max Pacioretty, Drouin a souvent joué avec le capitaine, l'an dernier, et chaque fois, on cherchait la chimie. Reste que les deux hommes se sont côtoyés tout l'été, comme l'année dernière, d'ailleurs, en gymnase et sur glace. Mais Drouin préfère ne pas aborder avec Pacioretty l'épineux imbroglio dans lequel il est plongé.

« J'aimerais vous répondre, mais Max est dans ses choses avec son groupe d'agents. Je laisse aller. J'ai vécu une situation un peu similaire, on ne veut pas toujours se faire poser des questions sur ce qui se passe. Je ne le dérange pas avec ça. S'il est au camp, je serai content de le revoir, mais ce n'est pas à nous de décider ce qui va arriver. »

« On parle, mais je ne veux pas embarquer avec [Pacioretty] dans ces sujets-là. C'est sensible. Ce n'est pas à moi de prendre la décision pour lui s'il veut rester ou non. »

- Jonathan Drouin

Drouin s'est offert quelques vacances cet été, pour décrocher un peu, même s'il ne trouve pas lourd de rester à longueur d'année dans un marché qui vibre au rythme du hockey. Il est bien conscient que l'optimisme est en baisse et que les premières prédictions placent le Canadien bon dernier, ou dangereusement près. Il ne s'en offusque pas.

« On peut penser à Vegas, l'an passé. Personne ne les mettait en finale de la Coupe Stanley. Je ne regarde pas ça. On ne peut pas se fier à ça. Tout le monde part avec une page blanche. C'est une nouvelle année pour tout le monde, mais c'est sûr qu'on la veut meilleure que la dernière. »