Alexandre Alain n'avait que 15 ans quand il a appris qu'il était atteint d'une tumeur à la moelle épinière, en 2012. S'en sont suivis une opération, des traitements préventifs de radiothérapie et cinq mois loin du hockey. Le genre d'obstacle qui ralentit la progression d'un athlète.

Mais cela n'a pas empêché le nouveau membre de l'organisation du Canadien de progresser dans la vie.

«Le domaine de la santé m'a toujours intéressé, et avec ma maladie, j'étais souvent à l'hôpital. J'ai pu voir la collaboration entre les spécialistes de la santé, les médecins, les infirmières, les physiothérapeutes. Ça m'a fait voir qu'au fond, c'est un travail d'équipe, comme le sport.»

Maintenant en pleine santé, Alain vit pleinement ses passions. Mardi, il a signé une entente de trois ans avec le Canadien, valide à compter de l'an prochain. Ce soir, l'attaquant participera au cinquième match de la demi-finale de la LHJMQ, avec l'Armada de Blainville-Boisbriand, contre les Islanders de Charlottetown.

Et dans un mois, il terminera son DEC en sciences de la nature au cégep de Saint-Jérôme.

«C'est un programme très difficile, surtout en conciliation avec le hockey, admet Alain, au bout du fil. Mais en arrivant dans la LHJMQ, mon but était d'étudier comme une personne normale. L'école a toujours été importante pour moi. La médecine, la physio, la pharmacie sont des domaines qui m'ont toujours intéressé. C'est pourquoi je me suis inscrit en sciences de la nature.»

Une telle décision implique évidemment des sacrifices et un bon niveau d'organisation. « Tu dois être vraiment discipliné. Avec notre calendrier, tu manques des semaines d'école, donc c'est important de parler aux enseignants pour te rattraper, d'apporter des travaux dans l'autobus et de profiter des journées de congé pour étudier, même si ça ne te tente pas toujours parce que tu es fatigué. Avec la discipline et l'effort, tout est possible. Il ne faut pas se mettre de barrières.»

Alain se demande même s'il commencera sa formation universitaire dès l'an prochain, malgré son passage au hockey professionnel.

«Mes parents m'ont toujours dit que l'école est importante. Quand j'étais jeune, ma mère me disait que si je travaillais fort au hockey, je devais mettre le même effort dans les livres. Oui, je suis un joueur de hockey, mais je veux aussi aller à l'école. C'est important de réussir dans les deux. J'ai beaucoup d'ambition et plusieurs choses me passionnent dans la vie.»

«Une grande fierté»

Malgré la maladie en début de carrière, malgré une rigoureuse conciliation hockey-études, Alain a maintenant un pied dans le hockey professionnel. Pour ajouter à sa satisfaction, il se joint à l'organisation de ses rêves.

«C'est une grande fierté, une grosse étape qui est franchie, a expliqué Alain, hier. En tant que hockeyeur, notre but est de signer un contrat dans la LNH. Le Canadien, c'est un rêve d'enfance. Je viens de Québec, mais je n'ai pas connu les Nordiques. Le Canadien a toujours été l'équipe que j'ai suivie.»

Le joueur de 21 ans vient de connaître la meilleure saison de sa carrière avec 44 buts et 43 aides en 65 matchs. Ses 87 points lui ont valu le troisième rang du circuit. En séries, Alain vient au deuxième rang de la LHJMQ avec 12 buts et 8 adies pour 20 points en 13 matchs.

Pourquoi le Canadien?

Avec ses succès, Alain a attiré l'attention d'une demi-douzaine d'équipes de la LNH. Mais au-delà de l'amour du logo, le Canadien offrait des possibilités que d'autres équipes n'offrent peut-être pas.

La principale: une ligne de centre dégarnie. Au niveau de la LNH, la hiérarchie comprend actuellement Jonathan Drouin, Phillip Danault, Jacob De La Rose, Byron Froese et Michael McCarron. À Laval, en plus de ces deux derniers joueurs, dont le poste en LNH n'est pas assuré, on retrouve aussi Daniel Audette, Niki Petti et Markus Eisenschmid. Les recrues Jake Evans et William Bitten devraient s'ajouter à ce groupe l'an prochain.

Bref, pas beaucoup d'immuables pour un joueur capable de jouer autant au centre qu'à l'aile. «Pour ton développement, tu cherches la meilleure occasion. Quand mon agent m'a parlé de l'offre du Canadien, c'était le meilleur fit pour moi.»

Retrouvera-t-il Bouchard?

On peut se demander si la possibilité de continuer à travailler avec son entraîneur-chef du moment chez l'Armada, Joël Bouchard, n'a pas aussi pesé dans la balance. Bouchard et Dominique Ducharme (Drummondville) devraient logiquement faire le saut chez les professionnels l'an prochain. L'organisation du Canadien a un besoin criant de «jeunes» hommes de hockey, et le poste d'entraîneur-chef du club-école est maintenant vacant.

Alain, lui, préfère ne pas trop s'avancer sur la question.

 Ça fait deux ans que je joue pour Joël et j'ai une très bonne relation avec lui, affirme-t-il. C'est une excellente personne et un excellent gars de hockey. Je lui souhaite vraiment ce qu'il y a de mieux pour sa carrière. Mais pour le moment, on se concentre sur notre série contre Charlottetown.»

Car oui, c'est bien beau, cette histoire de contrat, mais Alain et l'Armada sont en mission. Battue en finale de la Coupe du président l'an dernier, l'équipe de la couronne nord a terminé la présente saison au premier rang du classement général de la LHJMQ. Plus que jamais, une place à la Coupe Memorial semble à sa portée.

Pour Alain, ce serait le meilleur tremplin vers les pros.