Antti Niemi a vécu dans ses valises une bonne partie de la saison, avant de les poser pour de bon à Montréal. Après avoir été rejeté par les Stars de Dallas, les Penguins de Pittsburgh et les Panthers de la Floride, les attentes étaient assez modestes chez le Canadien.

Pourtant, Niemi vient d'être choisi par les journalistes de l'écrit comme candidat du Canadien à l'obtention du trophée Bill-Masterton, qui souligne la persévérance.

 

«Ce trophée représente pour moi l'attitude à avoir dans la vie et au hockey : ne jamais abandonner malgré les situations difficiles.»

 

Et c'est exactement ce que Niemi a fait depuis son arrivée à Montréal. Quand il a été réclamé au ballottage, son efficacité était à ,822. Sa moyenne était de 6,74. Sa carrière semblait sur le point de se terminer. Son arrivée a été accueillie avec énormément de scepticisme et quelques yeux au ciel.

 

Pourtant, un arrêt à la fois, il a fait remonter son efficacité à ,916. Il a rebâti sa réputation, et sa confiance. Sa fiche de 6-4-4 avec le Canadien a de quoi impressionner. On l'aurait compris de se décourager derrière une brigade défensive qui en arrachait, il en a plutôt profité pour devenir meilleur.

 

«J'ai vécu des moments difficiles, tu ne sais jamais ce que l'avenir te réserve dans ce métier. Je me suis dit en arrivant que j'allais faire de mon mieux puis voir ce qui allait se produire. J'essaie de garder la mémoire courte depuis que je suis arrivé ici. Peu importe ce qui se passe, je pense aux choses importantes et non aux résultats.»

 

Rester à Montréal

 

Peu à peu, on a commencé à évoquer qu'il pourrait poursuivre sa carrière dans la LNH. Jusqu'au moment où, pour la première fois, on s'est demandé s'il ne pourrait pas venir brouiller les cartes et devenir l'adjoint de Carey Price la saison prochaine.

 

Comme de fait, c'est exactement ce qu'il aspire à faire. C'est la première fois qu'il l'exprime avec autant de clarté. 

 

«Je veux jouer la saison prochaine. J'aimerais jouer ici. Au hockey, quand tu joues bien et que tu te sens bien, tu te sens chez toi. Je me sens chez moi ici. J'aime ma situation ici.»

 

À savoir maintenant ce qui explique la renaissance de Niemi, c'est nébuleux. Le principal intéressé admet que c'est une bonne question. Claude Julien, lui, reconnaît que sa relation avec Stéphane Waite, avec qui il a gagné la Coupe Stanley à Chicago en 2010, y est pour beaucoup.

 

«Ils ont une bonne relation, ils ont connu du succès. Dès le jour 1, j'ai vu que Niemi était compétitif. Je n'ai jamais été déçu de son niveau de compétition. Il s'est même amélioré. On doit rendre hommage à Stéphane et à Antti. Il travaille fort à l'entraînement et c'est contagieux. On parle de persévérance, d'un joueur qui n'aurait pas pu vivre un pire début de saison. Voir comment il joue maintenant est impressionnant.»

 

Pour Niemi, ses succès récents prennent racine dans le vestiaire du Canadien où il se sent de plus en plus à l'aise. Sur la glace aussi, il se réjouit de «faire les bonnes choses» avec Waite.

 

«J'ai aimé recommencer à travailler avec lui. J'essaie de ne pas trop en faire, de ne rien faire de trop difficile. J'essaie de mieux exécuter les trucs de base. C'est mieux pour moi à long terme.»

 

Claude Julien a fait sourciller à peu près tout le monde il y a quelques semaines quand il a admis pour la première fois que le brio de Niemi allait forcer l'équipe à prendre des décisions difficiles une fois la saison terminée. Après tout, le Canadien venait d'annoncer le contrat de trois ans, à un volet, de Charlie Lindgren. On l'imaginait déjà adjoint à Carey Price, et pourtant.

 

Dans une saison où le Canadien a déclaré qu'à peu près tout le monde aurait la chance de faire ses preuves, ils sont très peu à en avoir vraiment profité. Niemi, lui, a fait exactement l'inverse. Il semblait destiné à la retraite, mais il a forcé tout le monde à le regarder une dernière fois. À Montréal comme ailleurs. Ça lui vaut bien une nomination au trophée Bill-Masterton.