Anthony Beauvillier a été repêché au premier tour. À l'automne 2016, à 19 ans, il était retenu dans la formation des Islanders, évitant ainsi sa dernière année junior. Il faisait partie des rares privilégiés qui court-circuitaient la Ligue américaine.

C'était vrai jusqu'au 1er janvier 2018. Ce jour-là, l'équipe lui annonçait qu'il était rétrogradé à Bridgeport, où est établi le club-école des Islanders.

Deux semaines plus tard, le revoici dans la LNH, fort d'une fiche de trois buts et une passe à ses deux derniers matchs. L'échantillon est mince, et il est encore trop tôt pour dire si ce simple séjour de trois matchs dans la Ligue américaine sera son dernier. Mais on ne pourra pas accuser son entraîneur-chef, Doug Weight, d'avoir pris ce renvoi à la légère.

«On a parlé pendant environ une heure. C'était une journée difficile pour lui, a reconnu Weight, au cours d'un généreux point de presse ce matin au Centre Bell, en vue du duel contre le Canadien. On aurait dit qu'il sentait que le renvoi s'en venait. Tu le voyais dans ses yeux, il n'avait plus confiance, il était perdu. J'ai parlé à Brent Thompson, l'entraîneur-chef [à Bridgeport], et il m'a dit qu'il était le meilleur joueur des deux équipes à chacun de ses trois matchs. On a eu des blessés, donc on l'a rappelé, mais je craignais que ça vienne trop vite. Mais dès la première rencontre, son regard avait changé. Il s'est retrouvé.»

«Ça en dit beaucoup sur lui, c'est une bonne personne, quelqu'un d'unique, a répondu Beauvillier, au sujet de l'initiative de Weight. C'était un bon meeting. Ce n'était pas facile pour moi de l'entendre, mais pas facile pour eux de le dire non plus. Ça fait un an et demi que je suis là. Entendre cette nouvelle-là n'est jamais le fun. Mais il m'a dit les bons mots et je suis arrivé là-bas avec une attitude positive.»

Le simple fait que Weight ait pris tout ce temps pour s'adresser au jeune homme trahit visiblement l'importance que l'organisation lui accorde. Bien des jeunes sont renvoyés avec un minimum d'explications...

«Je suis encore jeune, j'ai 20 ans. Ils veulent que je sois une pièce importante de l'équipe à court, moyen et long terme. Je veux ça moi aussi. Il faut travailler ensemble», a ajouté Beauvillier.

Avant son renvoi, Beauvillier comptait cinq buts et trois passes pour huit points en 31 matchs, un rythme de production largement inférieur à ses 24 points en 66 matchs de la saison dernière.

Reste maintenant à voir ce que Beauvillier, un joueur offensif dominant dans les rangs juniors, deviendra dans la LNH. «On l'avait gardé à [19] ans, parce qu'il était très mature, qu'il était capable d'accepter le fait qu'il n'allait pas amasser 60 points à sa première année avec nous et qu'il allait jouer un rôle. Cette saison, il n'était plus le même. [...] Il doit comprendre ce qu'il deviendra comme joueur.»

Blessures bénéfiques

Weight l'a dit, ce sont les blessures qui ont mené au rappel rapide de Beauvillier. Ça commence à s'accumuler à l'infirmerie des Insulaires, avec les attaquants Josh Bailey, Casey Cizikas, Andrew Ladd et Nikolay Kulemin sur la touche, en plus des défenseurs Calvin de Haan et Johnny Boychuk.

Tous ces blessés ont l'avantage d'ouvrir des portes pour certains, et Beauvillier en fait partie. Depuis son rappel, il est employé au sein d'un trio avec Jordan Eberle à droite, et surtout, l'électrisante recrue Mathew Barzal comme centre. 

«J'aime jouer avec lui, il est rapide, il peut marquer et c'est facile de jouer avec lui. On a une bonne relation hors glace et ça se traduit sur la glace», a indiqué Barzal.

Barzal mène les recrues de la LNH pour les points avec 44, et fait déjà partie des candidats au trophée Calder. Et les matins comme aujourd'hui, où il se fait questionner sur la lutte pour le titre de recrue par excellence, sont de plus en plus fréquents...

«Je pense que c'est impossible de bloquer ça. Je suis sur Twitter et Instagram, je vois la lutte avec [Brock] Boeser, [Clayton] Keller ou [Mikhail] Sergachev. J'essaie de bloquer ces choses-là et de me concentrer sur mon jeu.»

Notons que l'entrevue avec Barzal a été réalisée entièrement en français. Ce Britanno-Colombien a participé à un programme d'immersion française «de la 6e à la 11e année», et en a gardé une très bonne maîtrise de la langue.

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La formation probable des Islanders ce soir

Lee-Tavares-Quine

Beauvillier-Barzal-Eberle

Dal Colle-Nelson-Prince

Chimera-Fritz-Clutterbuck

Leddy-Mayfield

Pelech-Aho

Hickey-Pulock

Greiss