Paul Byron ne s'en cache pas : sa vie a véritablement changé le 5 octobre 2015, quand les Flames de Calgary l'ont placé au ballottage. Elle a changé de bien des façons.

En premier, parce que Byron, déçu d'être largué comme ça, s'est mis à se poser des questions, à avoir des doutes. Un joueur comme lui, à peine 5 pi 9 po et 160 lb, un lointain choix de sixième tour en plus, avait-il vraiment sa place dans la Ligue nationale de hockey ? La question pouvait se poser.

Ensuite, sa vie a changé parce que Byron s'est retrouvé avec un club qui le rapprochait de la maison... et d'une culture qu'il connaissait déjà un peu, une culture qu'il voulait apprendre à connaître encore plus.

Un an plus tard, lors de la traditionnelle présentation des joueurs, il se présentait à la foule du Centre Bell en tant que « Paul Biron ». Pas pour faire le comique. Mais bien pour rappeler aux gens d'ici qu'il est un des leurs.

« J'ai fait ça de manière consciente, a-t-il rappelé samedi soir. J'aime la culture francophone, ma famille a des racines francophones et je fais ce que je peux pour faire partie de cette culture. Je me souviens très bien de ce moment-là. Je pense que tout le monde ici a bien aimé m'entendre prononcer mon nom comme ça. »

FRANCOPHILE

Il y a de la lumière dans les yeux de Byron quand il parle de cette ville qui l'a rapidement adopté. Il convient de rappeler que le joueur de 28 ans est un natif d'Ottawa, qu'il a grandi comme hockeyeur de l'autre côté de la rivière, à Gatineau, là où il a connu le succès comme joueur d'âge junior avec les Olympiques.

Il convient aussi de rappeler que Byron est un francophile qui n'hésite pas à parler la langue de Maurice Richard quand on le lui demande. Le français n'est pas sa langue première, mais pour y arriver, il y met autant d'efforts qu'il en met quand vient le temps d'aller récupérer une rondelle libre sur la glace.

« Parce que ce ne sont pas tous les joueurs anglophones qui s'essaient au français, enchaîne-t-il. Je pense qu'il y a beaucoup de gars qui sont un peu nerveux d'apprendre la langue, d'essayer de la parler. Pas moi. Je vais continuer à utiliser le français à tous les jours. »

C'est ce genre de caractère qui fait de lui un favori de la foule du Centre Bell, comme on a pu le constater une fois de plus samedi soir, lors de cette fête de 10-1 aux dépens des Red Wings de Detroit. Byron en a profité pour ajouter trois buts à sa fiche, le premier tour du chapeau de sa carrière.

« Je ne me souviens même plus de mon dernier tour du chapeau. Probablement dans les rangs juniors ? Je ne crois pas en avoir réussi un dans la Ligue américaine... »

- Paul Byron

Ça lui fait donc 9 buts cette saison, et s'il tient ce rythme, il pourrait dépasser son sommet en carrière, 22 buts, atteint la saison dernière.

Tout ça de la part d'un type qui, il y a deux ans à peine, était bêtement abandonné par les Flames, pour des raisons de doutes sur son état de santé, pour des raisons de doutes sur sa durabilité.

« C'est spécial depuis que je suis avec le Canadien, et ça prouve qu'on ne sait jamais ce qui peut arriver, explique-t-il. Je n'ai jamais abandonné et j'ai toujours gardé confiance en mon jeu. Je sais que je suis capable de jouer dans cette ligue. Dès le début, dès que je suis arrivé ici, je me suis senti très à l'aise. Ma famille et moi, nous sommes contents d'être ici, et je sais aussi que je suis chanceux d'être ici. »

De toute évidence, Paul Byron ne changerait tout ça pour rien au monde.

Paul Biron non plus.

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Prochain match : Blues de St. Louis c. Canadien, demain soir (19 h 30) au Centre Bell