Les Coyotes de l'Arizona devaient d'abord s'entraîner à 15h30 hier après-midi. Ce fut ensuite déplacé à 16h. Puis à 17h. Et pour se rendre au Centre Bell, ils devaient d'abord sauter dans l'avion pour un vol de trois heures de Winnipeg vers Montréal.

Dans ces circonstances, bien des équipes auraient tout simplement annulé leur entraînement, afin de s'assurer que tout le monde soit frais et dispos. Mais quand vous n'avez que deux victoires à la mi-novembre, il est peut-être normal de ne pas agir comme le feraient les autres équipes. Voilà pourquoi, de 17h à 18h, ça patinait à haute intensité au Centre Bell!

Bienvenue chez les Coyotes de l'Arizona de 2017.

«Avec notre horaire, on doit prendre les entraînements quand on peut, surtout avec notre fiche», avoue le défenseur québécois Jason Demers.

Il y avait pourtant des raisons de croire que les Coyotes pouvaient - à défaut de rêver aux séries - commencer à voir une transformation s'opérer. Ils ont déniché ce qu'ils souhaitaient être un gardien numéro 1, un centre capable de jouer dans les deux premiers trios et un défenseur d'expérience. Ils accueillaient aussi dans leurs rangs un des attaquants les plus prometteurs du repêchage de 2016.

Après le premier quart de la saison, non seulement il n'y a pas de progression, mais les Coyotes ont carrément régressé, malgré les ajouts du gardien Antti Raanta, du centre Derek Stepan et du défenseur Niklas Hjalmarsson (blessé). Et malgré l'arrivée du talentueux Clayton Keller.

Leur fiche: 2-15-3. Les deux victoires: des gains à l'arraché de 4-3 en prolongation contre les Flyers de Philadelphie et de 2-1 en tirs de barrage contre les Hurricanes de la Caroline. Selon Sportsnet, les Coyotes sont la première équipe de l'histoire de la LNH à n'avoir aucune victoire en temps réglementaire après 20 matchs.

Mais pour ceux qui se posent la question, les Coyotes de 2017-2018 demeurent un tantinet supérieurs aux Capitals de Washington de 1974-1975, qui présentaient un dossier de 2-16-2 après 20 rencontres. Ces Capitals détiennent toujours le record de la pire fiche de l'histoire (8-67-5).

La barre n'est pas haute

Revenons à nos Coyotes. Les entraîneurs qui en arrachent vont souvent dire que leur fiche n'est pas représentative de la qualité de leur équipe. On aurait mal vu Rick Tocchet ne pas dire ça !

«La fiche paraît mal, mais on n'est pas une équipe de 2-15-3. On devrait avoir au moins cinq ou six victoires», répond l'entraîneur-chef, rencontré hier soir au Centre Bell.

Cinq ou six victoires en 20 matchs, ce n'est guère mieux, mais bon...

Une statistique qui fait particulièrement mal aux Coyotes: quand ils mènent ou que c'est l'égalité après 40 minutes, ils présentent un dossier de 2-6-3.

«Ce que j'aime, c'est qu'on est dans chaque match. Ce que j'aime moins, c'est qu'en troisième période, quand le match est encore en jeu, on perd. On doit apprendre. On est une jeune équipe qui doit apprendre à jouer sous pression», souligne Tocchet.

«On est trop inconstants. Pour gagner dans cette ligue, tu dois être constant dans ta structure et dans ton ardeur au travail, et ça nous manque en ce moment, ajoute Demers. On est tout le temps dans le match, on est à un but. Mais on manque un peu d'expérience.»

Sur ce dernier point, difficile de contredire Demers. On dénombre sept joueurs âgés de 22 ans ou moins dans la formation des Coyotes (l'un d'eux, Jakob Chychrun, est blessé et n'a pas encore joué cette saison).

Duclair ronge son frein

Un autre de ces jeunes, c'est Anthony Duclair. Mais avec 171 matchs derrière la cravate, il compte tout de même une vaste expérience pour un athlète de 22 ans.

Après une récolte de 44 points en 2015-2016, Duclair peine à revenir à ce niveau. L'an dernier, les Coyotes l'ont rétrogradé dans la Ligue américaine pour 16 matchs, tandis que cette saison, il a déjà assisté à six rencontres depuis la passerelle.

«Il doit être plus constant, a martelé Tocchet. Sur certaines présences, il joue avec acharnement et d'autres fois, je ne sais pas s'il a toute sa concentration. Il va rebondir, et j'espère qu'il redeviendra un joueur important pour nous.»

«Je ne vais pas revivre ce que j'ai vécu l'an passé, assure Duclair. J'ai connu une saison difficile, mais j'ai travaillé fort cet été. J'ai bon espoir de pouvoir changer ça et connaître du succès.»

En 14 matchs, le Québécois totalise trois buts et trois mentions d'aide.

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La lueur d'espoir

Dans la noirceur de ce début de saison, il y a bien un rayon de soleil. Il s'appelle Clayton Keller. Malgré ses 19 ans et sa taille de guêpe (5 pi 10, 168 lb), Keller arrive au 1er rang des recrues de la LNH, avec 11 buts et 18 points.

«C'est un petit gars, il a l'air d'avoir 14 ans et d'aller au secondaire, rigole Anthony Duclair. Mais ses mains sont incroyables. Patrick Kane est son idole et il a son style, il voit le jeu comme lui. C'est le fun de le voir faire ça à 19 ans.»

Choisi au 7e rang en 2016, Keller a fait tourner les têtes en octobre, mais il a quelque peu ralenti en novembre, avec 2 points en 7 matchs.

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Photo Matt Kartozian, USA Today Sports

Clayton Keller

Comme à l'époque de Mike Keenan!

Un entraînement à 17h, c'est très peu commun dans la LNH, mais ça ne l'était pas vraiment pour Rick Tocchet. «Ça m'arrivait souvent quand je jouais pour Mike Keenan! se remémore l'entraîneur-chef des Coyotes. Ce n'était pas une punition. Il pensait simplement que de temps en temps, il fallait patiner en fin d'après-midi. Je ne le fais pas souvent, mais ça ne me dérange pas quand ça arrive. On avait besoin de patiner aujourd'hui.»

Cela dit, malgré le changement par rapport à ce qui est une journée typique sur la route, les joueurs sondés n'y voyaient pas d'inconvénient. «Je vais souper à la même heure et dormir à la même heure», rappelle Jason Demers.

La gestion de l'énergie sera toutefois un facteur à considérer. À ce sujet, Tocchet ne prévoit pas demander à ses joueurs de sauter sur la patinoire ce matin.