Lors de sa rencontre avec les journalistes après la victoire de 3-1 du Canadien de Montréal contre les Panthers de la Floride, vendredi soir au Centre Bell, Claude Julien a servi deux réponses qui donnent une bonne idée de ce que l'équipe pense de Charlie Lindgren: il va faire carrière dans la Ligue nationale, mais peut-être que pour son bien, ce moment n'est pas encore venu.

Sans faire face à un bombardement en règle, alors qu'il a dû repousser 23 rondelles, le jeune gardien de Lakeville, au Minnesota, a livré une prestation de qualité face à une formation qui ressemblera beaucoup à celle que l'on verra dans la LNH au cours de la saison.

Il n'en fallait pas plus pour que Julien soit appelé à se prononcer sur les chances que Lindgren devienne l'adjoint de Carey Price dès le 5 octobre. Surtout que le réserviste Al Montoya connaît un camp difficile, avec sa moyenne de buts alloués de 4,77 et son taux d'arrêts de ,838 en trois sorties en matchs préparatoires.

En comparaison, à la suite de son match contre les Panthers, Lindgren a porté sa moyenne à 1,34 et son taux d'arrêts à ,941 en près de 90 minutes de jeu.

«Charlie Lindgren est le gardien qu'il est aujourd'hui parce qu'il a beaucoup joué l'an dernier, a fait remarquer l'entraîneur-chef du Tricolore. Parfois, un jeune gardien doit jouer pour devenir bon et s'améliorer. Nous allons devoir prendre une décision, et ce qui nous aide cette année, c'est qu'il (le Rocket de Laval) se trouve à 20 minutes d'ici.»

Tout en faisant l'éloge de Lindgren, Julien a rappelé que le rôle de deuxième gardien est ingrat. Et c'est un rôle auquel Lindgren n'est pas coutumier, a noté Julien.

«Il n'y a aucun doute dans mon esprit qu'il jouera dans cette ligue, a affirmé Julien au sujet de Lindgren. Il est bon à ce point. Reste à savoir quand ce moment va arriver.

«Certains gardiens sont bons parce qu'ils jouent beaucoup, a renchéri Julien. Ce que «Monty» (Al Montoya) vit, c'est-à-dire s'entraîner avec ardeur tous les jours et regarder le gardien numéro un prendre part à beaucoup de matchs, n'est pas un travail facile. Et Charlie ne s'est pas nécessairement retrouvé dans une telle position. Il faut être prudent en analysant tous ces éléments et c'est la raison pour laquelle nous avons un groupe de gens qui se réunit pour discuter de ces choses.»

Lindgren est le premier à admettre que la besogne de réserviste n'est pas chose simple. Il le sait pour avoir campé ce rôle à sa première saison à St. Cloud State, avant qu'on lui permette de participer à 38 (sur 40) et à 40 matchs (sur 41) lors des deux campagnes suivantes.

«Lors de ma première année universitaire, je n'ai amorcé que quatre rencontres, a relaté Lindgren. J'aime être celui à qui on fait appel pour garder les buts, et ce fut probablement la saison la plus difficile de ma carrière. Plus vous jouez, mieux vous vous sentez.»

Lindgren est persuadé qu'il peut tenir son bout dans la Ligue nationale, mais il sait aussi qu'il ne maîtrise pas toutes les facettes de son métier.

«J'ai confiance de pouvoir jouer dans la LNH dès maintenant, mais je sais aussi que j'en ai encore beaucoup à apprendre, avoue Lindgren, qui a présenté une moyenne de 2,56 et un taux d'arrêts de ,914, avec cinq blanchissages, en 48 parties avec les IceCaps de Saint-Jean à Terre-Neuve, la saison dernière, sa première dans la Ligue américaine.

«Je suis encore jeune et il n'y a pas de doute que le fait de jouer beaucoup de matchs va m'aider dans mon développement. Mon but est de jouer dans la LNH, c'est mon rêve depuis que j'ai l'âge de cinq ans, et j'espère que ce n'est qu'une question de temps. Vendredi, je voulais saisir la chance qu'on me donnait. Tout ce que je vise, c'est faire en sorte que la direction de l'équipe et les joueurs ont confiance en moi.»