Les tempêtes, Marc-André Fleury connaît ça. Il connaît la critique aussi. Il y est habitué. Il y a environ un an, quand les Penguins de Pittsburgh ont soulevé la Coupe Stanley avec un autre gardien devant le filet, il est resté de glace, sans même jamais songer à faire tanguer un peu le bateau.

Cette fois-ci, c'est une autre tempête, peut-être la pire quand on emploie son temps à porter un masque: la controverse des gardiens.

Mercredi soir à Ottawa, les Sénateurs ont sorti Fleury du filet en quelque 12 minutes, le temps de 4 buts sur 9 tirs dans une victoire de 5-1 sur les Penguins de Pittsburgh. Les deux équipes se retrouvent vendredi soir à Ottawa pour le match numéro quatre de cette finale de l'Est, et l'entraîneur Mike Sullivan devrait, enfin, faire connaître l'identité de son gardien partant en cours de journée.

Sullivan pourrait choisir Matt Murray, le gardien de 22 ans qui lui a permis de gagner la Coupe il y a un an. Ou il pourrait revenir avec Fleury, qui a lui aussi sa bague de champion, et qui a d'ailleurs joué comme en 2009 depuis le début du présent printemps.

C'est le genre de chose qui pourrait déranger bien des gardiens, mais Marc-André Fleury n'est pas dérangé par grand-chose.

«Il n'y a absolument rien qui affecte ce gars-là, lance l'attaquant Conor Sheary des Penguins. Tout ce que les gens voient, c'est un gars compétitif, bien sûr, mais si jamais il doit attendre et se ranger derrière nous, il va le faire.

«Il est l'un des meilleurs dans cette ligue pour s'ajuster à un nouveau rôle.»

Avant le désastre de mercredi soir, le gardien québécois n'avait accordé que deux buts à ses trois départs précédents. Ce qui fait dire à Conor Sheary qu'il n'y a aucune raison de paniquer.

«Dès que les séries ont commencé, il s'est mis à jouer comme le Flower que je regardais à la télé quand j'étais plus jeune, lors des Mondiaux juniors... Il a retrouvé cette confiance.»

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Marc-André Fleury se met à rire quand on avance que le métier de gardien de but est un métier ingrat. Après tout, c'est Evgeni Malkin lui-même qui venait de faire remarquer que mercredi soir, il y avait plusieurs passagers du bord des Penguins. «Les 20 joueurs ont eu un mauvais match», a résumé le gros attaquant russe.

La place de Fleury dans cette équipe est importante. Mercredi soir, après un autre but, c'est Sidney Crosby qui est parti du centre de la patinoire, avant la mise en jeu, pour aller lui donner un petit coup de bâton réconfortant sur la jambière.

Fleury, lui, a souvent l'habitude de parler au «nous», comme pour bien faire comprendre qu'il n'est jamais seul sur la glace, gagne ou perd.

«C'est en équipe que ça se joue, a-t-il insisté hier. J'ai pas gagné les matchs précédents tout seul ! Alors je ne suis pas inquiet. Plus tôt dans la saison, après une défaite, on est souvent revenus plus fort en tant qu'équipe.»

Et les critiques? Tous ces doigts accusateurs qui se dressent bien rapidement dans sa direction quand ça va moins bien, comme mercredi soir, par exemple?

«Je commence à être habitué, depuis le temps... Il faut avoir le dos large et ne pas trop s'attarder à ce que les gens disent à notre sujet. Tout ce que je peux faire, c'est tout oublier ça et me tenir prêt pour le prochain match.»

Ce prochain match est ce soir. Peu importe la décision de son entraîneur, Marc-André Fleury fera ce qu'il a toujours fait: accepter son rôle avec un grand sourire. 

D'ailleurs, quand on lui a demandé s'il voulait être devant le filet pour ce quatrième match, il a répondu à sa manière, sans vouloir faire de vagues, d'un air presque gêné: «J'espère pouvoir y retourner... Comme j'ai dit, tout ce que je peux faire, c'est être prêt.»