Alors que le Tricolore s'apprête à disputer en fin de semaine le premier rang de la division Atlantique aux Sénateurs d'Ottawa dans une série aller-retour, c'est à se demander s'il y a vraiment un avantage pour ces deux équipes à terminer première.

La puissance de la division Métropolitaine cette saison a créé une sorte d'incongruité : l'équipe qui terminera en tête de l'Atlantique affrontera la meilleure des deux équipes repêchées, laquelle, selon toute logique, sera la formation qui aura terminé au quatrième rang de la Métropolitaine.

Depuis des mois, cette équipe repêchée issue de la Métropolitaine a plus de points que le Canadien, même si le CH a trôné en tête de la division Atlantique presque sans interruption depuis le début de l'année.

Si le « prix » est de se frotter dès le premier tour à une puissance de la Métropolitaine, c'est un pensez-y-bien, non ?

« L'avantage de la patinoire est énorme en séries, répond Paul Byron à ce sujet. Dès que tu as la chance de l'avoir, tu dois en profiter. »

« On ne va pas donner de munitions à personne en disant qu'on ne veut pas terminer premiers ! On veut gagner tous nos matchs et finir premiers, parce que Montréal est un avantage pour nous. »

- Paul Byron

La LNH a instauré en 2014 un format de séries éliminatoires par brackets qui favorise les rivalités intradivisions. Les joueurs n'ont pas leur mot à dire sur la façon dont elles sont structurées, mais on soupçonne que la majorité d'entre eux préférerait un retour à l'ancien système dans lequel la première équipe d'une association affrontait la huitième, la deuxième affrontait la septième, etc.

Des vedettes comme Sidney Crosby et Braden Holtby se sont déjà exprimées en ce sens par le passé. Il faut dire que les deux joueurs évoluent pour des formations de la division Métropolitaine qui pourraient s'entretuer dès le premier tour. Un choc Penguins-Capitals dès le départ, en plus d'être précoce, forcerait le gagnant à y laisser beaucoup d'énergie.

ENTRER AVEC ÉLAN

Aux yeux de l'attaquant Steve Ott, la parité est telle dans la Ligue nationale aujourd'hui qu'une équipe de huitième place a autant de chances qu'une autre de battre la première de classe.

« Il faut être à son sommet à chaque match parce qu'il n'y a plus d'affrontements faciles », croit le vétéran centre.

« On l'a vu l'an dernier avec les Capitals de Washington qui ont survolé la LNH en saison, mais qui n'ont pas été capables de passer le deuxième tour. C'est tellement serré, surtout en séries. »

- Steve Ott

Ott a joué son premier match éliminatoire dans la LNH en 2003, alors qu'il était une verte recrue des Stars de Dallas. À l'époque, l'écart entre la première et la huitième équipe était beaucoup plus grand.

« Les Stars avaient une masse salariale de 80 millions et on avait affronté les Oilers d'Edmonton et leur masse salariale de 25 millions dans une série où le deuxième dans l'Ouest affrontait le septième. On savait qu'il valait mieux l'emporter ! Ça changeait tout : c'est comme si notre job était en jeu. »

Selon Ott, la nouvelle ère de parité a commencé en 2012 quand les Kings de Los Angeles, entrés en séries par la porte arrière en vertu de leur huitième rang dans l'Association de l'Ouest, avaient fini par remporter la Coupe Stanley.

« Mais c'est encore plus vrai aujourd'hui », estime-t-il.

Aujourd'hui, un écart de six points entre deux formations ne dit pas grand-chose sur leur force véritable. En fait, l'élan avec lequel une formation arrive en séries éliminatoires est peut-être plus significatif que son total de points. Par exemple, si les séries commençaient aujourd'hui, les Sénateurs se mesureraient à des Bruins de Boston qui sont tout feu tout flamme depuis le changement d'entraîneur. Pas sûr que ce soit un scénario qui enchante Guy Boucher...

En fin de compte, les joueurs du Canadien savent qu'il faut être capable de battre n'importe qui si l'on veut se rendre jusqu'au bout.

« Peut-être que certains joueurs préféreraient revoir l'ancien format, mais en ce qui me concerne, je trouve qu'il vaut mieux essayer de se débarrasser des meilleures équipes dès le début alors qu'on est encore frais, et partir de là, estime le défenseur Jordie Benn.

« En même temps, plus on avance en séries, mieux les équipes jouent. On affronte le meilleur de ce qu'elles ont à donner. Donc je ne pense pas que ça importe vraiment. »