La saison des Flames de Calgary pourrait bien s'être remise sur les rails... dans un train entre Montréal et Ottawa.

Nous sommes le 24 janvier au Centre Bell. Les Flames jouent du mauvais hockey, ils viennent d'être blanchis 4-0 par les Maple Leafs de Toronto la veille et un effet d'accumulation commence à peser lourd sur l'entraîneur-chef Glen Gulutzan, comme sur ses joueurs.

Les Flames offrent ce soir-là contre le Canadien leur pire prestation de la saison. Gulutzan est en furie après la rencontre et cet entraîneur-chef d'ordinaire posé et respectueux du bien-être de ses joueurs décide de les laminer dans ses commentaires.

Après le match - c'était entendu d'avance - les Flames se rendent à Ottawa en vue de leur prochain match en prenant le train plutôt que l'avion. Quelques équipes optent aujourd'hui pour ce moyen de déplacement lorsqu'elles affrontent tour à tour le Canadien et les Sénateurs. C'est dans ce cadre inhabituel que les Flames vont se regarder dans le miroir et tenter de tourner la page sur le cinglant revers de 5-1 qu'ils viennent d'essuyer.

«Dans le train, on a eu une discussion d'équipe pour essayer de comprendre ce qui n'allait pas. Notre semaine de relâche approchait et on s'est dit qu'il fallait que ça change au plus vite si l'on voulait se maintenir dans la course aux séries», explique l'attaquant Michael Frolik.

Gulutzan en est à sa première saison derrière le banc des Flames. Ce moment-là pouvait être charnière pour lui. À bord du train, il a décrété que ses joueurs n'auraient pas le droit de prendre de bière durant le trajet.

«On n'est pas des alcooliques, mais après un match on aime prendre une couple de bières», indique l'attaquant Alex Chiasson, qui a déjà eu Gulutzan comme entraîneur chez les Stars de Dallas.

«C'est surtout vrai sur la route où les gars se retrouvent ensemble plutôt que de retourner dans leur famille.»

En feu depuis

Plus tard, après que son message fut bien passé, l'entraîneur est lui-même revenu avec des consommations pour ne pas entretenir l'amertume.

«Le meeting dans le train a été bon, tout comme celui qui a ensuite précédé le match à Ottawa, a mentionné Gulutzan, hier, en revenant sur les événements. En tant qu'entraîneur, on cherche des moments significatifs, des moments dont on pourra tirer une leçon et qui peuvent avoir aidé notre groupe. En voilà deux.

«C'est ce que les joueurs ont le plus retenu du revers à Montréal, encore plus que ce que j'avais à dire après la rencontre.»

Les Flames n'ont plus été les mêmes par la suite. Ils affichent un dossier de 12-2-1 en 15 rencontres depuis leur défaite à Montréal, ce qui constitue la meilleure fiche de la LNH au cours de cette période.

Le Canadien connaît une bonne séquence avec six gains d'affilée? Les Flames, eux, en ont aligné sept. C'est donc dire que l'une de ces deux formations en verra nécessairement la fin, ce soir au Saddledome.

Mais qu'il s'agisse des critiques acerbes après la rencontre, du régime sec temporaire dans le train ou de la rencontre qui a précédé le match contre les Sénateurs, c'était la première fois que les joueurs des Flames entendaient leur entraîneur-chef leur renvoyer un écho négatif.

«Pourquoi ce moment-là a déterminé la façon dont ont joue maintenant? s'interroge Alex Chiasson. C'est difficile à expliquer. Mais Glen se soucie de ses joueurs et de ce qui se passe dans la chambre. Dans les moments où ça allait moins bien il était là pour l'équipe. De le voir comme ça n'arrive pas à toutes les semaines. C'est pour ça que ça a frappé un peu plus...»