Un quart de siècle après avoir fait l'histoire en devenant la première femme à garder les buts lors d'un match du calendrier régulier de la LHJMQ, Manon Rhéaume n'a rien perdu de sa passion pour le hockey. Et elle prend les moyens pour la transmettre aux générations suivantes.

«Quand j'ai réalisé que mon histoire avait eu un impact véritable sur les jeunes filles, j'ai voulu m'impliquer, prendre mon expérience et la partager d'une autre façon avec elles, explique Rhéaume, que La Presse canadienne a rencontrée chez elle en banlieue de Detroit.

«Aujourd'hui, ajoute-t-elle, je suis capable de diriger une équipe de jeunes filles et d'aider un programme de hockey. J'ai toujours été passionnée de hockey, j'ai passé ma vie dans les arénas et j'ai joué au niveau professionnel. D'avoir la chance de gagner ma vie dans le sport que j'aime, je ne peux pas demander mieux.»

Le quotidien de Manon Rhéaume lui permet de redonner au sport qui l'a menée à deux médailles d'or au Championnat du monde de hockey féminin, en 1992 et en 1994, et une d'argent aux Jeux olympiques de Nagano, les premiers à présenter cette discipline en 1998.

Elle redonne en partie grâce à une fondation qui porte son nom et qui offre depuis 2008 des bourses d'étude aux filles de moins de 19 ans afin de réaliser leurs objectifs sportifs.

Elle le fait aussi en jouant un rôle actif avec Little Caesars, une organisation de hockey mineur associée aux Red Wings de Detroit.

Parmi ses fonctions, elle agit à titre de gérante du volet féminin et dirige la formation des filles de 12 ans et moins. Bien sûr, on la verra sur la patinoire lors de cliniques réservées aux gardiennes de buts.

Elle est aussi censée collaborer avec le comité organisateur des Championnats du monde de hockey féminin de 2017, qui seront présentés à Plymouth, à moins de 10 kilomètres de chez elle.

De tous ces rôles, c'est celui d'entraîneuse qui semble la stimuler le plus.

«Quand j'arrive à l'aréna et que je suis derrière le banc, j'ai toujours le sourire. J'aime ça, c'est là où je me sens bien parce que je sais que j'aide des jeunes, que je fais partie de leur progression. Si je peux leur apporter quelque chose de positif, c'est satisfaisant.»

Plaisir et développement

Et tout indique que Rhéaume atteint son objectif car ses joueuses l'adorent. Leurs parents aussi.

L'un d'eux, Tim Bryant, franchit au moins trois fois par semaine la distance aller-retour de 805 km entre Traverse City et Southfield pour permettre à sa fille Sydney de porter les couleurs du Little Caesars.

«La structure du hockey féminin n'est pas très bonne à Traverse City. Mais il y a aussi le fait que Manon organise les meilleurs entraînements qui soient», précise le paternel.

«Ce que j'aime avec Manon, c'est que ce n'est pas une question de victoire à tout prix, mentionne de son côté Cassie Hall, une attaquante qui rêve aux Jeux olympiques et à une carrière au hockey universitaire. Elle veut que nous ayons du plaisir.»

Allison Ayuyu, une gardienne de buts qui dit aspirer également aux Jeux olympiques et même à la Ligue nationale de hockey, aime tellement Rhéaume qu'elle espère la voir diriger l'équipe des 14 ans et moins l'an prochain, avec laquelle elle devrait jouer.

«Elle est incroyable. Je crois que je peux beaucoup apprendre d'elle à cause de ses expériences passées, comme le fait qu'elle ait joué dans la Ligue nationale», explique Ayuyu.

Mais Allison sera probablement déçue. Pour l'instant, Rhéaume compte demeurer avec les 12 ans et moins, où elle peut se concentrer sur les éléments de base du hockey.

«Je suis nouvelle avec cette organisation, et nous voulons changer l'image du hockey en général que la victoire passe avant tout. Il faut être là pour développer les jeunes, surtout les filles car elles ne jouent pas au hockey pour se rendre dans la Ligue nationale.

«À cet âge, ce n'est pas nécessaire de leur apprendre un système ou comment jouer en avantage numérique. C'est plus important de leur enseigner comment patiner, tirer au but, passer la rondelle, et comment réagir après une défaite ou un mauvais match. Et c'est prouvé qu'après l'âge de 12 ans, il devient plus difficile de se débarrasser de mauvaises habitudes.»