Un entraîneur de Laval vient d'être poussé à la démission après avoir exigé que des enfants de 9 et 10 ans courent vêtus de leur équipement de hockey après une défaite.

L'entraînement punitif a eu lieu samedi dernier à l'aréna Guimond de Laval. Le Cobra atome AA de Laval-Nord venait de s'incliner 5-2. L'entraîneur a donc demandé aux jeunes, toujours vêtus de leur équipement, de sortir à l'extérieur et de courir autour de l'aréna pendant une vingtaine de minutes.

À l'intérieur, des parents n'étaient pas au courant de l'entraînement punitif. Ce n'est qu'au retour de leurs enfants dans l'aréna qu'ils ont compris ce qui venait de se passer.

«Depuis que mon garçon joue atome AA, il angoisse au lendemain de chaque défaite en craignant ce qui l'attend», a expliqué l'un des nombreux parents à avoir alerté La Presse à propos de cette histoire.

L'Association de hockey mineur de Laval-Nord a rencontré l'entraîneur mardi soir pour faire la lumière sur l'incident.

«Suite à la rencontre avec l'entraîneur, il a admis les faits sur le cas présent, a expliqué le vice-président de Hockey Laval-Nord, Benoit Puskas. Il a été entendu, d'un commun accord, que l'entraîneur-chef atome AA remette sa démission. Hockey Laval-Nord n'adhère pas à ces comportements qui ne véhiculent pas les valeurs que nous voulons transmettre.»

Des méthodes dépassées

Cet incident survient alors que le hockey mineur se questionne de plus en plus sur la pertinence des entraînements punitifs. Ceux-ci ont-ils leur place chez des enfants? Nuisent-ils à leur amour du hockey et même à leur développement en tant que joueurs?

Plus tôt cette saison, un entraîneur pee-wee de Lac-St-Louis a été suspendu pour la saison entière. Louis Isabella avait exigé que les jeunes hockeyeurs de 11 et 12 ans exécutent entre 150 et 300 push-up dans le vestiaire après une défaite de 7-2, le 18 septembre dernier.

«La société a évolué et les méthodes d'entraînement aussi. Il y a une époque où tu faisais ça pour envoyer un message», expliquait alors Dany Dubé, analyste de hockey et collaborateur de La Presse. «Je trouve vraiment que c'est dépassé. Je ne suis pas sûr que le coach était mal intentionné, c'est juste un mauvais moyen.»

Une professeure du département d'éducation physique de l'Université de Toronto s'est penchée dans les dernières années sur la question des entraînements punitifs. Selon Gretchen Kerr, cette méthode est dépassée et contre-productive.

«Nos conclusions démontrent que les stratégies punitives font en sorte que les jeunes perdent leur motivation, leur amour du sport, a expliqué la spécialiste en entrevue. Ces méthodes créent aussi une colère envers l'entraîneur et un sentiment d'injustice, parce qu'elles sont souvent des punitions de groupe.»

«Ce qui est intéressant, c'est que les stratégies punitives ont été abandonnées dans le milieu de l'éducation et aussi chez les parents dans les dernières décennies. Pourtant, ces méthodes restent encore utilisées dans le monde du sport», remarque Mme Kerr.

Elle note que les entraîneurs recourent à ces méthodes souvent parce qu'ils n'en connaissent pas d'autres, et qu'ils ont du mal à distinguer la différence «essentielle» entre la discipline et la punition.

«Souvent, je dis aux coachs ou aux parents: comment vous sentiriez-vous si l'enseignant de votre enfant agissait de la même manière que l'entraîneur de son équipe de sport? Si ça ne passe pas à l'école, pourquoi ça passerait à l'aréna, par exemple?»