Le jeune défenseur Mikhail Sergachev a séduit la direction du Canadien avec son jeu étincelant durant le camp de développement de l'équipe qui s'est conclu hier. Pourrait-il enfiler l'uniforme tricolore dès la saison à venir ? L'équipe ne ferme pas la porte.

« Ce n'est pas fou de dire qu'il serait capable de jouer dans la Ligue nationale en partant. S'il fait le travail qu'il doit faire, tout est possible », a dit hier le responsable du développement du Canadien, Martin Lapointe.

Sergachev, choix de première ronde du CH au dernier repêchage, avait déjà épaté la galerie plus tôt cette semaine en enfilant trois buts lors d'un match simulé. Il en a remis un autre hier, mais c'est plutôt sa prise de bec avec Michael McCarron qui a révélé un autre pan de sa personnalité, sa combativité.

McCarron est en quelque sorte le « chef » des espoirs du CH. À 21 ans, c'était l'un des doyens de ce camp. Il est toujours le plus imposant sur la glace avec ses 6 pi 6 po. Il a été repêché au premier tour, comme Sergachev. Et ses 20 matchs avec le Canadien la saison dernière lui confèrent une certaine aura.

D'autres espoirs ne voudraient rien savoir de se chamailler avec McCarron, surtout à leur premier camp. Sergachev, 18 ans, n'est pas de ceux-là.

Hier, une mise en échec robuste du Russe a semblé importuner McCarron. Les deux se sont poussés à un arrêt de jeu. McCarron bouillonnait et a semblé prononcer plusieurs mots commençant par la lettre « f ». Sergachev n'a pas reculé. Il lui a fait signe de la main de continuer à parler puis s'en est allé au banc.

« On se disait des trucs, on se donnait de petits coups de bâton et c'est tout. Il jouait trop bien alors j'ai essayé de l'énerver un peu », a dit McCarron, bon joueur, après le match.

« Je pense qu'il m'aidait en quelque sorte. Je dois passer par là, a quant à lui lancé Sergachev. C'est un bon gars. On ne faisait que se picosser. Je picosse de temps en temps sur la glace, ça m'arrive. On doit jouer à fond. C'est du hockey, ce n'est pas du soccer. Je suis défenseur, je dois être dur, jouer dur pour aider mon équipe. »

UN RUSSE VENU POUR APPRENDRE

Cette façon de tenir tête au « chef » des espoirs a été remarquée par les entraîneurs. Elle n'a certainement pas déplu à Martin Lapointe.

« Ça montre qu'il a du caractère, qu'il ne va baisser la tête devant personne, même devant un gars de 6 pi 6 po et 235 lb. C'est sa façon de jouer », a-t-il dit.

Lors d'une mêlée de presse avec les journalistes, Lapointe n'a pas tari d'éloges pour le neuvième choix au total du dernier repêchage. La dernière fois que l'équipe a pu repêcher aussi haut, c'était en 2012 avec Alex Galchenyuk (3e). La fois d'avant, en 2005, l'équipe avait sélectionné Cary Price (5e).

« Il est arrivé ici pour apprendre. Il posait des questions à tout le monde : le nutritionniste, le psychologue sportif, le préparateur physique... Il veut apprendre. Pour moi, c'est la clé. Ce sont de bons signes. »

Les espoirs ont été soumis à des tests physiques dont les résultats sont secrets. Mais Martin Lapointe a dit que Sergachev y avait aussi fait bonne impression. « Sur le vélo stationnaire, il a tout laissé, il était quasiment prêt à mourir de fatigue ! »

« Qu'est-ce que ça dit ? Ça dit qu'il veut jouer au hockey et que c'est un gars de caractère, lance Lapointe. Le Canadien dit tout le temps qu'il veut du caractère et Mikhail Sergachev a démontré qu'il en avait cette semaine. »

C'est donc à l'automne que Sergachev, qui joue avec les Spitfires de Windsor, pourra forcer la main de l'équipe et se faire une place. S'il y parvenait, ce ne serait pas banal. Les jeunes recrues qui le font sont rares. Alex Galchenyuk y était arrivé en 2012-2013. Il avait alors disputé 48 matchs avec le « grand club », juste après avoir été repêché.

Reway aura sa chance

Ils étaient deux hier à briller sur la glace au centre d'entraînement de Brossard : Mikhail Sergachev et Martin Reway. Ce dernier a un parcours bien singulier. À 21 ans, il évolue en Europe, loin de Montréal. Mais son évolution là-bas n'échappe pas au Canadien. « Il a des talents spéciaux avec la rondelle. Il est vraiment habile avec la passe avant, la passe arrière. Son sens du jeu est très élevé », a dit Martin Lapointe hier. Reway est arrivé au camp avec une « attitude impeccable », ajoute Lapointe. « Il va arriver au camp des recrues comme tout le monde et il aura une chance de montrer s'il veut jouer dans la Ligue nationale ou dans la Ligue américaine », assure-t-il. La filière européenne de développement, avec Martin Reway et Artturi Lehkonen, n'est pas un problème pour l'organisation, soutient Lapointe. « Il faut être patient. Reway et Lekhonen ont décidé de jouer en Europe les dernières années et je n'ai aucun problème avec ça. Ils jouent avec des hommes. Ils sont probablement les plus jeunes dans leur équipe. Alors le développement se fait quand même. »

Un camp un peu différent

Cette saison, le Canadien a décidé d'innover à son camp de développement. Fini, les matchs simulés à cinq contre cinq. Cette année, les parties se sont jouées à trois contre trois et quatre contre quatre. Cette innovation avait entre autres pour but « d'éviter les blessures », explique Martin Lapointe. Mais elle visait aussi à offrir un meilleur portrait des espoirs. « Je voulais aussi voir les habiletés des gars. À trois contre trois, ça ressort plus. Les gars se démarquent davantage, ils ont plus de temps pour faire des jeux, leur sens du hockey est plus apparent, dit le responsable du développement des joueurs pour le Canadien. C'est ça qu'on voulait voir. »