En septembre 2013, lors du camp des recrues du Canadien, un jeune et frêle attaquant du nom de Martin Reway avait épaté la galerie par son style explosif et ses qualités en possession de la rondelle. Il venait d'être choisi au quatrième tour du repêchage au terme d'une saison prolifique et pleine d'apprentissage sous les ordres de Benoît Groulx à Gatineau et le talent lui sortait déjà par les oreilles.

Trois ans plus tard, Reway a toujours la même physionomie. Il mesure encore 5 pi 8 po et n'a gagné qu'une livre en trois ans selon les mensurations officielles du Canadien.

C'est tout le reste qui a changé.

«J'ai trois ans de plus, dit le jeune ailier gauche. Je ne suis plus le même joueur ni la même personne. J'ai des années d'expérience chez les professionnels. À l'époque, j'étais chez les Olympiques de Gatineau. Je jouais du hockey de junior. Ça fonctionnait, mais je ne vois pas comment ça pourrait fonctionner aujourd'hui. Je vois le jeu différemment.»

La saison dernière, après la fin d'une relation tendue avec le Sparta de Prague où il déplorait sa faible utilisation, Reway a trouvé preneur à Fribourg, en Suisse. Il fut là-bas l'un des rares joueurs du circuit de la Ligue A à produire à un rythme supérieur à un point par match (21 points en 19 matchs).

«Je crois en moi-même et en mes habiletés. Je n'ai pas été surpris de mes succès parce que j'ai de grandes ambitions pour ma carrière. Si je vais quelque part, c'est pour y connaître du succès.»

«J'étais content de pouvoir afficher de tels chiffres, mais je ne pouvais pas être totalement satisfait parce que l'équipe n'a pas connu les résultats espérés. On a atteint les séries de peine et de misère et j'ai eu une commotion cérébrale juste avant la fin de la saison régulière. Ça m'a ralenti et je n'ai pas été en mesure de revenir.

«Ça m'a pris quelques semaines pour m'en remettre complètement. J'ai recommencé à m'entraîner autour du cinquième match du premier tour. Je pensais être prêt à revenir pour le dernier match, mais l'entraîneur n'a pas voulu prendre de décision en ce sens. Je n'avais pas joué depuis un bout de temps, l'équipe était en séries...»

Une étape à la fois

Malgré son bon rendement offensif dans toutes les ligues où il a joué, le Slovaque de 21 ans ne tenait pas pour acquis que le CH serait enclin à le rapatrier.

«J'ai senti que le moment était venu de venir en Amérique du Nord et d'essayer de me battre pour un poste dans la Ligue nationale, a-t-il dit. Je suis chanceux que le Canadien ait démontré de l'intérêt envers moi.

«Si j'ai un bon camp et que l'équipe remporte des matchs alors que je suis dans l'alignement, ce sera à moi de profiter de ma chance.»

«Il y a plusieurs joueurs de talent qui vont se battre pour un poste. Ce sera intéressant d'être en compétition avec eux.»

A priori il ne devrait pas y avoir de place pour lui en début de saison à Montréal. Artturi Lehkonen, Michael McCarron, Charles Hudon, Brian Flynn et Stefan Matteau sont parmi les prétendants qui ne sont pas plus certains d'avoir un poste en début de calendrier. Bref, il y a congestion.

Mais contrairement à la perception populaire, Reway n'a rien contre l'idée d'endosser l'uniforme des IceCaps de St. John's. À l'époque où il avait signé son contrat dans la Ligue tchèque, on avait fait état de la situation de ses parents et de son désir de les soutenir financièrement. Mais ce désir de passer chez les pros dès l'âge de 19 ans n'a jamais été motivé par l'idée qu'en Amérique du Nord, ce serait la LNH ou rien d'autre.

«Quand j'ai signé en Europe, je ne pouvais même pas aller jouer dans la Ligue américaine en raison de mon âge, rappelle Reway. Je ne sais pas où les gens ont entendu que je ne voulais pas aller dans la Ligue américaine, car je n'ai jamais dit ça.

«C'est sûr que je veux jouer dans la LNH, mais s'il faut passer par la Ligue américaine, je vais y aller.»