Quand le Canadien a repêché Noah Juulsen au 26e rang en 2015, plusieurs croyaient que l'équipe mettait la main sur un défenseur offensif au potentiel intrigant.

Après tout, il venait d'amasser 52 points en 68 matchs à Everett, une récolte bonne pour le troisième rang de la Ligue junior de l'Ouest (WHL) parmi les défenseurs admissibles au repêchage.

Mais voilà, quand vous jouez pour une équipe au style aussi éteignoir que celui des Silvertips d'Everett, les occasions d'amasser des points ne sont pas aussi nombreuses. C'est pourquoi Juulsen ne s'en fait pas avec sa soudaine chute de production (28 points en 63 matchs), chute qui n'est généralement pas bon signe quand elle survient à l'âge de 19 ans.

«On n'était pas une équipe qui marquait beaucoup de buts, a dit le Britanno-Colombien, après le premier entraînement du camp de développement du Canadien, à Brossard. Plusieurs de nos matchs finissaient 2-1. Je ne voulais pas trop me préoccuper des points et plutôt me développer pour devenir le joueur que je souhaite devenir.»

Les chiffres appuient les propos de Juulsen. Les Silvertips, dirigés par Kevin Constantine, ont inscrit 182 buts en 72 matchs cette saison, pour une moyenne de 2,53 buts par match. Dans tout le circuit junior canadien, seulement quatre équipes ont affiché une plus petite moyenne. Mais défensivement, les Silvertips n'ont permis que 172 buts, soit 2,39 par match. Seuls les Royals de Victoria (2,31) ont présenté une défense aussi étanche au Canada.

Le départ pour les rangs professionnels d'un autre espoir du Canadien, l'attaquant Nikita Scherbak, n'est sans doute pas étranger non plus à cette panne offensive d'Everett.

Un défenseur de deuxième duo?

En mars dernier, en entrevue à RDS.ca, Constantine y allait d'une déclaration un peu étonnante. «Je ne pense pas que quiconque voit en Noah un futur défenseur numéro un ou deux dans la Ligue nationale», avait-il affirmé.

Évidemment, si les recruteurs étaient convaincus que Juulsen allait devenir un défenseur de premier duo, le jeune homme n'aurait pas attendu au 26e rang pour être réclamé. N'empêche, rarement entend-on une prise de position aussi catégorique au sujet d'un défenseur de 19 ans (il en avait alors 18) repêché au premier tour.

Juulsen ne semblait toutefois pas s'en formaliser. «Les points, du junior à la LNH, c'est le jour et la nuit. Tu peux connaître des saisons de 50 points dans le junior, puis arriver dans la LNH et amasser moins de points.»

«C'est possible que je ne devienne pas un grand défenseur offensif, mais ça me va, tant que j'ai ma place dans l'équipe.»

Ce même réalisme revient d'ailleurs dans ses propos quand on lui mentionne son exclusion d'Équipe Canada junior, en décembre dernier. Il s'était fait retrancher à peine une semaine avant le début du Championnat du monde des moins de 20 ans.

«Ils savent quel genre de défenseur je suis, rappelle-t-il. Ils m'ont invité tout en sachant que je n'empilerais pas les points pour eux. Ils savaient que je serais un défenseur stable en arrière.»

Juulsen pourra retourner dans les rangs juniors la saison prochaine et il est un des 14 défenseurs à avoir été invités au camp de développement d'Équipe Canada junior cet été, une sorte de présélection en vue du Mondial junior. «Ça commence dans trois semaines et c'est mon plus gros objectif cette année», assure-t-il, au sujet du tournoi de fin d'année.

Le feu vert à temps

Décidément, Juulsen ne joue pas de chance!

L'an dernier, une commotion cérébrale l'avait empêché de commencer en même temps que tout le monde le camp d'entraînement du Tricolore. Cette année, c'est une fracture à la mâchoire subie au deuxième tour des séries qui l'a ralenti. Il a raté les trois derniers matchs des siens, trois défaites.

Cela dit, il a obtenu le feu vert des médecins pour participer à l'entraînement et au match simulé d'hier. Il portait toutefois une grille.