Même assis tout en haut dans les bleus, vous le voyiez aller sur la glace. Personne dans l'équipe n'avait son coup de patin, son explosion. Hors glace, on le voyait aussi aller de loin: P.K. Subban, un homme du monde, un habitué des tapis rouges et des photographes.

C'est un aspect de sa personnalité que certains partisans n'ont jamais digéré. Subban n'était pas un jeune hockeyeur terrorisé enfermé dans son bungalow de banlieue. Il vivait en ville et s'y faisait voir, du Grand Prix jusqu'à, plus récemment, un tapis rouge pour l'Hôpital de Montréal pour enfants ou un match de basket contre le rappeur Snoop Dogg. Le plaisir et la philanthropie.

Certains amateurs ne l'ont jamais accepté. Il suffisait d'aller voir sur son compte Instagram. «Concentre-toi sur le hockey, pour l'amour du bon Dieu, écrivait ainsi un badaud il y a quelques jours. Les médias sociaux ont pris le dessus sur ta carrière. C'est dommage, tu as tellement de potentiel et tu déçois les amateurs.»

Et si ce n'étaient que des fans... Certaines légendes ne se sont pas gênées pour le critiquer. Récemment, Guy Lafleur notait que selon lui, Subban aurait besoin de Ritalin. «Un gars flamboyant comme ça, dans notre temps, je pense qu'il aurait eu un coup de bâton derrière la tête! Il se serait fait replacer assez vite.»

Subban a répondu, bien sûr.

«La réalité est que nous ne sommes plus au temps de Guy [Lafleur]. Nous sommes dans le monde d'aujourd'hui. Je suis moi-même. Je ne veux pas être quelqu'un d'autre et je ne le serai jamais.»

Le hockey est un sport violemment tiraillé entre sa tradition et son présent. C'est peut-être ça, en fait, le grand malentendu du passage de Subban à Montréal, lui, un homme bien de son temps, peut-être trop pour son sport.

Parfois, les deux semblaient se réconcilier, comme lors de l'annonce, en septembre dernier, d'un engagement de 10 millions pour les enfants malades de Montréal. Tous semblaient alors d'accord sur P.K. Subban et sa valeur. Mais ça ne durait jamais très longtemps.

L'autre malentendu, c'est peut-être celui voulant que Subban soit un «gars de party», simplement parce qu'il aimait les beaux habits et les galas. En vérité, il n'était pas du genre à sortir avec les plus excités de ses coéquipiers.

«Oui, il aimait se faire voir et être au bon endroit au bon moment, explique son tailleur, Mark Patrick Chevalier, chez qui il s'est fait faire au fil des ans une centaine de complets. Mais il ne buvait pas durant la saison. Les premières années, il buvait l'été. Mais dernièrement, il avait arrêté complètement même l'été. Il prenait sa carrière énormément à coeur.»

Entre P.K. Subban et une bonne part des amateurs, le malentendu s'est installé dès ses premiers coups de patin. Peut-être que les années l'auraient enfin dissipé. Peut-être pas. On ne le saura finalement jamais.