Vingt-neuf départs. Avant le début de la saison régulière, c'était l'expérience combinée dans la LNH des deux éventuels gardiens partants en finale de la Coupe Stanley. Et les 29 départs étaient tous au dossier de Martin Jones des Sharks de San Jose.

Jones et Matt Murray, son homologue des Penguins de Pittsburgh, semblent démontrer dans ces séries éliminatoires que l'expérience n'est peut-être pas indispensable pour connaître du succès.

Ni l'un ni l'autre n'avait entrepris un match éliminatoire avant ce printemps et, pourtant, ils se sont illustrés avec leur équipe respective, surtout Jones jusqu'ici en finale.

« Je pense qu'il y a des moments où vous pouvez vous appuyer sur l'expérience et il y en a d'autres où ça fonctionne même si c'est la première fois, a confié le centre Logan Couture des Sharks. Je pense que les deux gardiens ont bien joué. »

Il est rare qu'on fasse appel à ce stade de la compétition à deux gardiens partants avec si peu d'expérience. En fait, les deux sont devenus partants dans la LNH pour la première fois.

Le plus récent cas semblable est survenu en 2010 lorsque Antti Niemi et Michael Leighton se sont affrontés en finale. Les deux ont vécu une expérience douloureuse, surtout Leighton qui a dû céder sa place deux fois lors de l'élimination en six matchs face aux Blackhawks de Chicago.

Cam Ward est vraiment le dernier gardien à avoir tiré son épingle du jeu en finale avec si peu de matchs d'expérience dans la LNH. Il a aidé les Hurricanes de la Caroline à gagner la Coupe à sa saison recrue en 2006.

« Je pense que parfois aucune expérience vaut mieux qu'une certaine expérience, a déclaré le gardien substitut des Sharks, James Reimer. Vous ne craignez pas l'échec. C'est comme votre première saison. Il n'y a pas d'attentes. »

La qualité de l'équipe peut, aussi, compenser pour l'inexpérience d'un gardien.

« Si Murray jouait pour une équipe ne comptant pas autant de joueurs de talent que les Penguins, l'expérience jouerait un plus grand rôle car il y aurait plus de risques d'échec, a poursuivi Reimer. Plus vous avez de l'expérience et mieux vous pouvez faire face à l'échec. »

Gardien non repêché originaire de North Vancouver, Jones a gardé son équipe dans le coup malgré un modeste effort de son équipe lors des deux premiers matchs de la finale, et il a presque été imbattable lors d'un barrage de 42 tirs lors du troisième.

L'athlète de 26 ans a fait face à 39 tirs de plus que Murray jusqu'ici en finale et il a haussé son taux d'arrêts à 93,8 pour cent.

« Il a été tellement bon, a noté Couture avant le quatrième match. Doug [Wilson] a fait un bon coup en allant le chercher car il a été incroyable. »

Wilson, le directeur-général des Sharks, a cédé un choix de première ronde et un espoir aux Bruins de Boston pour obtenir Jones et il lui a rapidement offert un contrat de trois ans.

C'était un pari, puisque Jones avait seulement agi comme substitut à Jonathan Quick à Los Angeles, mais il s'est révélé payant.

« Vous ne savez jamais comment un gars va composer avec le fait de jouer à tous les soirs jusqu'à ce que l'on le lance dans la mêlée, a déclaré l'entraîneur Sharks, Pete DeBoer. C'était une question à un million de dollars. »

Jones a égalé Quick avec un taux d'arrêts de 91,8 % à sa première saison comme partant et il est de 92,2 % en séries éliminatoires.

DeBoer a appris à connaître Jones au Championnat du monde 2015, où DeBoer a servi comme entraîneur-adjoint au sein de l'équipe canadienne. Même si Jones a peu joué pendant le tournoi, DeBoer a été impressionné par son état d'esprit et son sang-froid à l'entraînement, deux éléments qu'il a révélés pendant les séries éliminatoires.

Il a ensuite vu comment Jones réagissait en début de saison quand les Sharks ont connu des difficultés, sa façon dont il était capable de rebondir après une mauvaise soirée.

« Ça ne le dérangeait pas, a dit DeBoer. Je pense que c'est à ce moment que avons commencé à voir ce qu'il était capable de faire. »