Marc Bergevin et ses joueurs s'adresseront aux médias, lundi, afin de dresser le bilan d'une saison plus que décevante. Quels seront les dossiers sur lesquels devra plancher le directeur-général, quelles leçons tireront les joueurs de cette annus horribilis, mais aussi, qu'est-ce qui attend les jeunes de l'organisation ? Toutes ces réponses - et bien plus -, dans quelques heures...

Le Tricolore a démontré à quel point il était vulnérable sans Price, et Bergevin se doit d'y remédier. Voici six chantiers auxquels il devra s'attarder.

LE LEADERSHIP DERRIÈRE LE BANC

Selon toute vraisemblance, Michel Therrien sera de retour avec l'équipe la saison prochaine - et ce, même s'il n'a pas été en mesure de se positionner comme un vecteur d'espoir dans les moments difficiles ou encore d'implanter des mécanismes qui auraient pu atténuer la perte de Carey Price. Mais peut-être est-ce seulement parce que Price avait masqué des lacunes du jeu défensif du Canadien, qui ont finalement été révélées au grand jour ? Si tel est le cas, ce n'est pas seulement les tactiques de Therrien, mais l'évaluation de toute l'organisation qui est en cause.

On ne serait guère surpris que certains adjoints de Therrien (Daniel Lacroix ? Clément Jodoin ?) ne soient pas de retour la saison prochaine. L'entraîneur y gagnerait à s'entourer d'un adjoint issu d'un milieu différent qui pourrait tempérer son style parfois abrasif et améliorer la communication avec les joueurs. Bref, trouver un nouveau Gerard Gallant.

Autour de Marc Bergevin lui-même, il risque d'y avoir des changements, surtout si, comme le veut la rumeur, l'adjoint au DG Scott Mellanby part prendre les commandes des Black Knights de Las Vegas.

LE LEADERSHIP DANS LE VESTIAIRE

Carey Price est non seulement un joueur d'impact sur la patinoire, mais sa présence à la fois calmante et imposante dans le vestiaire est un ingrédient vital au succès du Tricolore. On l'a constaté en son absence, alors que Max Pacioretty, fraîchement nommé capitaine, a manqué d'alliés de cette stature pour soutenir son leadership. Tom Gilbert a évoqué dans nos pages un manque de maturité, alors que Brendan Gallagher, sur les ondes de Sportsnet, a dit que l'équipe n'avait pas été « assez professionnelle ».

On devine tout l'impact positif qu'aurait eu Justin Williams, un vétéran plusieurs fois gagnant de la Coupe Stanley que le Canadien convoitait l'été dernier, s'il avait pu ajouter sa voix dans le vestiaire. Alors que le Tricolore a encore des brèches à colmater parmi ses six premiers attaquants, il serait pertinent qu'on garde ce critère-là en tête. Sur le marché des joueurs autonomes, des noms comme David Backes, Andrew Ladd et Troy Brouwer paraissent pertinents.

LE CAS DE SUBBAN

Les rumeurs, les petits détails de tous les jours, les commentaires prononcés dans les médias : la preuve s'est accumulée au fil des ans pour démontrer le malaise lié à la présence de P.K. Subban dans le vestiaire.

Mais une bonne dose de froide logique est de mise dans ce dossier. Si le Canadien n'est pas exactement une puissance offensive, Subban en demeure son principal catalyseur. Et en dépit de certaines erreurs qui sautent aux yeux, diverses statistiques avancées démontrent que Subban est largement sous-estimé dans son territoire. Autrement dit : il fait partie des joueurs qui font gagner le Canadien.

Si Marc Bergevin cédait à la tentation de l'échanger sous prétexte que ses entraîneurs et certains coéquipiers ont de la difficulté avec sa personnalité, il commettrait une grave erreur. Une erreur semblable à celle qui avait sorti Chris Chelios de Montréal il y a plusieurs années. Ça laisserait un trou immense à la ligne bleue que le CH ne parviendrait probablement pas à combler.

Une formation doit garder les joueurs qui la font gagner et se départir de ceux qui sont remplaçables. S'il y a des irritants en cours de route, il en revient aux entraîneurs et au groupe de leaders de les régler. C'est ce qu'ont fait Patrick Kane et les Blackhawks de Chicago

Mais attention : Subban est censé être lui-même un leader du Tricolore. C'est également à lui d'apporter sa contribution pour atténuer les différends.

COUPER LES PONTS AVEC CERTAINS

Marc Bergevin devra déterminer s'il garde intact le noyau dur de son équipe - Price, Subban, Pacioretty, Galchenyuk, Gallagher, Plekanec Markov et Petry. S'il cherche à le bonifier plutôt qu'à le changer, il n'aura pas le choix de libérer de l'argent sous le plafond salarial afin d'ajouter des joueurs de talent.

Cet exercice vise avant tout trois joueurs dont les salaires sont significatifs, mais qui sont plus facilement remplaçables dans la formation : les attaquants Lars Eller et David Desharnais de même que le défenseur Alexei Emelin.

Eller a encore deux saisons à écouler à son contrat. Le Danois peine à trouver la place qu'il lui sied dans la formation et, encore cette année, il ne s'est pas avéré plus grand que la somme de ses parties.

L'absence de Desharnais ne s'est pas vraiment fait ressentir pendant qu'il était blessé. Ça ne l'aide pas. En revanche, il a connu de bons matchs aux côtés de Phillip Danault et Sven Andrighetto en fin de saison. Avec une seule année à son contrat, ça pourrait devenir plus facile de trouver preneur pour cet excellent passeur.

Quant à Emelin, l'émergence de Greg Pateryn ne le rend plus indispensable. À la signature de son plus récent contrat, on lui avait consenti une clause de non-échange complète pour les deux premières années de l'entente. Pour les deux dernières, il devra soumettre une liste de 10 villes où il ne veut pas être échangé.

LE DÉVELOPPEMENT DES JEUNES

Les joueurs d'impact développés par l'organisation depuis 2010 sont rares. Il y a bien eu Gallagher, repêché cette année-là, qui a passé en 2012 une demi-saison sous la férule du nouvel entraîneur-chef Sylvain Lefebvre dans la Ligue américaine avant d'être promu avec le Canadien. Puis il y a eu Alex Galchenyuk, repêché au 3e rang en 2012. Mais pour le reste, la récolte est bien mince. Le développement de Nathan Beaulieu est lent, celui de Jarred Tinordi a été un fiasco et Jacob De La Rose - qui enthousiasmait jadis Marc Bergevin - fait du surplace.

Qu'il s'appelle Bulldogs ou IceCaps, le club-école du Canadien a raté les séries quatre ans de suite dans la Ligue américaine. Est-ce que ça va finalement convaincre Bergevin de remplacer Lefebvre ?

Les joueurs d'impact écoulant leur premier contrat professionnel ont une valeur inestimable dans le hockey d'aujourd'hui, mais le Tricolore n'en avait aucun cette année. Et à moyen terme, combien d'attaquants du top 6 et de défenseurs du top 4 peut-on espérer voir émerger des ligues mineures ?

DU RENFORT À L'AILE

L'embauche d'Alexander Semin a été un coup d'épée dans l'eau et, neuf mois plus tard, le Canadien manque toujours d'attaquants dignes des deux premiers trios. Du côté des jeunes, Daniel Carr a démontré qu'il pouvait être un ailier productif, mais ce ne sera pas de bon augure s'il est l'un des six meilleurs attaquants du CH l'an prochain. La solution passera soit par un miracle du repêchage (qu'il s'appelle Matthews, Laine ou Puljujarvi), soit par une transaction, ou alors par le marché des joueurs autonomes.

Marc Bergevin a souvent répété son credo défensif, mais le temps est venu d'ajouter à son arsenal en attaque, de préférence à l'aile droite. Saura-t-il frapper un grand coup ? Jusqu'à maintenant, le DG a excellé à dénicher des joueurs de soutien, mais sa feuille de route est moins garnie du côté des joueurs de premier plan.