C'est rare - et pratiquement impensable pour les amateurs de hockey -, mais aucun club canadien ne participera aux séries éliminatoires de la Coupe Stanley.

Les Sénateurs d'Ottawa représentaient le dernier espoir canadien et ils ont été éliminés mercredi soir, en dépit d'une victoire de 2-1 contre les Jets de Winnipeg. La victoire de 2-1 des Flyers de Philadelphie en tirs de barrage contre les Capitals de Washington a mathématiquement éliminé les Sens.

Le Canadien, les Jets, les Maple Leafs de Toronto, les Flames de Calgary, les Oilers d'Edmonton et les Canucks de Vancouver étaient déjà écartés du portrait éliminatoire, et ils devront assister à la lutte entre 16 clubs américains pour l'obtention du précieux trophée.

Mais ça fait longtemps qu'on voyait venir ce résultat. Les Leafs, les Oilers, les Flames et les Jets ont tous raté les séries éliminatoires plus souvent qu'à leur tour au cours des dernières campagnes.

En 2014, le Tricolore était le seul club canadien en séries d'après-saison. En 2011 et 2012, ils n'étaient que deux.

Ça coûtera des millions de dollars aux clubs en pertes de revenus tirés des concessions et de la vente des billets. Les bars, les restaurants et les magasins spécialisés dans les articles dérivés perdront eux aussi au change à cause de l'absence de cette fameuse «fièvre des séries».

Malgré tout, ce n'est que la deuxième fois de l'histoire de la LNH qu'un tel phénomène se produit. La dernière fois, c'était en 1970, alors que les Maple Leafs avaient terminé sixièmes et derniers de leur section et que le Canadien avait abouti tout juste au-dessus, au cinquième échelon.

Yvan Cournoyer se souvient encore de cette saison-là, et il n'a jamais pardonné aux Red Wings pour le geste qu'ils avaient posé.

C'était en 1969-70, lorsque le double champion en titre de la Coupe Stanley, le Canadien, avait raté les séries éliminatoires pour la première fois en 22 ans à cause d'un geste - délibéré, selon Cournoyer - des Red Wings.

«Nous ne les aimions pas tellement, a convenu Cournoyer cette semaine. S'il n'y avait pas eu d'entente entre les Red Wings et les Rangers, nous aurions participé aux séries éliminatoires.»

Le Tricolore avait été écarté par les Rangers de New York en vertu du premier bris d'égalité - les buts marqués - à l'occasion de la dernière journée du calendrier régulier.

À cette époque, la ligue ne comptait que 12 clubs - les «six originaux» dans une section et les six autres provenant de l'expansion de 1967 dans l'autre. Les quatre premiers clubs de chaque section participaient aux séries éliminatoires.

Le CH a perdu son avant-dernier match, ouvrant la porte aux Rangers pour les rejoindre au quatrième rang. Les Red Wings, qui avaient passablement célébré après s'être assurés de participer au tournoi printanier, avaient choisi d'offrir une journée de repos à leurs principaux joueurs lors du dernier match de la campagne, qui a été gagné 9-5 par les Rangers.

Ç'a permis aux Rangers de rattraper le Canadien aux chapitres des points de classement et des victoires, en plus de leur offrir l'avantage du premier bris d'égalité.

Lors du dernier match, le Tricolore tirait de l'arrière 5-2 contre les Blackhawks de Chicago. L'entraîneur-chef Claude Ruel a retiré son gardien, Rogatien Vachon, alors qu'il restait neuf minutes au match dans l'espoir de marquer davantage de buts, mais sa décision a provoqué l'effet inverse et les Montréalais ont perdu 10-2. Les Rangers ont accédé aux séries éliminatoires, deux points devant le CH.

Cournoyer croit que les Red Wings et les Rangers étaient de mèche afin d'écarter le Canadien du portrait.

«On respecte les autres équipes, a-t-il évoqué. Nous n'aurions jamais fait ça.

«C'est contre nos principes. Je crois qu'ils ont appris après ça que nous n'étions pas très heureux de la situation. Ils n'ont plus gagner beaucoup de matchs contre nous après ça.

«Nous avions l'équipe pour gagner la coupe. Certains de nos joueurs étaient blessés et nous avions disputé de mauvais matchs, mais c'est différent lorsque tu accèdes aux séries éliminatoires.»