Mike Condon, qui a été choisi par la presse écrite de Montréal comme candidat du Canadien au trophée Bill-Masterton, avait déjà relevé tout un défi en raflant le poste à Dustin Tokarski au camp d'entraînement. Mais c'est de se retrouver gardien titulaire du Tricolore en raison de la blessure à Carey Price qui a vraiment mis sa persévérance à l'épreuve.

«Il a déjà joué 50 matchs, ce n'était pas le plan en début de saison, a convenu Michel Therrien. On pensait plus qu'il en jouerait une quinzaine environ. Il ne faut pas oublier qu'il y a deux ans, il sortait de l'université et jouait dans la ECHL.

«C'est un jeune homme très attentionné et très discipliné avec une belle éthique de travail. Tu vois qu'il a une éducation exemplaire. C'est malheureux qu'on n'ait pas été en situation d'aller chercher des victoires, mais ce jeune-là va grandir de cette expérience.»

L'expérience est rentrée à fond de train au mois de décembre, après que Price est tombé au combat pour la seconde fois.

Le Canadien a présenté une fiche de 3-11 durant ce mois-là. À l'époque, l'inexpérience de Condon et Tokarski avait été mise en cause par l'entraîneur-chef, entre autres au terme d'une défaite contre les Predators de Nashville. «C'est difficile», nous avait répondu Therrien lorsqu'on lui avait demandé si les joueurs arrivaient à jouer en ayant pleinement confiance en ces deux gardiens.

Condon s'est graduellement replacé par la suite. Maintenant que le rideau s'apprête à tomber sur cette saison, ce baptême par le feu lui a fait gagner le respect de ses coéquipiers.

«Personne ne l'a blâmé dans le vestiaire, et j'espère qu'il a senti le soutien de tout le monde, a confié Lars Eller. C'étaient de grosses bouchées à prendre. Je suis sûr qu'il y a des matchs où il aurait voulu mieux faire, mais il y en a encore davantage où il a mieux fait qu'on aurait pu s'y attendre.

«Il a maintenant dans son sac une expérience qui lui sera précieuse pour le reste de sa carrière.»

Étrange dérèglement en décembre

Le mois de décembre a été un moment charnière de la saison du Tricolore. L'équipe a perdu Price, Jeff Petry s'est blessé pour la première fois, le jeu d'Andrei Markov a déraillé, et Marc Bergevin s'est contenté d'aller chercher Ben Scrivens pour soutenir le travail de Condon.

«Les meilleures équipes sont celles où tout le monde sait ce que fait le gars à côté de lui, a soutenu Lars Eller. C'est ce qu'on avait jusqu'à ce qu'on arrive au mois de décembre. Mais à quelque part, on a perdu cela... avant même que n'arrivent toutes les blessures.»

L'attaquant danois assure qu'il n'y a pas eu de grand changement tactique après la perte de Price. C'est l'exécution, après une frustrante séquence de défaites en décembre, qui a fini par prendre le bord.

«L'an dernier, il y a eu tellement de matchs où l'on avait été dominés au chapitre des tirs et des chances de marquer que l'on avait trouvé le moyen de remporter, a rappelé Eller. Au mois de décembre, cette saison, on dominait en possession de rondelle, on obtenait plus de tirs que l'adversaire, mais on ne trouvait pas de façon de gagner. Il y a plusieurs matchs - Chicago à domicile, Los Angeles à domicile, à Nashville, contre Washington à la maison... - où l'on avait été meilleurs que l'autre équipe mais où le résultat final n'a pas été de notre côté. C'était étrange parce qu'on faisait ce qu'il fallait. Ç'a été ce genre de saison pour nous.»

Faire face à l'adversité

C'est entre autres durant cette descente aux enfers que le Tricolore a constaté sa difficulté à rester uni et à pousser dans la même direction. Du moins si l'on se fie aux propos de Tom Gilbert rapportés hier dans La Presse+.

À ce sujet, des vétérans comme Eller, Tomas Plekanec et David Desharnais ont préféré reporter au bilan de fin de saison leur point de vue par rapport au niveau de maturité affiché par le groupe.

Quant au capitaine Max Pacioretty, il a très brièvement abordé la question, ayant à peine eu le temps d'être mis au fait de l'article et d'en avoir glissé un mot à Gilbert avant de se présenter devant les journalistes.

«Parfois, nos propos sortent différemment que ce qu'on voudrait, a plaidé Pacioretty. Mais nous sommes tous imputables dans ce vestiaire. On se regarde tous dans le miroir et on sait qu'on doit être meilleurs - d'abord sur la glace, mais aussi dans notre façon de gérer l'adversité à laquelle on a fait face.»