Pendant que Joey Saputo déplore l'intérêt tiède des Montréalais pour le début de saison de l'Impact, le Canadien, lui, se dit heureux de pouvoir compter sur l'appui indéfectible de ses partisans en des temps difficiles.

«Tout au long de cette séquence, ils nous ont beaucoup soutenus, affirme le capitaine Max Pacioretty, pour qui les amateurs représentent la plus grosse motivation d'ici la fin de la saison. Nous avons travaillé très fort à tous les matchs au Centre Bell et ils l'ont reconnu. Ils ont compris que ç'a été une saison difficile pour nous, souvent en raison de facteurs indépendants de notre volonté. On veut garder ce soutien qu'on a à domicile.»

La réalité est peut-être différente sur les médias sociaux où, peu importe le sujet, les jugements sans appel sont rapides. Mais au Centre Bell comme tel, quelque chose de palpable s'est produit depuis l'arrivée de Marc Bergevin et Michel Therrien dans l'organisation du Canadien. À compter de 2013, en complète rupture avec ce qu'on observait sous les administrations Gainey et Gauthier, les huées ont beaucoup baissé à domicile.

À une époque pas si lointaine, un avantage numérique qui se cherchait un soir donné provoquait vite l'impatience des partisans. Et combien de fois, au terme d'une période où le Canadien avait été dominé, était-il retourné au vestiaire sous le chahut?

Cette année, malgré une saison pénible, le Tricolore a la plupart du temps été épargné par les partisans venus le voir jouer.

«Je ne voudrais pas attirer le mauvais sort!», a lancé Pacioretty quand on a évoqué cette clémence des amateurs.

«Il y a eu ce match en Arizona où l'on s'est vraiment dégonflés, mais je mets les gens au défi d'identifier beaucoup d'autres matchs où l'on n'a pas travaillé fort.» 

«Les fans ici connaissent le hockey et ils savent qu'on ne perd pas un match 3-2 si l'on a abdiqué aussitôt qu'on a attaché nos patins.»

«Les choses ont changé au sein de l'équipe depuis le changement d'administration, poursuit Pacioretty. Dans le vestiaire, l'état d'esprit et l'identité de l'équipe ne sont plus les mêmes. Ça s'est peut-être transposé à la ville et aux amateurs... On avait eu du succès au cours des saisons précédentes et on a bataillé très fort cette année. On a bien commencé la campagne et la suite, c'est vrai, n'a pas juste été le fruit des blessés; il y a eu des effondrements dans certaines parties de notre jeu et ça a changé le cours de notre saison.

«Mais on a fait un pacte au sein de l'équipe qu'on n'allait jamais baisser les bras et qu'on continuerait de veiller l'un sur l'autre.»

Heureux chez soi

Michel Therrien est allé dans le même sens que son capitaine en invoquant les résultats du Canadien à domicile, où il a été à même de garder de son bord «les meilleurs supporters de la ligue».

«Le dernier match était notre première défaite [NDLR, en temps réglementaire] à nos neuf derniers matchs disputés ici», a rappelé l'entraîneur-chef.

Le Canadien a été en mesure d'afficher un dossier de 19-12-3 à domicile jusqu'à maintenant même si, durant la fameuse glissade de décembre et janvier, il n'a remporté qu'une seule victoire en neuf rencontres à domicile. Cette léthargie s'était amorcée le 3 décembre lors de la visite des Capitals de Washington, le match considéré comme le point zéro de la débandade...

Avant les matchs d'hier, le CH occupait par contre le 25e rang de la ligue pour les performances à l'étranger (13-19-3). C'est là, et particulièrement dans les amphithéâtres de l'Association de l'Ouest (1-11-2), que le Canadien a gâché sa saison.

«Les gens comprennent notre situation même si c'est frustrant pour tout le monde. On fait jouer beaucoup de jeunes, mais on veut établir une structure et on veut un effort constant de leur part», a expliqué Therrien.

Cette «situation», c'est le fait que plus de la moitié de sa formation, ce soir encore, sera composée de joueurs qui n'étaient pas de l'alignement en ouverture de saison.

Faut-il se surprendre qu'il y ait eu 31 joueurs sur la photo officielle prise hier matin?!

«C'est fou, reconnaît Nathan Beaulieu, l'un des neuf blessés à l'heure actuelle. Sur la photo, je crois que tous les joueurs dans la rangée du haut étaient à St. John's à un moment ou l'autre cette saison! Depuis la blessure de [P.K.] Subban, on a dans l'alignement deux défenseurs qui ont commencé la saison en uniforme [Markov et Emelin].

«Je n'ai jamais rien vu comme ça auparavant.»

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Le capitaine Max Pacioretty a dit que ses coéquipiers et lui n’allaient jamais baisser les bras.