Une semaine seulement après le jugement historique qui accordait 8 millions à un Montréalais tétraplégique, un coup par-derrière a failli faire basculer la vie d'un autre jeune hockeyeur, mercredi.

Ce soir-là, à Dollard-des-Ormeaux, un match opposait les Lions du Lac St-Louis aux Gaulois du Collège Antoine-Girouard. Seulement 45 secondes après le début du match, le joueur des Lions James Orr a subi une mise en échec par-derrière.

«C'est arrivé sur la ligne bleue adverse, dans notre angle mort, raconte l'entraîneur adjoint des Lions, Gerry Gomez. On ne l'a pas vu, mais on l'a entendu et juste au bruit, on savait que c'était gros.»

Le joueur de 16 ans, espoir des Cataractes de Shawinigan, a été évacué de la patinoire en civière. Il a été conduit à l'hôpital. Le match a été suspendu. Les coéquipiers d'Orr sont rentrés chez eux en espérant que le pire n'allait pas se confirmer pour leur ami.

Finalement, Orr aurait subi une fracture de la première vertèbre, selon la Ligue de hockey midget AAA du Québec. Le jeune ne devrait donc pas garder de séquelle de sa blessure.

«Il est correct. Il est sorti de l'hôpital. Il va devoir porter un collier cervical pour 6 à 8 semaines. Il a des chances de revenir aussi fort après ça», a déclaré Georges Marien, directeur de la Ligue midget AAA.

Le coup asséné par le joueur des Gaulois était «clairement» un coup par-derrière, ajoute M. Marien. Depuis quelques années, cette ligue, qui regroupe les meilleurs joueurs de 15 à 17 ans au Québec, filme systématiquement ses matchs. Le coup qui a terrassé James Orr a donc été enregistré. Georges Marien l'a vu.

Pour son geste, le joueur fautif a reçu une punition de match avec trois parties de suspension à la clé. Il doit maintenant comparaître devant le comité de discipline de la ligue.

«Je vais être honnête: hier, on a eu peur. Il ne faut pas se le cacher. On aime le hockey parce que c'est beau, c'est vite, lance Marien. Mais on n'aime pas le hockey pour ces blessures.»

Une offensive à la rentrée

La Ligue de hockey midget AAA va lancer à la rentrée une offensive contre les coups par-derrière et les coups à la tête. Une équipe itinérante va rencontrer tous les joueurs de la ligue pour leur rappeler, extraits vidéo à l'appui, quels gestes ils doivent absolument éviter.

Dans les dernières années, les coups par-derrière ont diminué dans la ligue. «Il y a 10 ans, c'était un fléau», note M. Marien. Les coups à la tête, eux, augmentent toujours.

«Les coups à la tête, on ne parvient pas en ce moment à les diminuer. On doit s'asseoir pour s'assurer que le hockey soit un sport sécuritaire qui se joue comme il doit se jouer.»

Plusieurs intervenants du hockey notent que le sport est plus rapide que jamais. Certains prônent même un retour partiel de l'accrochage.

«La fin de l'accrochage a changé entièrement l'approche au porteur, note Gerry Gomez, des Lions. Peut-être que si on permettait de mettre les bras autour du joueur adverse, comme une prise de l'ours, alors on réduirait les impacts violents. Ce sont des questions qui méritent d'être posées.»