Les salles combles du Centre Bell ont eu l'air moins combles au cours des derniers matchs. Mais il y aura un intérêt accru, aujourd'hui, avec la toute première visite à Montréal du jeune phénomène Connor McDavid.

Certes, la prochaine grande vedette de la LNH a déjà foulé la glace du Centre Bell, mais c'était dans le cadre du Mondial junior l'an dernier. Un contexte différent. McDavid se souvient aussi avoir assisté à un match des séries entre le Tricolore et les Bruins de Boston, il y a quelques années. Juché au dernier balcon, parmi les amateurs, loin de l'action.

Maintenant, c'est à son tour d'être le point de mire.

Revenu au jeu mardi après avoir raté 37 matchs en raison d'une fracture de la clavicule, celui qui fait sensation à 19 ans a repris où il avait laissé : cinq points en deux matchs.

Avec encore 30 rencontres à disputer, il n'est pas impossible que McDavid s'impose à nouveau comme favori pour l'obtention du trophée Calder. 

Mais, plus important encore, son impact chez les Oilers d'Edmonton est vérifiable.

« Il veut dire beaucoup pour nous, et ce, depuis le jour de son repêchage, a indiqué l'entraîneur-chef Todd McLellan. Il a suscité beaucoup d'excitation au sein de l'équipe et a fait en sorte que les joueurs voulaient être parties prenantes de l'organisation des Oilers. Il a été un catalyseur sur la glace dès ses premiers matchs et son retour après une longue absence a ensuite électrisé notre club. Il représente à lui seul une différence de près d'un but par match. On a joué tellement de matchs serrés que c'est important que cette différence soit en notre faveur. »

L'impact de McDavid se fait également sentir en supériorité numérique. Dans les matchs auxquels il a pris part, l'attaque à cinq des Oilers a eu un rendement de 29,4 %. Lorsqu'il a dû s'absenter, elle a plongé à 14 %.

LE DÉBUT DE LEUR ÉMERGENCE ?

Depuis son retour, McDavid patine au centre de Benoit Pouliot et Jordan Eberle, ce qui constitue (pour l'instant) le deuxième trio des Oilers. Le premier est composé de Taylor Hall, Leon Draisaitl et Teddy Purcell.

À voir la façon dont les Oilers ont malmené les Sénateurs d'Ottawa jeudi soir - et les Blue Jackets de Columbus deux soirs plus tôt -, il est tentant de croire que cette fameuse superpuissance en gestation est finalement en train d'éclore.

Draisaitl et McDavid se sont à peine croisés depuis le début de la campagne, le jeune Allemand ayant été rappelé le 29 octobre, cinq jours avant que McDavid ne se blesse. Mais lors des cinq rencontres qu'ils ont disputées en même temps, les Oilers ont marqué pas moins de 24 buts !

Ceux-ci ont encore du chemin à faire, entre autres sur le plan défensif, et ne pensent pas encore aux séries éliminatoires. Mais quand on pense à l'arsenal qu'ils déploient, et au fait que le centre Ryan Nugent-Hopkins et le défenseur Oscar Klefbom sont toujours sur la touche, on peut se mettre à rêver à ce que donnera cette formation lorsque tout le monde sera en santé.

« Nous sommes encore en 28e place, rappelle toutefois Taylor Hall. Je ne vois pas encore la lumière au bout du tunnel, mais on voit de très bons signes. »

UN RYTHME D'ENFER

On parle de McDavid comme du « prochain », comme d'un talent qui marque sa génération, comparable à Alex Ovechkin et Sidney Crosby. C'est d'ailleurs ce que suggère sa production en seulement 15 matchs dans la LNH. Sa moyenne de 1,13 point par partie est la troisième meilleure des 20 dernières années, après Ovechkin (1,31) et Crosby (1,26).

Et ce n'est que le début. L'aisance qu'il a eue à revenir au jeu après trois mois d'absence fascine un peu tout le monde, à commencer par Taylor Hall, qui a lui-même connu des absences de longue durée depuis son arrivée dans la ligue en 2010.

« C'est sûr que c'est ardu de retrouver son synchronisme après tout ce temps, mais lui n'a pas l'air d'avoir été trop embêté, souligne l'ailier gauche qui a accueilli McDavid chez lui en début de saison.

On dit souvent que le jeu de la LNH s'accélère en deuxième moitié de saison et gagne en intensité à mesure que la fin approche. En ce sens, reprendre le collier au début de février ne rendait-il pas le défi plus grand encore ?

« Je suis revenu à un bon moment parce que, tout de suite après la pause du match des Étoiles, tout le monde ressent une certaine accalmie, et c'est tout à fait normal, a proposé McDavid. Mon rythme va s'élever en même temps que celui des autres joueurs. »

Pensez-y. Cinq points en deux matchs après trois mois sur la touche. Et déjà un joueur d'élite après 15 rencontres dans la ligue.

« Il va seulement s'améliorer... ce qui est un peu épeurant », a admis son compagnon de trio Jordan Eberle.