L'ancien joueur du Canadien Dickie Moore est décédé samedi à l'âge de 84 ans.

Son style de jeu sans retenue lui a valu le surnom de Digging Dickie (Dickie, l'entêté).

Moore a combattu jusqu'à sa mort. Sur la patinoire, il a été un exemple de dévouement et de détermination. Comme homme d'affaires, il a bâti une entreprise prospère, Location Dickie Moore Rentals, spécialisée dans la location et la vente d'équipements et d'outils de construction.

L'ailier gauche, né le 6 janvier 1931 à Montréal, a gagné la Coupe Stanley en six occasions, chaque fois dans l'uniforme du Canadien. Il est l'un des 12 joueurs à l'avoir remportée cinq années de suite, de 1956 à 1960, les autres étant Maurice et Henri Richard, Jacques Plante, Doug Harvey, Bob Turner, Tom Johnson, Jean-Guy Talbot, Jean Béliveau, Bernard Geoffrion, Don Marshall et Claude Provost. L'entraîneur Hector Toe Blake et le directeur général Frank Selke ont aussi contribué aux cinq conquêtes d'affilée.

L'épanouissement de Moore a coïncidé avec la venue de Blake, qui a succédé à Dick Irvin derrière le banc en 1955-1956. Cinquante-quatre plus tard, lors de la célébration du centenaire du Canadien au Centre Bell, en 2009, Moore a encore louangé Blake. « Il est le plus grand entraîneur de l'histoire du hockey, a dit Moore. Je lui dois beaucoup. Il m'a aidé dans les moments difficiles. Il traitait ses joueurs comme il aurait voulu être traité lui-même. Je me souviens de son premier discours. Il avait dit qu'il ne pouvait pas nous enseigner le jeu. Il voulait seulement qu'on joue à la hauteur de notre talent. »

Bon marqueur, Moore abattait aussi les tâches ingrates, comme récupérer la rondelle dans les coins, la remettre à ses coéquipiers et contrer l'adversaire.

Il a payé le prix de son acharnement. Il a subi plusieurs opérations aux genoux et des fractures. Il a été sacré champion compteur de la Ligue nationale en 1957-1958 en disputant le dernier mois de la saison avec un plâtre à un poignet!

« J'étais le premier compteur de la ligue et Henri était deuxième lorsque je me suis blessé, a rappelé Moore à Ronald King, de La Presse, en février 2004. On a tenu un meeting, Toe Blake, Maurice, Henri et moi. Je leur ai dit que j'abandonnais et qu'il fallait que Henri gagne le championnat. Les frères Richard ont répondu: ''Pas question, tu restes avec nous jusqu'à la fin''. Ça reste un de mes plus beaux souvenirs. »

Moore a totalisé 84 points, quatre de mieux que Henri Richard. Andy Bathgate, des Rangers de New York, et Gordie Howe, des Red Wings de Detroit, ont terminé respectivement troisième et quatrième grâce à 78 et 77 points. En 1958-1959, Moore a conservé le trophée Art-Ross en amassant 96 points, un record de la ligue battu par Bobby Hull, des Blackhawks de Chicago, en 1965-1966.

Des malaises aux genoux l'ont forcé à prendre sa retraite en 1963. Il s'est laissé tenter par un retour au jeu, en demi-teinte, en 1964 avec les Maple Leafs de Toronto, son équipe préférée dans sa jeunesse, puis un autre en 1967 avec les Blues de St. Louis. Il a accepté l'offre des Blues « pour l'argent, certes, mais aussi parce que je voulais faire oublier mon piètre rendement avec les Leafs », a-t-il déclaré à La Presse en 1988.

Il a réussi 14 points en 17 matchs éliminatoires en 1968, les Blues s'inclinant en finale contre... le Canadien.

Moore a été intronisé au Temple de la renommée de la LNH en 1974 et le Canadien a retiré son numéro, le 12, en même temps qu'Yvan Cournoyer, le 12 novembre 2005. Chaque fois, Moore a démontré son esprit d'équipe. « J'aimerais que tous ceux qui ont joué avec nous durant ces années-là soient admis au Temple, mais certains ont plus de chance que d'autres », a-t-il affirmé. « Je n'ai jamais pensé me retrouver avec les grands de l'histoire du Canadien, des gars comme Doug [Harvey], Jean [Béliveau], Maurice [Richard], Henri [Richard] et Jacques [Plante] », a dit Moore après que son chandail eut été hissé au plafond du Centre Bell.

Moore a aussi affiché sa ténacité dans le malheur. Il a été blessé sérieusement dans un accident de la route à Vaudreuil-Dorion, en 2006, à 75 ans: fractures multiples au cou et au bas du dos, fractures de sept côtes, saignements internes. Pourtant, il a pu quitter l'unité des soins intensifs trois jours plus tard!

« Il est tellement résistant, c'est incroyable », a dit sa fille Lianne au lendemain de l'accident.

Résistant, comme il l'a toujours été.

PHOTO RYAN REMIORZ, ARCHIVES PC

Dickie Moore offrant ses condoléances à Élise Beliveau, en décembre 2014.

Dickie Moore en bref

> Dickie Moore a gagné la Coupe Stanley pendant cinq années de suite, de 1956 à 1960. Il avait déjà inscrit son nom sur le trophée en 1953.

> Il a remporté en deux occasions le trophée Art-Ross, remis au meilleur pointeur de la LNH. Ses 96 points, en 1958-199, ont même constitué le record de la LNH.

> Il a été admis au Temple de la renommée en 1974, 31 ans avant que son numéro 12 soit retiré.

> Sa carrière de joueur terminée, il s'est lancé en affaires. Il louait des outils de construction.