Samedi matin, quelques heures avant de sauter sur la glace du Centre Bell pour un premier match officiel, Charles Hudon a dû prononcer le mot «magique» au moins 10 fois. Magique d'être là, magique de prendre part à un match au Centre Bell, magique de porter ce maillot. Magique de respirer, aurait-il pu ajouter...

Magique, donc? Pour un type de 21 ans qui a été rappelé il y a quelques jours à peine, oui, tout ça est bien magique. Ce qui est magique aussi, c'est sa récolte d'une passe à son premier match avec le Canadien, jeudi soir à Detroit, et cet autre point obtenu lors de la victoire de 3-1, samedi soir, sur les Sénateurs d'Ottawa.

Un savant calcul permet de réaliser que Charles Hudon a donc obtenu deux points à ses deux premiers matchs dans la Ligue nationale. «Oui, ça va bien, faut juste continuer comme ça», a-t-il dit en soupirant, avant de sortir du Centre Bell, samedi soir.

Ça s'est passé très vite pour Hudon au cours des derniers jours. Ç'a commencé avec un coup de fil de Sylvain Lefebvre, entraîneur du club-école à St. John's, l'informant de son rappel par le Canadien, mardi dernier. Ça s'est poursuivi avec un premier match à Detroit jeudi. Juste avant, il y avait eu ce coup de fil de Hudon à son père, à 2h du matin, pour annoncer la bonne nouvelle à toute la famille («il ne dormait pas», tient à préciser Hudon).

L'attaquant d'Alma ne va pas partir en peur avec ça, mais le voici déjà en train de brouiller un peu les cartes. Ce qu'il a toujours aimé faire, par ailleurs.

«Pour tous ceux qui sont dans la Ligue américaine, le rêve, c'est la Ligue nationale, ajoute-t-il. Quand on joue dans la Ligue américaine, on se tient prêt. C'est ce que je faisais. Quand tu vois les deux ailiers qui jouent avec toi obtenir une chance avec le Canadien, tu te dis que c'est toi, le prochain. J'ai gardé le moral.

«Brouiller les cartes, c'est mon objectif chaque fois que j'arrive avec une équipe. L'année dernière, je voulais faire ça à ma première année en sortant du junior, et maintenant, ici, il faut juste que je travaille encore plus.»

En seulement deux matchs, Charles Hudon a vite remarqué que la Ligue nationale, c'est une autre affaire. «La vitesse d'exécution... C'est ça, la plus grande différence entre la Ligue américaine et la Ligue nationale. Ici, on dirait que t'as même pas besoin de patiner, la rondelle est déjà rendue à l'autre bout de la glace. C'est le plus gros ajustement qu'il y a à faire.»

Dans le vestiaire montréalais, Hudon a rapidement trouvé un allié: David Desharnais, un joueur qu'il a longuement admiré depuis les rangs juniors.

«On se parle beaucoup. Ce qu'il m'a dit, c'est que je ne suis pas en train de jouer ma carrière lors de ces premiers matchs. Chaque fois, je dois tout donner, et c'est ce que je fais. Depuis que j'ai joué à Chicoutimi, dès que j'ai été repêché, mon modèle, c'était lui. Je regardais Desharnais et Pierre-Marc Bouchard. Maintenant, Desharnais est là, à mes côtés, alors c'est spécial.»

Charles Hudon ne sait pas s'il sera encore ici dans une semaine, dans deux semaines. Cela importe peu. Ce qui importe, c'est cette fierté qu'il ressent quand il enfile le maillot, c'est le sourire des membres de sa famille dans les gradins, c'est le moment présent.

Et maintenant, s'il pouvait seulement retrouver sa rondelle.

«J'ai gardé la rondelle de mon premier point à Detroit... Les gars l'ont ramassée, mais je n'ai aucune idée où elle est rendue!»