C'était à l'automne 2013. Michael McCarron était ce monstre de 6 pieds 6 pouces qui débarquait dans la Ligue de hockey junior de l'Ontario, où il allait affronter des joueurs plus petits et plus chétifs que lui.

Il arrivait avec son étiquette de premier choix, trois mois après avoir été repêché au 25e rang par le Canadien. Et il s'amenait après s'être fait tirer l'oreille par les frères Hunter, qui l'avaient convaincu d'opter pour les Knights de London plutôt que pour l'Université Western Michigan.

Bref, McCarron avait toutes les raisons du monde de respirer la confiance. Peut-être trop de raisons.

«Tout le monde fait des erreurs, il s'agit d'en tirer des leçons. Je l'ai appris à la dure, et apprendre à la dure n'est peut-être pas la meilleure façon. Mais j'ai appris et je me suis assuré que ça ne se reproduirait plus, a reconnu McCarron, rencontré hier midi, à l'entraînement en vue du duel de la soirée des IceCaps de St. John's contre les Devils d'Albany.

«Les deux derniers étés, j'ai eu le même préparateur physique. Il a veillé à ce que je sois dans une forme impeccable pour le départ. Je n'avais jamais fait ça avant. C'est ça, apprendre à devenir un professionnel. Avant, j'étais un amateur. La Ligue junior de l'Ontario, c'est dur. Tout le monde pense que c'est facile, mais c'était une transition très dure.»

Un peu de contexte

Le contraste est frappant. Après 21 matchs dans les rangs juniors, le gros attaquant comptait 8 petits points. Cette saison, à ses 21 premiers matchs dans la Ligue américaine, il présente une jolie fiche de 9 buts et 11 aides pour 20 points.

Or, après la décevante saison recrue de McCarron dans les rangs juniors, le directeur du recrutement du Canadien, Trevor Timmins, avait déclaré au repêchage de 2014 que McCarron constituait un projet «à long terme». Il le voyait passer quelques années dans la Ligue américaine avant d'espérer le voir dans le circuit Bettman.

«C'est comme ça qu'on me voyait à l'époque, et honnêtement, j'avais l'air d'un projet à long terme, à ma première année à London!, admet McCarron. Je ne jouais pas comme je le devais. Mais l'an passé, j'ai connu une bonne saison, ça m'a redonné confiance en moi, on a gagné la Coupe Memorial, puis j'ai bien joué ici. C'est bon pour la confiance.

«Mon sort est entre les mains de la direction. Je veux être dans la LNH le plus vite possible, mais je veux surtout être prêt quand ça arrivera. Donc je vais continuer à travailler en attendant.»

Pas leur tour

Avant le match d'hier, McCarron et Charles Hudon partageaient le 2e rang des compteurs des IceCaps. Et hier encore, ils ont chacun connu leurs moments forts. McCarron quand il s'est faufilé entre deux défenseurs pour se retrouver seul devant le gardien, avant de tirer sur le poteau. Hudon en faisant preuve d'une belle intensité en échec avant à quelques reprises.

Or, ni l'un ni l'autre n'ont été choisis quand le Canadien a fait des rappels. Bud Holloway, Sven Andrighetto, Christian Thomas et Daniel Carr ont plutôt été les heureux élus.

On peut faire valoir que le Tricolore souhaite développer McCarron et Hudon au centre et que les postes à pourvoir étaient surtout à l'aile, avec les blessures qu'ont subies Brendan Gallagher et Alexander Semin. Mais les deux joueurs peuvent aussi évoluer comme ailiers. C'est même à l'aile que jouait Hudon hier!

Déçus de ne pas être rappelés?

«Non, pas du tout, répond McCarron. C'est ma première année pro, je sais que ça n'arrivera pas en partant. Il y a une raison pour laquelle je n'ai pas commencé la saison dans la LNH. J'ai des choses à améliorer. Et je suis content pour les gars qui sont rappelés. Certains gars sont dans la ligue depuis bien plus longtemps que moi, et eux, peut-être qu'ils trouvent ça difficile. Mais pour le moment, je veux m'améliorer.»

«Oui, c'est difficile, c'est sûr, avoue de son côté Hudon, qui en est cependant à sa deuxième saison. Tous les joueurs dans la Ligue américaine veulent jouer en haut. Mais je suis content de voir Sven connaître du succès. On a été parmi les derniers retranchés au camp, il a travaillé fort. Bud, c'était son premier rappel depuis qu'il a été repêché. Oui, j'aimerais être rappelé, mais j'ai des choses à faire ici.»

L'an passé, Hudon n'avait pas eu droit à un rappel pendant la saison, même s'il a engrangé 57 points en 75 matchs en tant que recrue. Visiblement, le CH avait un plan à moyen terme pour lui.

McCarron pourrait-il subir le même traitement cette année?

«Ces deux gars-là vont bien, mais ça adonnait que le Canadien avait besoin de gars à l'aile droite, a rappelé Sylvain Lefebvre, l'entraîneur-chef du club-école du Tricolore. C'est une question de temps. Il ne faut pas brusquer les choses. Mais c'est sûr que pour un joueur, ça peut parfois être frustrant. Personnellement, ça m'est arrivé. À mes deux premières saisons chez les pros, je n'avais pas été rappelé, et ensuite, j'ai joué pendant 14 ans! Des fois, ça vaut peut-être mieux d'être patient.»

On n'a pas trop de mal à imaginer Lefebvre tenir ce même discours à ses joueurs déçus!