Alors qu'une nouvelle ligue scolaire dissidente est en voie d'être créée à Montréal, le ministère de l'Éducation du Québec a décidé d'agir dans le dossier des mises en échec qui envenime depuis des mois le hockey mineur.

Le gouvernement va en effet trancher dans le litige entre le hockey scolaire et la fédération, Hockey Québec. Le Ministère va se pencher dans les prochaines semaines sur les règlements de sécurité de la Ligue de hockey préparatoire scolaire (LHPS). Québec pourrait ainsi décider de permettre à cette ligue d'utiliser la mise en échec chez les 13 et 14 ans.

Rappelons que Hockey Québec maintient que le hockey scolaire doit appliquer ses règles. Le printemps dernier, la LHPS avait claqué la porte de la fédération et décidé de mettre en place ses propres règles.

«Nous reconnaissons le droit des ligues scolaires de ne pas être affiliées à Hockey Québec, a dit hier l'attachée de presse du ministre François Blais, Julie White. Cependant, selon la Loi sur la sécurité dans les sports, elles doivent avoir un règlement de sécurité approuvé par le Ministère. On a demandé à la LHPS de nous le soumettre.»

Et combien de temps pourrait prendre le Ministère avant d'approuver ces règles? «Ce sera analysé de façon sérieuse par le Ministère», a répondu Mme White, laissant entendre que le processus pourrait être long.

Il s'agit donc d'une victoire incertaine pour le hockey scolaire. Québec pourrait en effet forcer la LHPS et les autres ligues à éliminer et limiter la mise en échec dans certaines catégories, comme le demande la fédération. Mais le Ministère pourrait aussi le leur permettre, ce qui serait un dur revers pour Hockey Québec.

La question est aussi de savoir ce qui se passe entre-temps. «En attendant, la LHPS devra respecter les règlements de Hockey Québec», a dit hier Mme White. Cela voudrait dire que le hockey scolaire devrait se conformer aux règlements de la fédération dès maintenant, sous peine d'enfreindre la loi.

La lecture était plus nuancée hier dans le milieu du hockey scolaire. Selon une source, la lettre envoyée dans les derniers jours par le Ministère à la LHPS parlait de «s'inspirer» des règlements de Hockey Québec jusqu'à la décision du Ministère, ce qui laisse une grande place à l'interprétation.

La LHPS entend donc envoyer dans les plus brefs délais ce règlement de sécurité et ne changera rien entre-temps. «Pour nous, la décision de Québec, c'est positif», assure le président de la LHPS, Martin Lavallée.

«Des joueurs simple lettre»

L'intervention de Québec devrait donc mettre fin au flou artistique qui règne dans le hockey mineur.

Un groupe de 14 écoles, dont plusieurs de la région de Montréal, sont en train de former une ligue dissidente qui ne respectera pas les règles de Hockey Québec. Mais les écoles qui veulent en faire partie déplorent le manque de directive claire du Ministère dans les derniers mois.

«Pour nous, ça a tout le temps été clair: ce qu'on fait doit être légal, on ne peut pas être au-dessus des lois, explique le directeur général du collège Jean-de-Brébeuf, Michel April. Il faut que les règles soient claires. Il faut une position claire du ministre.»

Brébeuf fait partie de ce groupe de 14 écoles qui veulent former la Ligue de hockey interscolaire du Québec; les autres sont entre autres Regina Assumpta, Loyola, Lower Canada College et Selwyn House.

Beaucoup de ces écoles faisaient partie encore l'année dernière du Regroupement du sport étudiant du Québec (RSEQ). Mais le RSEQ, après avoir hésité, a accepté de se conformer aux règles de Hockey Québec. Ses membres devaient donc limiter ou éliminer les mises en échec.

Le résultat? Des écoles ont quitté le RSEQ pour former une autre ligue.

«Notre ligue à Montréal a perdu 60% de ses équipes à l'automne, déplore le directeur général du RSEQ, Gustave Roel. En ce moment, il y a des gens en marge des règles. Nous, on les respecte. Si on met un arrêt quelque part et que personne n'est là pour s'assurer qu'il est respecté, jamais il ne sera respecté, c'est certain.»

De son côté, Hockey Québec a réitéré hier qu'elle avait «la responsabilité de mettre en place des règles de sécurité sur les patinoires de la province». Son directeur général, Sylvain Lalonde, défend toujours sa décision de limiter la mise en échec dans le hockey scolaire pour, selon lui, la sécurité des jeunes.

«La préoccupation de la fédération actuellement, c'est que la moitié des joueurs de la LHPS sont de niveau simple lettre, dit Sylvain Lalonde. Dans le civil, ces jeunes ne pratiqueraient pas la mise en échec.»