Les parents de joueurs et tous les bénévoles du hockey mineur québécois sont appelés à ne plus mettre en ligne des vidéos d'actes violents survenus sur les patinoires du Québec, même si c'est pour les dénoncer.

Hockey Québec fait valoir que ces vidéos contreviennent à son code d'éthique, peuvent faire du tort aux enfants qui sont impliqués et contribuent à donner une mauvaise image du sport national.

Une équipe des Laurentides vient de faire les frais de cette politique. Elle a ainsi dû retirer mardi une vidéo de sa page Facebook, où l'on voit un joueur de 13 ans en frapper un autre d'un coup de bâton sur la tête. Le cas du bénévole qui a mis en ligne la vidéo a même été étudié par un comité de discipline, qui a choisi de ne pas le punir.

L'agression filmée a eu lieu lors d'un match opposant les équipes bantam CC de Sainte-Agathe et de Monteuil, à Laval. Juste après une mise en jeu, un joueur lavallois a asséné un violent coup de bâton directement à la tête d'un joueur des Voyageurs de Sainte-Agathe.

Un parent dans les gradins a filmé l'incident. L'extrait, mis en ligne lundi sur la page Facebook de l'équipe des Voyageurs, a récolté 75 000 vues en quelques heures, grâce à l'algorithme très agressif du réseau social en matière de vidéos.

Alors que l'extrait devenait viral, Hockey Québec et la Ligue intercités Laurentides Lanaudière ont exigé que l'équipe retire la vidéo, ce qui a été fait.

La Fédération explique qu'elle a tenté de protéger le jeune fautif. «Ce jeune-là est rentré à la maison en crise mardi midi parce qu'il s'est fait écoeurer par ses pairs, explique le directeur de la régie à Hockey Québec, Yvan Dallaire. Il s'est fait harceler, dénigrer. Il n'est pas allé à l'école en après-midi. Ce sont des jeunes de 13 et 14 ans, il ne faut pas oublier ça.»

M. Dallaire pense aussi que les parents et bénévoles se tirent dans le pied en diffusant de telles vidéos. «On fait trop de mauvaise publicité par rapport au hockey chaque fois qu'il y a un coup comme ça. Et quand il y a de belles histoires, on n'en parle pas. Moi, je pense qu'on s'autodétruit entre nous autres. On n'a pas besoin de cette publicité-là», dit M. Dallaire.

«Il y en a deux par année et on en parle plus que dans les années 80 quand il y en avait 500 par année», poursuit-il.

Le code d'éthique de la Ligue prévoit que les réseaux sociaux doivent être utilisés «de façon éthique et respectueuse des collègues, entraîneurs et dirigeants et ne pas servir pour provoquer l'adversaire ou un autre membre de Hockey Québec».

Dans ce cas-ci, on a jugé que publier la vidéo de l'incident était une infraction.

La victime indemne

Mais cette politique pourrait-elle nuire à la lutte contre la violence dans le hockey mineur? Dans ce cas-ci, par exemple, le jeune fautif a d'abord été puni pour coup à la tête avec une suspension d'un match à la clé.

Le bénévole des Voyageurs qui a mis en ligne la vidéo était outré par la clémence de la punition.

Après révision de l'incident, la Ligue intercités Laurentides Lanaudière (LILL) a décidé de punir le jeune pour tentative de blessure. La faute, plus grave, va entraîner un passage devant le comité de discipline la semaine prochaine et au moins trois matchs de suspension.

Sans la vidéo, cette décision aurait-elle été prise? «Absolument», assure le président de la Ligue intercités, Valère Dubé, qui soutient que l'extrait n'a pratiquement pas pesé dans la balance.

«Ces vidéos-là n'ont aucune raison d'être là, dit M. Dubé. Le jeune a déjà eu sa leçon. À quoi ça sert d'en rajouter?»

Il précise que la jeune victime s'en tire indemne. «Heureusement, le bâton a atteint le casque puis a glissé sur l'épaule du joueur. Le jeune n'a pas subi de commotion cérébrale, il devrait être correct», explique-t-il.

Tant Hockey Québec que Valère Dubé ont bien sûr dénoncé le geste. «C'est un geste grave et je dois dire que c'est la première fois que je vois quelque chose comme ça depuis les six ans que je suis ici, dit M. Dubé. Surtout qu'on parle de bantam CC. On ne parle pas de junior majeur. C'est du hockey de tous les jours, ça n'a vraiment pas sa place.»