Francis Bouillon a bouclé la boucle de sa carrière dans la LNH, vendredi, là où il l'a amorcée il y a 16 ans, au Centre Bell, et en présence de la personne qui a le plus influencé son déroulement, Michel Therrien.

L'ancien défenseur au parcours atypique est devenu très émotif quand l'entraîneur du Canadien est venu lui faire une chaleureuse accolade, au moment où il s'adressait aux journalistes.

«Ça c'est un vrai, a lancé Therrien. Si on avait un titre de capitaine à donner pour le courage, il irait à Francis Bouillon.»

Visiblement ému, Bouillon a laissé parler son coeur après avoir réprimé des sanglots.

«Il y a une personne qui a cru en moi du début jusqu'à la fin, c'est Michel. Dans les rangs juniors, il m'a beaucoup aidé quand il était entraîneur-adjoint à Laval. On passait du temps ensemble sur la glace après les séances d'entraînement. Je voyais qu'il croyait en moi, mais je me demandais pendant combien de temps ça durerait.

«Aujourd'hui, en venant me serrer comme il l'a fait, ça veut tellement dire pour moi. Ça fait une vingtaine d'années...», a-t-il ajouté, en prenant une profonde respiration.

Pendant toutes ces années, Bouillon a dit avoir eu de la difficulté à voir Therrien comme son entraîneur parce que c'était pour lui «un ami et un père adoptif».

Après s'être connus chez le Titan de Laval, les deux hommes ont cimenté leur relation en remportant la Coupe Memorial chez les Prédateurs de Granby en 1996. Bouillon était le capitaine de l'équipe qui a mis fin à une interminable séquence d'insuccès de 25 ans de la LHJMQ.

Therrien a par après convaincu Bouillon de venir jouer au sein de l'équipe-école du Canadien, qu'il dirigeait à Fredericton.

Sceptiques confondus

Le 19 octobre 1999, il faisait ses débuts dans la LNH dans l'uniforme tricolore au Centre Bell contre les Maple Leafs de Toronto.

«Ce premier match représente mon plus beau souvenir. C'était le début d'une belle aventure qui a duré 15 ans.»

Par sa ténacité, le défenseur de petite taille, qui attribue à sa mère Murielle sa grande force de caractère, a fait mentir plusieurs observateurs qui soutenaient qu'il ne tiendrait pas le coup.

Au final, après 15 saisons et 776 matchs dans la LNH et un séjour en Europe, il a décidé de tirer un trait sur sa carrière, à quelques semaines de célébrer son 40e anniversaire de naissance - le 17 octobre.

«Je suis prêt pour ça (la retraite). Je ne voulais pas l'annoncer trop tôt, au cas où une équipe de la Ligue nationale m'aurait contacté. Mais après la saison dernière, à mon retour de la Suisse, on en avait discuté en famille et nous étions prêts à tourner la page.»

Honoré avant la rencontre de vendredi, Bouillon a passé 11 de ses 15 campagnes dans la LNH chez le Tricolore, récoltant 117 points, incluant 24 buts. Il a effectué deux séjours avec les Predators de Nashville, portant son total de matchs à 776 pour un total de 149 points. Bouillon a également participé à 55 matchs éliminatoires, au cours desquels il a amassé 11 points.

Il a conclu sa carrière avec une saison dans la Ligue élite suisse, avec le HC Ambri Piotta, récoltant 11 aides en 32 matchs.

La tête haute

L'héritage qu'il laisse est celui du joueur d'équipe par excellence, celui qui était toujours prêt à défendre un coéquipier et qui avait à coeur le succès des siens.

«J'ai toujours gardé les pieds sur terre. C'est ce qui a fait mon succès. L'important pour moi a toujours été d'obtenir le respect de mes coéquipiers. Je n'étais pas le gars qui parlait le plus fort dans le vestiaire, mais je le faisais dans l'action.

«Aujourd'hui, je n'ai aucun regret. Je quitte la tête haute et fier de ce que j'ai accompli.»

Bouillon a admis avoir eu à dompter sa peur plusieurs fois quand il devait se frotter à des géants comme Colton Orr, ancien des Maple Leafs de Toronto. Mais qu'il prenait un malin plaisir à détester la peste des Leafs, Darcy Tucker.

Récipiendaire des trophées Jacques-Beauchamp, remis à la quatrième étoile du club au terme de la saison 2003-04, et Jean-Béliveau, pour son implication communautaire en 2007, il a été un bel ambassadeur pour le CH.

L'organisation l'a d'ailleurs recruté afin qu'il s'implique au sein des Anciens Canadiens, un défi fait sur mesure pour le nouveau retraité. Le président des Anciens Réjean Houle n'a pas à s'inquiéter pour la relève.

«Le Canadien est une organisation proche des gens et Francis c'est un gars du peuple», a résumé Therrien.