C'était le 24 septembre 2014. Ce matin-là, on passait de trois à deux groupes chez le Canadien. D'un côté, un groupe A, qui ressemblait drôlement à une équipe de la Ligue nationale de hockey. De l'autre côté, un groupe B, qui ressemblait drôlement aux Bulldogs de Hamilton.

La suite des choses allait confirmer ces impressions. Seulement trois joueurs du groupe A n'ont pas vu d'action dans la LNH la saison dernière: Peter Budaj (échangé), Francis Bouillon (qui était à l'essai) et Nikita Scherbak (renvoyé dans le junior).

Parmi les 34 joueurs du groupe B, seulement 4 ont goûté à la LNH en 2014-2015: Christian Thomas (18 matchs), Sven Andrighetto (12 matchs), de même que Gabriel Dumont et Drayson Bowman (trois matchs chacun).

Hier, à la veille du premier match préparatoire de l'année, le couperet est tombé, et deux groupes ont été créés.

Au cours des prochains jours, Michel Therrien et ses joueurs s'époumoneront à dire qu'il ne faut pas se fier à la composition de ces groupes. Les chiffres de l'an dernier constituent toutefois un bon rappel de la valeur des groupes. En attendant qu'on annonce la première vague de joueurs retranchés, on peut avoir une meilleure idée de la formation qui amorcera la saison le 7 octobre à Toronto.

Dans le groupe A

Commençons par ceux qui ont reçu de bonnes nouvelles.

À l'avant, les premiers noms qui attirent l'attention sont ceux d'Andrighetto, Daniel Carr et Charles Hudon. Cela dit, il manquait trois vétérans (Max Pacioretty, David Desharnais et Alexander Semin), si bien qu'il est important de relativiser la portée de la présence de ces trois jeunes joueurs dans le groupe A.

D'ailleurs, quand on s'attarde à la composition des trios d'hier, on note que Hudon patinait au centre de Tomas Fleischmann et Dale Weise, dans ce qui ressemble à la place de Desharnais.

En revanche, Andrighetto patinait à la gauche de Tomas Plekanec et Brendan Gallagher, une combinaison intrigante, puisque Andrighetto avait été jumelé à Plekanec pour quelques matchs lors de son rappel l'an passé.

À la défense, aucune surprise. En plus des six premiers défenseurs de l'an passé, on retrouve Greg Pateryn, qui a cimenté son poste de septième défenseur l'an dernier. Jarred Tinordi et le nouveau venu Mark Barberio se battent essentiellement pour le poste de huitième arrière.

Dans le groupe B

Thomas, Michael McCarron et Scherbak font quant à eux partie du groupe B. McCarron s'est exercé avec le groupe A, mais a expliqué après la séance qu'il y était en raison de l'absence de Desharnais.

«Peu importe dans quel groupe tu es. Si tu as ta place dans la LNH, ils le remarqueront», a fait valoir McCarron.

Scherbak était grandement attendu à ce camp, et certains le voyaient comme un candidat pour créer une surprise. Jusqu'ici, le Russe, premier choix du Canadien en 2014, n'épate pas autant la galerie qu'il l'avait fait à son premier camp, il y a un an. Même au tournoi des recrues, à London, il peinait à ressortir du lot.

Thomas, lui, se retrouve en situation familière, puisqu'il était aussi dans le groupe B à pareille date l'an passé. Mais il avait ensuite profité de sa chance dans les matchs préparatoires pour amasser quatre points en cinq matchs. Il avait tout de même amorcé la saison à Hamilton, mais avait été rappelé en janvier.

«Tu ne peux pas trop t'y attarder, ça peut changer vite. Tu joues un bon match préparatoire, ils te changent de groupe, tu en joues un autre bon et tu ne sais pas ce qui peut se passer», a rappelé le fils de Steve Thomas.

Devant le filet, notons que Mike Condon, qui devrait logiquement être le gardien numéro 1 avec les IceCaps de St. John's, fait partie du groupe B. L'an passé, Budaj et Dustin Tokarski étaient demeurés dans le groupe A et se battaient pour le rôle d'auxiliaire à Carey Price. Ceux qui s'attendaient à une lutte entre Condon et Tokarski cet automne devront patienter.

Le ballottage, la clé?

Therrien et Marc Bergevin rappellent souvent qu'au final, les performances font foi de tout. Mais un autre facteur pourrait orienter les choix de l'équipe: le ballottage.

À la défense, la situation s'annonce intéressante, puisque Tinordi doit être offert aux 29 autres équipes si le Tricolore souhaite le rétrograder à Terre-Neuve. Celui que l'on surnomme le «Tinner» avait amorcé la dernière saison à Montréal, mais avait ensuite fait trois allers-retours entre la métropole et Hamilton. Bergevin pourrait devoir garder huit arrières à Montréal s'il ne souhaite pas en perdre pour rien, mais jusqu'ici, le grand défenseur n'a guère démontré de signes de progrès.

À l'avant, Andrighetto échappe au ballottage, puisqu'il écoule encore son contrat de recrue. Même s'il épate la galerie au camp, il sera donc «facile» de l'envoyer dans la Ligue américaine, quitte à le rappeler en cours de route s'il fait bonne figure dans les mineures.

Thomas, lui, est admissible au ballottage pour la première fois de sa carrière et espère bien que ce mécanisme l'aidera.

«Je n'y ai pas trop pensé, mais je crois que ça mettra de la pression sur l'équipe. J'espère que ça fonctionnera en ma faveur», a-t-il analysé.