Chaque été, au camp de développement, le Canadien invite une bonne quinzaine de joueurs qui n'ont pas de contrat et qui n'ont jamais été repêchés.

Des invitations pour voir à l'oeuvre certains joueurs que les recruteurs ont épiés. Mais aussi parce qu'il faut bien une quarantaine de patineurs pour organiser des rencontres intraéquipe. Bref, les offres de contrats ne pleuvent pas pour ces invités, encore moins pour un joueur qui était à un mariage au jour 1 du camp pendant que les autres malheureux suaient déjà leur vie à Brossard.

En juillet dernier, ils étaient 19 avec une simple invitation en poche. De ce nombre, six ont suffisamment impressionné la direction du CH pour être invités cette fin de semaine au tournoi des recrues. Mais ils n'ont toujours pas de contrat pour 2015-2016. Douze autres joueurs sont repartis bredouilles.

Dans ces circonstances, l'exploit de Ryan Johnston n'est pas banal. Ce petit défenseur, généreusement répertorié à 5 pieds 10, a décroché un contrat de deux ans. Et pas n'importe lequel : un contrat à deux volets, Ligue nationale et Ligue américaine. Et dire que plusieurs joueurs invités à ces camps disent ouvertement qu'un simple contrat de la Ligue américaine serait un exploit!

Johnston n'a pas hésité. Même s'il ne lui restait qu'un an à l'Université Colgate, l'athlète de Sudbury a vite signé l'entente de deux ans. Ses études en géologie, il les poursuivra à distance, au cours des deux prochaines saisons.

«Je n'avais jamais entendu parler de joueurs qui signaient un contrat après le camp de développement. Je croyais avoir connu un très bon camp, mais je me suis dit que s'il devait se passer quelque chose, ce serait après ma quatrième année au collège», racontait Johnston à La Presse, hier matin.

Une journée en retard!

Le plus incroyable dans son histoire, c'est qu'il s'était présenté au camp de développement avec une journée de retard. Il avait indéniablement une très bonne excuse - son frère se mariait -, mais on chuchote qu'il n'était pas exactement sur l'écran radar du Canadien à son arrivée. Ces camps sont déjà très courts, et voilà qu'il n'avait que quatre jours pour charmer le CH.

Mais Johnston s'est retroussé les manches, et dès le lendemain, il était de retour au travail à Brossard. «Je me suis goinfré, mais j'ai limité ma consommation d'alcool à quelques toasts. Je n'allais pas dire non à un gâteau au fromage ou à un bon steak !», lance-t-il à la blague.

Aujourd'hui, le voici au tournoi des recrues du CH. Et par sa vitesse, par sa capacité à relancer l'attaque, il obtient déjà les éloges de Sylvain Lefebvre. Dans la rencontre d'hier, il a préparé deux buts des siens, et était un des principaux sujets de conversation après le match.

Rencontré plus tôt samedi, l'entraîneur-chef des IceCaps de St-Jean vantait déjà le petit défenseur.

«C'est un gars qui vient d'une famille de hockey, un rink rat, a rappelé Lefebvre. Tu vois qu'il a passé beaucoup de temps dans les arénas. Nous, il nous a vraiment impressionnés au camp de développement.»

Ryan Johnston est le neveu de Mike Johnston, entraîneur-chef des Penguins de Pittsburgh. Ce dernier a d'ailleurs visité son neveu vendredi, puisque les Penguins sont l'une des quatre équipes au tournoi.

Des obstacles

La saison dernière, le Tricolore comptait déjà sur sept défenseurs à Montréal, sans oublier Jarred Tinordi, dont on attend toujours l'éclosion, et le Montréalais Mark Barberio, embauché comme joueur autonome. Bref, les neuf premières places à la ligne bleue semblent déjà occupées.

Pour cette raison, et parce qu'il fait figure de nain à sa position, Johnston a plus d'un obstacle devant lui avant de penser à la Ligue nationale.

«J'ai deux ans pour faire mes preuves et obtenir un autre contrat, résume-t-il. Mais je n'aborde pas les choses ainsi. Il y a une raison pour laquelle on m'a embauché, et je veux faire ma place dans l'équipe. Je vais donc faire ce que j'ai fait au camp de développement, je vais montrer que j'ai des habiletés offensives et que je suis fiable sur le plan défensif. Je veux garder la même mentalité. Je n'ai rien à perdre et tout à gagner, si je me donne sans compter.»