Lorsque le dépisteur québécois Mario Saraceno s'est présenté au micro, vendredi soir, pour annoncer le choix des Islanders de New York au 28e rang, ses homologues des autres équipes savaient très bien quel joueur il allait nommer.

«À chaque fois qu'on allait à Shawinigan pour voir Anthony Beauvillier, Mario était là, raconte un dépisteur d'une équipe de l'Ouest. On décidait d'y retourner peu de temps après... et ils étaient deux des Islanders!»

C'était la deuxième fois que Saraceno prenait la parole à la tribune pour annoncer le choix de son équipe. En 2009, à Montréal, c'est lui qui avait sélectionné John Tavares au premier rang, tout juste après avoir fait en français les remerciements d'usage.

D'une certaine façon, on pourrait dire que la sélection de Beauvillier, c'est la sienne. C'est Saraceno qui l'a «vendu» aux autres recruteurs et qui leur a fait partager son enthousiasme.

«C'est mon choix, oui et non, commente le vétéran recruteur. Il y a plus de 35 ans, quand mon père a recruté Mike Bossy, c'était vraiment son pick. À l'époque, ce n'est pas tout le monde qui avait vu le joueur. Alors qu'aujourd'hui, ça a changé; les joueurs participent à plein de choses qui nous donnent l'occasion de les voir.»

Beauvillier n'était pas un choix automatique pour le premier tour: son gabarit et son coup de patin en faisaient hésiter quelques-uns. Mais l'important, c'est que les gens des Islanders, eux, étaient unanimes à son sujet.

«Tout le monde l'aime, confie Saraceno. Son caractère et son leadership... c'est un futur capitaine. Il ferait n'importe quoi pour gagner. Et en plus, il a récolté 94 points à l'âge de 17 ans.»

Vendredi soir, le DG Garth Snow s'est présenté sur le parquet du repêchage sans choix de première ronde. Quelques heures plus tard, il repartait de là avec deux attaquants prometteurs.

Comment, alors, les Islanders se sont-ils assurés de repêcher Beauvillier?

«Les Bruins de Boston avaient trois choix de suite, mais ils n'ont pas choisi Mathew Barzal, rappelle Mario Saraceno. Nous, on pense que ça peut être un joueur extraordinaire et il était en train de glisser. C'est à ce moment-là qu'on a fait l'échange de Griffin Reinhart avec les Oilers d'Edmonton.»

Les Islanders comptent sur un surplus de bons jeunes défenseurs tandis que les Oilers, qui avaient eu Reinhart dans leur cour durant ses années junior, le perçoivent comme une solution quasi immédiate.

Les Oilers ont cédé les 16e et 33e choix aux Islanders tout de suite après que les Bruins eurent fait leurs trois sélections.

«On repêche Barzal avec le 16e choix et dans notre tête, à 33, c'est Beauvillier, poursuit Saraceno. La première ronde continue, on se parle et on veut vraiment Beauvillier. À un moment donné, Garth nous dit qu'on pourrait faire un marché avec Tampa.»

Le Lightning détient le 28e choix de la première ronde et se montre ouvert à l'idée de reculer.

Au dernier moment, le Lightning accepte l'offre des Islanders. Tout se fait en l'espace de quelques secondes.

«Beauvillier aurait pu être encore là au 33e rang, mais quand tu aimes un joueur, il faut que tu t'imposes, soutient Saraceno. Ça nous a aussi coûté un choix de troisième ronde pour passer de 33 à 28, mais on adorait le petit gars. On ne voulait absolument pas le perdre.»