Depuis le début des séries éliminatoires, Ben Bishop a des chiffres supérieurs à ceux de Carey Price. Sa moyenne de buts accordés est meilleure. Son taux d'efficacité est meilleur aussi. Pourtant, c'est Bishop qui est montré du doigt quand ça va mal pour son club.

De manière générale, les experts du milieu s'entendent sur une chose: si le Canadien parvient à gagner le match de ce soir à Tampa, si le Canadien réussit à provoquer comme par magie la présentation d'un septième match, ce sera parce que Price aura été supérieur à Bishop.

Ce qui dérange un peu Bishop. Un peu.

«Ce n'est pas une série entre Carey Price et moi, a tenu à dire le gardien du Lightning, hier à Tampa. Il est un gardien qui va attirer beaucoup d'attention, de toute évidence, et je comprends ça. Il est le gardien du Canadien de Montréal, alors on va parler de lui. Ça fait 3-4 ans que je l'affronte, et ç'a toujours été comme ça.»

Plusieurs observateurs ont noté que Bishop se comporte comme un grand nerveux depuis le début de la série, mais c'est dur à croire quand on l'a devant soi. Dans le vestiaire du Lightning, Bishop est souriant, blagueur et répond calmement à toutes les questions. S'il est nerveux, il le cache très bien.

D'ailleurs, il assure que la foule insistante du Centre Bell n'est jamais parvenue à briser sa carapace en scandant son nom de manière dérisoire lors des matchs à Montréal.

«Non, ça ne m'a pas dérangé du tout. Au contraire, j'adore ça! Ça me rappelle l'ambiance qu'il y avait lors des matchs quand je jouais au hockey universitaire. Les partisans sont particulièrement intenses au niveau universitaire, c'est pas mal pire qu'au Centre Bell. On me criait des insultes plus méchantes que ça...»

Il faut dire que le style plutôt imprévisible du gardien du Lightning passe parfois pour de la mauvaise technique ou pour de la chance, comme l'a déjà fait remarquer un certain P.K. Subban.

Bishop ne va probablement jamais gagner le trophée Vézina en raison de son style, et cela ne le dérange guère. «On reçoit des milliers de tirs pendant une saison et on ne les arrête pas tous... Chaque arrêt n'est pas toujours une oeuvre d'art comme un Picasso, mais ça fait partie du métier.»

On pourrait croire que Bishop est content d'être de retour à la maison, de disputer ce sixième match devant les fans du Lightning ce soir. Mais pour lui, à ce stade-ci d'une série disputée sous le signe de l'intensité, l'avantage de la glace est un concept qui n'existe plus.

«Un retour sur notre patinoire, je ne sais pas si c'est un avantage... Si on observe un peu ce qui se passe depuis le début des séries, l'avantage de la glace, ça n'a pas été un si gros avantage que ça à travers la ligue. C'est évidemment très bien de pouvoir être dans son propre vestiaire, mais si on regarde comment ça se passe en séries, jouer à la maison, ça ne veut pas dire grand-chose.»

Qu'il le veuille ou non, Bishop sera probablement le joueur le plus important du Lightning ce soir. Si le club gagne et passe au tour suivant, ce sera sans doute grâce à lui. Si le club perd et doit aller à Montréal jeudi pour un septième match, ce sera sans doute à cause de lui.

Mais ceux qui affirment que le gardien du Lightning est ébranlé sont dans l'erreur, selon Max Pacioretty.

«On ne croit pas à ça, a répondu l'attaquant du Canadien. Il a disputé tout un cinquième match, et on l'a seulement déjoué avec deux tirs tout juste sous la barre, et un tir dévié aussi je pense. Il va être dur à battre jusqu'à la dernière minute.»