Les Sénateurs d'Ottawa se battront de nouveau pour leur survie, vendredi soir, à l'occasion du cinquième match de la série. Or, historiquement, le Canadien parvient à achever ses adversaires quand il en a la chance.

Depuis l'ouverture du Centre Bell, le Tricolore a eu cinq occasions de remporter une série devant ses partisans. Quatre fois, il a réussi, le plus récent exemple étant le quatrième match de la série de premier tour, l'an passé, contre le Lightning de Tampa Bay.

Le Centre Bell, donc, est un édifice qui peut être intimidant au printemps. Mais s'il y a un gardien qui a déjà prouvé le contraire, c'est bien Craig Anderson. En 2013, en grande partie grâce à ses exploits, les Sénateurs avaient éliminé le CH en cinq rencontres. Il avait pratiquement gagné le premier match à lui seul avec 48 arrêts, tandis que dans le cinquième duel, il avait permis aux siens de rentrer au vestiaire avec une avance de 2-1 même si le CH avait tiré 17 fois sur lui.

S'il y avait une façon de montrer qu'il ne se laissait pas intimider, c'était au cours de ce match. Car éliminer le Canadien au Centre Bell n'est pas une mince tâche. Tim Thomas, Marc-André Fleury, Tuukka Rask et Henrik Lundqvist, qui ont tous un CV bien plus impressionnant qu'Anderson, ont tous raté leur coup.

Dans ce contexte, quelle importance accorde-t-il à ces souvenirs?

«Tu peux te rabattre sur ça, mais au bout du compte, tu dois quand même jouer dans le présent. Penser au passé peut t'aider à avoir confiance en toi, mais tu dois jouer ton match», expliquait Anderson, jeudi, lors d'une rencontre avec les médias au Centre Canadian Tire.

Hostile?

On l'a vu dans les deux premiers matchs, l'énergie du Centre Bell peut être dérangeante pour certains joueurs. Andrew Hammond, un gardien recrue, semblait jouer nerveusement de son filet. Les Sénateurs ont quitté la métropole avec un retard de 0-2.

«Les partisans sont très passionnés. Tu sens cette énergie en entrant dans l'amphithéâtre, rappelle Anderson. Tu dois utiliser leur énergie à ton avantage. On devra gérer les changements de rythme, car quand Montréal le prend, les partisans peuvent avoir tout un impact pour aider l'équipe à le conserver. Mais si on joue comme on l'a fait dans les derniers matchs, on pourra contrer ça.»

Dave Cameron, lui, a refusé d'y accorder trop d'importance.

«Je ne dirais pas que c'est un environnement hostile, a tempéré l'entraîneur-chef. Je dirais que c'est stimulant, contre une très bonne équipe, dans un édifice qui a de la tradition. C'est stimulant, mais quand tu as une jeune équipe, tu as besoin de joueurs qui l'ont vécu pour apporter cet équilibre. Cet équilibre va nous donner la meilleure chance de gagner.»

De retour au sommet

Avant le début des entrevues, un collègue disait à la blague que les questions du jour porteraient sur les chances d'Anderson de gagner le trophée Vézina s'il n'avait pas été blessé.

L'anecdote en dit tout de même long sur ce qu'a vécu Anderson au cours des derniers jours. Il y a à peine quelques semaines, Hammond était la sensation de la LNH, sa popularité étant telle que les spectateurs lançaient des hamburgers sur la patinoire. Pendant ce temps, le vétéran Anderson était relégué dans l'ombre parce qu'un jeune gardien lui avait ravi son poste en son absence.

«Quand des blessures surviennent, ça ouvre la porte à d'autres et on a eu la chance de compter sur Andrew, a rappelé Anderson. Il est la raison pour laquelle nous jouons encore. De mon côté, je devais revenir et me battre pour mon poste, de la même façon que les joueurs doivent se battre pour leur temps d'utilisation.

«Si je m'étais morfondu, je n'aurais pas aidé ma cause ni celle de l'équipe. C'est un sport d'équipe. Tu dois toujours travailler fort, sans égard à la situation. Que tu joues aux deux jours, une fois par semaine ou une fois par mois, tu dois garder la même attitude.»

Anderson a été patient et voilà qu'il a bloqué 75 des 77 tirs du Canadien depuis qu'il a repris son poste. Ses performances lui ont valu des «Andy, Andy» de la foule, un peu comme si c'était l'écho de ce qu'on entendait ici en 2013.

«Tu ne souhaites pas de malheur à celui qui te remplace, mais tu veux redevenir la personne de confiance, a sagement expliqué l'attaquant Clarke MacArthur. Andy n'y pouvait rien, ce n'était pas de sa faute s'il ne jouait plus. Hammond était tout simplement génial. Ça m'a fait plaisir d'entendre les partisans crier son nom à la maison. Ils n'ont pas oublié Andy.»

Avec une victoire vendredi soir, Anderson donnerait une nouvelle occasion aux partisans des Sénateurs de crier son nom.