L'ancien gardien Martin Biron se souvient d'un match des Sabres de Buffalo, en 1999, où il était le substitut du légendaire Dominik Hasek. Les Sabres affrontaient les Capitals de Washington qui, vers la fin de la première période, dominaient 17-2 au chapitre des tirs.

Le jeune athlète, qui faisait la navette entre la LNH et la Ligue américaine, s'était permis de haranguer ses coéquipiers au banc en leur disant de se déniaiser.

Biron se souviendra toujours du regard qu'on lui avait lancé. Il signifiait clairement: «Marty, c'est de même tous les matchs. On va revenir, inquiète-toi pas.»

C'est à ce moment-là que Biron a compris tout l'effet qu'exerçait Hasek sur son équipe. Hasek qui venait de remporter deux trophées Hart et qui allait propulser les Sabres en finale de la Coupe Stanley quelques mois plus tard.

«C'est une situation assez unique, car ça n'arrive pas souvent qu'un gardien de but puisse pratiquement à lui seul mener son équipe en finale de la Coupe Stanley, constate Biron. Mais d'après moi, Carey Price est ce genre de gardien.

Les statistiques de Carey Price

«L'année dernière, j'avais mis le Canadien en finale, et malheureusement, à cause de la blessure de Price, ils n'ont pas pu s'y rendre. Mais j'y vais avec la même prédiction cette année à cause de Carey Price.»

«C'est l'année de Price»

Comme on l'a entendu tout au long de la saison dans le vestiaire du Tricolore, les Sabres étaient eux aussi friands de matchs à bas pointage. À la différence que le CH possède quand même un bassin de talent supérieur. Quand les Sabres ont atteint la finale d'Association, en 1998, puis la finale l'année suivante, leur attaque reposait sur Miroslav Satan, Michael Peca, Michal Grosek et Dixon Ward. Le meilleur marqueur de l'équipe en séries en 1999 était le défenseur Jason Woolley.

«Le seul gars qu'il y avait là, c'était Dominik Hasek, résume Biron. Le monde achetait des billets pour voir le Hasek Show

Mais ça n'empêche pas le Québécois de 37 ans d'estimer que Price, lui-même prétendant au trophée Hart, vit une situation parallèle à celle que connaissait Hasek.

«Même si le Canadien a du talent en attaque comme en défense, on aurait dit que Price, cette saison, était toujours la solution à tout. À lui s'ajoutait un joueur qui connaissait un gros match. Un soir, c'était Price et P.K. Subban, ensuite Price et Max Pacioretty, puis Price et Brendan Gallagher... Mais Price était toujours là.

«Dans ma carrière, j'ai été à même de voir à quel point un gardien pouvait changer l'allure d'une série et mener son équipe loin. Je pense que cette année, c'est l'année de Price.»

Il irradiait la confiance

Biron n'avait disputé que six matchs durant la saison 1998-1999 des Sabres, mais avait accompagné l'équipe tout au long de son épopée vers la finale, une finale qui est restée dans les annales en raison du but controversé de Brett Hull qui a fait pencher la balance au profit des Stars de Dallas.

L'état d'esprit de l'équipe qui avait tant frappé Biron face aux Capitals s'est vérifié une fois les séries entamées. Que ce soit lors des entraînements matinaux ou en parlant à ses coéquipiers, il a constaté toute la confiance qu'irradiait le gardien tchèque.

«L'équipe bâtissait sa confiance à mesure que la frustration montait chez l'autre équipe. Pendant que nos adversaires tenaient leur bâton de plus en plus serré et sacraient de temps à autre, tout ce qu'on avait à faire, c'était d'attendre un rebond favorable et de profiter de nos chances de marquer.

«On était morts de rire.»

Hammond sous la loupe

Biron ne semble pas faire trop de cas du fait que Carey Price ait connu un léger ralentissement lors des derniers matchs. Et il ne semble pas redouter outre mesure le brio affiché par Andrew Hammond pendant l'irrésistible poussée des Sénateurs d'Ottawa.

> Les statistiques d'Andrew Hammond

«C'est une chose d'affronter un gardien de temps en temps et d'utiliser le vidéo pour essayer de déceler ses tendances. Mais c'en est une autre de le voir durant une série de sept matchs, de l'affronter tous les deux jours et de l'observer à l'entraînement.

«Je ne dis pas que les choses vont moins bien aller pour Andrew Hammond. Mais je pense que la possibilité d'avoir du succès face à un gardien recrue est plus élevée en séries pour une équipe comme le Canadien, qui va tenter d'identifier ses tendances, que pour les Sénateurs qui font face à un gardien établi contre qui c'est difficile d'exploiter un élément ou un autre.

«Les Sénateurs doivent juste espérer que Price baissera sa garde et qu'ils pourront profiter de ses failles. Mais ce sera vraiment difficile...»