Le gardien Pekka Rinne a beau jouer à Nashville - là où la sortie du nouvel album country de Luke Bryan est une plus grosse affaire qu'une séquence victorieuse des Predators -, il est quand même au courant des conversations qui le placent, avec Carey Price, au coeur de la course pour le trophée Vézina.

«C'est drôle, parce que ces discussions-là commencent avant même qu'on ait joué 40 matchs, c'est fou, a lancé le grand Finlandais. Tellement de choses peuvent se produire avant le fil d'arrivée. C'est la raison pour laquelle je ne porte pas attention à ces débats.»

Rinne sait de quoi il parle. Au moment où il s'est blessé à un genou, le 13 janvier, la cabale s'était déjà mise en branle pour le consacrer gardien de l'année dans la LNH. Il avait déjà été deux fois finaliste pour le trophée Vézina, et ça semblait finalement être son année.

Pourtant, les Predators venaient à peine de franchir la mi-saison et, comme Rinne allait l'apprendre à ses dépens, beaucoup de choses étaient encore susceptibles de se produire.

Le portier de 32 ans s'est absenté de la compétition durant trois semaines - il a raté huit matchs -, et cette interruption a été tout ce que ça prenait pour faire balancer les choses en faveur de Price.

Le gardien du Canadien connaissait une très bonne première moitié de saison, mais c'est depuis le début de 2015 qu'il a pris une longueur d'avance sur Rinne et sur tous les autres.

Aucune consolation



L'entraîneur-chef des Predators, Peter Laviolette, ne s'est pas laissé gagner à l'argument selon lequel ses troupes, qui avaient remporté de nombreux matchs grâce à Rinne, avaient dû puiser dans de nouvelles ressources et mesurer quel genre d'équipe elles formaient vraiment en l'absence du gardien-vedette.

«J'aurais préféré qu'il soit en santé toute l'année, quitte à alléger sa charge de travail dans la dernière portion du calendrier, a indiqué Laviolette. On ne sait jamais où une blessure peut vous mener, s'il y a des risques d'aggravation après un retour au jeu, etc. Heureusement, il a repris où il avait laissé. Mais j'aurais préféré éviter cela.»

Dire que Rinne a retrouvé le même niveau qu'il affichait avant sa blessure n'est pas entièrement vrai, dans la mesure où il a connu une séquence de cinq revers au début du mois de mars.

Mais c'est toute l'équipe des Predators qui a connu des difficultés. Après avoir flirté avec la tête de l'Association de l'Ouest durant une bonne partie de la saison, ils ont subi, au cours des dernières semaines, une sorte de correction du marché.

Il regarde Price



Rinne a toujours eu de bons résultats contre le Tricolore (3-1-1, moyenne de 1,20 et taux d'efficacité de 95,2%) et se disait motivé à l'idée de l'affronter de nouveau.

«C'est un gars que j'aime regarder et pour lequel j'ai beaucoup de respect», dit-il à propos de Price.

Le gaillard de 6'5 ne se gêne pas pour reconnaître que lorsque les Predators ne jouent pas, il s'assoit devant son téléviseur pour regarder d'autres matchs, particulièrement ceux qui impliquent de bons gardiens.

«Le fait de regarder les meilleurs de la ligue et de voir ce qu'ils font de bien me permet de m'inspirer et parfois d'intégrer de nouveaux éléments à mon jeu, explique-t-il.

«Même par les années passées, Price se distinguait par son approche. Il dégage énormément de calme, et ça donne confiance à ses coéquipiers. Il y a plusieurs détails techniques qui ont un rôle à jouer dans les succès d'un gardien, mais ce que je retiens le plus de lui, c'est sa façon de se comporter ainsi que sa capacité de ralentir le jeu.»

«Incroyable»



À l'image de Price, Rinne repousse les questions relatives au trophée Vézina comme il repousse les rondelles. Mais ses coéquipiers, eux, ne se font pas prier pour mousser sa candidature.

«Ça va se jouer entre Price et lui, reconnaît le défenseur Roman Josi. Ce sont les deux noms qui ressortent. Chose certaine, il mérite d'être en nomination et j'espère qu'il gagnera.

«Il a connu une saison difficile l'an dernier à cause de cette blessure qui lui a fait rater 50 matchs. Mais depuis que je suis dans la Ligue nationale, je le trouve incroyable. À ma première année, il était déjà excellent. Mais cette saison, il a été incroyable. C'est notre joueur le plus important, il a gagné tellement de matchs pour nous...»

«C'est son niveau de compétition, ajoute Filip Forsberg. Il tient à faire tous les deuxièmes et troisièmes arrêts à l'entraînement. Il bataille constamment.»

Quoi qu'il advienne des honneurs individuels, il ne fait aucun doute que Rinne est un immense morceau de cette équipe. Après tout, il a gagné le tiers des matchs dans l'histoire des Predators (201 sur 601), bien loin devant Tomas Vokoun (161).

Duel au sommet devant les buts

Les deux gardiens les plus « gagnants » de la Ligue nationale de hockey se feront face ce soir, à Nashville.

D'un côté, Carey Price, qui a déjà 40 victoires au compteur depuis le début de la saison ; de l'autre, Pekka Rinne, qui arrive juste derrière à ce chapitre, avec 38 victoires à sa fiche.

Dans les deux cas, il s'agit de gardiens qui font déjà partie des discussions pour le trophée Hart et le trophée Vézina. Si la tendance se maintient, on peut présumer que le match de ce soir ne sera donc pas une explosion de buts...

« On parle de deux des meilleurs gardiens de notre circuit, a expliqué l'attaquant Max Pacioretty. Il va falloir tout donner pour marquer des buts et provoquer des occasions de marquer, un peu comme on le fait lors des matchs des séries. »

Les Predators demeurent parmi les clubs de pointe dans l'Association de l'Ouest, mais ils vivent des moments un peu plus difficiles ces jours-ci. L'équipe a une fiche de 3-6-1 à ses 10 derniers matchs, et quelques failles sont apparues dans cette armure qui semblait pourtant bien solide il n'y a pas si longtemps.

« Ils ont eu un peu de mal dernièrement, mais ça demeure une équipe très talentueuse, a expliqué l'attaquant Dale Weise. Ce ne sera pas un voyage facile ; on affronte les Predators en premier, une équipe de premier plan, et ensuite, on doit affronter les Jets [à Winnipeg], une équipe qui lutte pour une place en séries. Ce voyage, c'est un gros défi pour nous. »

RETOUR DE MITCHELL ?

Par ailleurs, l'attaquant Torrey Mitchell, blessé à une épaule lors d'un match contre les Islanders de New York le 14 mars à Uniondale, a obtenu le feu vert en vue d'un retour au jeu.

Selon l'entraîneur Michel Therrien, il pourrait reprendre le collier lors de ce voyage de deux matchs à Nashville puis à Winnipeg jeudi soir. Mitchell, acquis des Sabres de Buffalo à la date limite des transactions, le 2 mars, se dit prêt.

« Cette décision revient à Michel [Therrien], a-t-il fait savoir avant le départ de l'équipe pour Nashville. Je suis un vétéran et quand on va faire appel à moi, je vais répondre présent. »

En cinq matchs complets depuis son acquisition par le Canadien, l'attaquant québécois n'a pas récolté de point.

- Richard Labbé