À 72 ans, Lou Lamoriello fait figure de doyen des directeurs généraux de la Ligue nationale. Pour combien de temps encore? La question est nébuleuse. Mais dans l'antichambre de la LNH, un autre membre de son clan fait également partie des meubles.

C'est Chris Lamoriello, fils de Lou, et directeur général du club-école des Devils depuis 2001. Des 30 DG de la Ligue américaine, un seul possède plus d'ancienneté: Doug Yingst, avec les Bears de Hershey.

«Chris est né dans un environnement de hockey, rappelle Lou Lamoriello. À 6 ans, il était déjà un rat d'aréna. Ça faisait partie de son ADN. En le voyant jouer au collège, en voyant son sens du hockey, ça m'a donné l'idée qu'il pourrait travailler dans le milieu.»

Chris Lamoriello a accédé à cette fonction avant même ses 30 ans, mais pas avant d'avoir parcouru les arénas de l'Amérique du Nord pendant six saisons, en tant que membre du groupe de dépisteurs. «Il ne l'a pas eu facile. Il a commencé au bas de l'échelle», rappelle un membre de l'organisation.

«Il se rapportait d'abord à David Conte (directeur du recrutement), donc il n'y avait pas de relation père-fils dans son travail, précise Lou Lamoriello. Il s'est développé, il a appris à se faire ses propres opinions et n'avait pas peur de les formuler. Son nom de famille n'a jamais été une question, c'est son prénom. Mais en tant que parent, c'est sûr que j'en suis fier.»

Le recrutement fait encore partie des tâches de Chris Lamoriello, au sein d'une équipe qui n'est pas réputée pour être très dépensière. Lors du passage de La Presse à Albany, il était d'ailleurs en voyage pour évaluer des joueurs, si bien qu'il a fallu se résoudre à lui parler au téléphone.

Et malgré les résultats parfois décevants de son équipe, il a gagné le respect de ses pairs.

«Les gens qui font affaire avec lui dans la Ligue américaine l'ont en haute estime. Il sait de quoi il parle. Il est direct et intègre. Tu sais ce qu'il pense, résume Julien BriseBois, directeur général du Crunch de Syracuse. Ses dossiers sont toujours bien préparés.»

Deux équipes, une organisation

Si Chris Lamoriello a tracé sa propre voie, il gère tout de même son équipe en harmonie avec celle du paternel.

Ainsi, à Albany ou à Newark, les règlements d'équipe sont les mêmes. La barbe n'est pas tolérée, du moins en saison, et tous les joueurs sont tenus de porter un numéro inférieur à 40. À l'exception, bien sûr, de joueurs pour qui ce n'est pas négociable, comme un certain 68...

«Tu fais partie d'une même organisation, que ce soit au New Jersey ou à Albany, que tu sois dépisteur, joueur ou soigneur, rappelle Chris Lamoriello. Quand tu en fais partie, tu dois respecter certains standards. On croit que c'est la bonne chose et on a démontré avec le temps que c'est pertinent d'agir ainsi.»

Quel avenir?

La question de l'avenir des Lamoriello est plus pertinente que jamais. Il y a quelques années, il semblait logique de croire que Chris Lamoriello était en position de succéder à son père.

Mais voici. Malgré son âge vénérable, Lou Lamoriello ne semble pas en voie de lever le pied. On en a eu un récent exemple quand il s'est amené derrière le banc des Devils après avoir congédié l'entraîneur-chef Peter DeBoer au lendemain de Noël.

D'un autre côté, on peut se demander si Lamoriello sera en position de choisir son successeur, puisque son équipe risque de rater les séries pour une troisième saison de suite, après avoir atteint la grande finale en 2012. C'est sans oublier la relève de l'équipe, qui ne suscite guère l'enthousiasme.

La semaine dernière, le collègue de Sportsnet Nick Kypreos faisait état de l'intérêt des propriétaires de l'équipe envers Adam Oates, qui le verraient DG des Devils. Oates fait partie du comité d'entraîneurs des Devils cette saison.

Chris Lamoriello, lui, souhaite simplement éviter de faire des vagues.

«Si quelqu'un pense que j'ai les habiletés pour devenir DG dans la LNH, je vais regarder ça. Mais en ce moment, je me concentre à aimer ce que je fais. Tu me demandais ce que j'ai appris de Lou. Il y a ceci: si tu fais ce que tu fais au moment où tu dois le faire, le succès viendra tout seul.

«Ma priorité est d'aider les Devils à gagner une autre Coupe Stanley, peu importe dans quel rôle. Si j'obtiens plus de responsabilités, tant mieux. Mais les Devils, c'est tout ce que j'ai connu. J'espère rester un Devil pour la vie.»