Une tristounette chanson country joue dans le vestiaire des Sabres alors que les joueurs reviennent un à un de l'entraînement matinal. Une musique qui évoque un baluchon qu'on traîne un peu partout, ou qu'on imaginerait jouer en sourdine dans un pick-up qui traverse la plaine.

Au fond du vestiaire, Drew Stafford fixe le vide, perdu dans ses pensées.

L'ailier droit de 29 ans deviendra joueur autonome à la fin de la saison et il sait très bien qu'il est l'un des principaux candidats pour changer d'adresse d'ici la date limite des transactions, dans un mois (2 mars).

«On est réalistes, les gars comprennent qu'il y aura des changements au cours du prochain mois», admet Stafford.

En fait, selon Stafford, cela fait deux ans que sa femme et lui se préparent à cette éventualité. Le couple a eu un bébé il y a trois semaines à peine, et ça ne simplifie pas la situation.

«C'est une réalité de notre profession que de rester prêt pour ce genre de chose. Nos familles comprennent ça. C'est certainement plus facile pour un jeune célibataire de changer d'adresse que pour un vétéran qui a des enfants et ses attaches dans une ville...»

Mais en attendant de voir quel sort la direction lui prépare, Stafford se dit davantage préoccupé par le fait d'aider les Sabres à sortir de leur léthargie.

«Je n'ai pas de mots pour décrire ce qui nous arrive depuis 13 matchs.

- 14.

- Ouf, 14. C'est à nous de rester professionnels et de donner tout ce qu'on a. Mais ça devient de plus en plus difficile de parler de ce genre de chose. Je veux juste gagner!»

Stewart saisit le message

L'entraîneur-chef Ted Nolan s'assure depuis le début de la saison que le coeur et l'effort ne sont pas compromis malgré les défaites qui s'accumulent. Il serre la vis devant ceux qui se laissent aller ou qui semblent se décourager. Mais en même temps, il tente d'encourager les vétérans en fin de contrat à lui donner leur maximum, en leur faisant miroiter... un départ de Buffalo.

«On a des joueurs qui pourraient être très utiles à des équipes qui vont participer aux séries, et je suis pas mal sûr qu'ils sont anxieux et qu'ils y pensent tous les jours, a admis Nolan. Je l'ai mentionné à quelques-uns d'entre eux: la seule manière qu'ils pourront voir cette possibilité se matérialiser, ce ne sera pas en espérant, mais en s'arrangeant pour que ça se produise.»

Chris Stewart semble avoir saisi le message.

L'énigmatique attaquant de puissance s'est secoué les puces en inscrivant huit points à ses neuf derniers matchs (avant le match d'hier). Au sein de l'équipe qui a le plus de difficulté à marquer des buts dans toute la LNH, ce n'est pas rien.

«Si je veux augmenter ma valeur, je dois produire davantage, avoue-t-il. C'est l'une des raisons pour lesquelles on m'avait amené ici. Ça se passe bien depuis cinq ou dix matchs. Je fonce au filet et j'essaie de créer de l'espace pour Zemgus Girgensons et Tyler Ennis. Je veux être là pour récupérer les retours de lancer.»

Le colosse de 27 ans avait marqué 28 buts et amassé 64 points lors de la saison 2009-2010 de l'Avalanche du Colorado. Mais après que l'Avalanche l'eut échangé aux Blues de St. Louis dans une transaction impliquant Kevin Shattenkirk et Erik Johnson, il n'a plus jamais été le même offensivement.

Stafford et Stewart, deux joueurs dont la carrière n'a pas été à la hauteur de leurs atouts, sont les noms qui reviennent le plus souvent. Mais il est clair que les autres formations survolent aussi le vestiaire des Sabres comme des vautours dans l'espoir d'accaparer le jeune défenseur Tyler Myers.

Ce serait toutefois très surprenant de le voir partir.

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Gorges compare Price à Crosby et Stamkos

Josh Gorges ne peut plus témoigner du brio de Carey Price d'aussi près qu'avant, mais il en sait suffisamment sur son ancien coéquipier et ami pour rappeler que le parcours de Price à Montréal a été parsemé d'embûches... et qu'il a su les surmonter. 

«C'est le jour et la nuit entre la première année où nous avons joué ensemble et la dernière, a dit le défenseur de 30 ans. Il a tout traversé. Il a dû faire face à plus d'adversité qu'on ne pourrait l'imaginer. Quand il est arrivé à 20 ans, on a mis tout le poids du monde sur ses épaules, dans l'espoir qu'il porte l'équipe. Les attentes à son endroit étaient bien trop grandes pour un jeune de son âge. Par moments, ça l'a perturbé. Mais à mesure qu'il a acquis de l'expérience, il a beaucoup appris.

«Il a su tirer le meilleur parti possible de chaque situation et est demeuré un vrai professionnel, a poursuivi Gorges. Il n'a jamais baissé les bras et fait ses valises. Il n'a fait que redoubler d'efforts. Ça démontre son caractère et son leadership. Et ça explique quel genre de joueur il est aujourd'hui.»

L'arrière des Sabres n'hésite pas à déclarer que Price fait partie de l'élite de la LNH aux côtés de joueurs de position comme Sidney Crosby.

«Quand on pense aux supervedettes, la première chose qui nous vient en tête, c'est qu'il s'agit de joueurs qui changent le cours des matchs, soutient Gorges. Et Carey change le cours des matchs. Je suis sûr qu'il en a volé quelques-uns, cette année. Il a la capacité de le faire lorsque l'équipe devant lui joue moins bien.

«Et en cela, il n'est pas différent de Crosby ou de Stamkos: quand ça ne va pas, il va s'imposer et faire la différence.»