Les débuts de match du Canadien font grincer des dents depuis le début de la saison. Si l'équipe réussit souvent à remonter la pente, elle en a été incapable, jeudi soir.

Les Sénateurs l'ont emporté 4-1 sur le Tricolore, un match que les hommes de Michel Therrien ont tout simplement entrepris avec 25 minutes de retard.

> Le sommaire du match

Le CH subit donc une troisième défaite à ses quatre derniers matchs, des revers marqués par l'impotence de l'avantage numérique. Blanchis à quatre occasions jeudi, les Montréalais présentent une fiche de 0 en 11 avec l'avantage d'un homme au cours de ces trois défaites. Et c'est justement le déblocage de l'attaque à cinq qui leur a permis de l'emporter mercredi à Columbus.

Les Sénateurs, eux, commencent du bon pied une séquence de 15 matchs, dont 12 à domicile, qui représente leur dernière chance de se replacer dans la course aux séries. Ils affichent un rendement de 7-6-3 depuis que Dave Cameron a remplacé Paul MacLean derrière le banc.

Faux départ

Il n'y avait que 69 secondes d'écoulées que les Sénateurs s'inscrivaient déjà à la marque. Mika Zibanejad a saisi un retour pour faire 1-0, un but inscrit après une mise au jeu provoquée par un dégagement refusé un peu maladroit de Lars Eller. Jean-Gabriel Pageau, en fin de période, a aussi touché la cible pour les hommes de Dave Cameron, qui ont écrasé le CH 20-6 aux tirs au but. 

Aussi bien parler de la pire période de la saison des Montréalais. Il a d'ailleurs fallu attendre près de cinq minutes avant de voir un premier joueur du Canadien, Jiri Sekac, franchir la ligne rouge en possession de la rondelle. Et une des rares présences en zone adverse a pris quand Sergei Gonchar a passé vers la ligne bleue, pendant que le destinataire du relais, Tomas Plekanec, était parti au banc pour un changement. Quand rien ne fonctionne...

Cela dit, le pointage n'était pas catastrophique pour le Canadien. Une faiblesse de Craig Anderson a permis à Max Pacioretty d'inscrire les siens au pointage à la 15e minute, si bien que les Sénateurs menaient seulement par un but.

Avec ce but, Pacioretty est devenu le premier joueur du Canadien à marquer un but dans six matchs de suite depuis Denis Savard en 1991.

Les Sénateurs ont creusé l'écart en période médiane, grâce au huitième filet cette saison du défenseur Erik Karlsson, venu appuyer l'attaque.

Les plus positifs diront que le Canadien s'est nettement mieux débrouillé en deuxième période, qu'il a dominée 14-7 aux tirs au but. Une chance de marquer de Jiri Sekac, tôt dans la période, a insufflé un brin d'énergie au bleu-blanc-rouge.

Les plus pessimistes rappelleront toutefois que l'équipe a bénéficié de quatre avantages numériques, et qu'il est un peu gênant qu'elle n'en ait pas profité. Pour reprendre l'analogie de Michel Therrien, c'était congestionné sur la 20 comme sur la 40...

Anderson n'a guère été menacé au dernier vingt, à l'exception d'une incursion de Brendan Gallagher tôt dans la période. Il y a bien eu quelques feintes de P.K. Subban, mais elles n'ont mené à rien. Le numéro 76 a connu une deuxième soirée difficile de suite, mais pourra au moins se consoler en se disant qu'il a évité le banc des pénalités...

Erik Condra a finalement abrégé les souffrances du Tricolore en assénant le coup de grâce dans un filet désert.

Hommage aux champions

Avant le match, les Sénateurs ont rendu hommage à l'équipe canadienne junior, médaillée d'or au dernier Championnat du monde. L'entraîneur-chef de l'équipe, Benoît Groulx, a été présenté à la foule, et fait une chaleureuse accolade au centre des Sénateurs et capitaine d'ÉCJ, Curtis Lazar.

Le Canadien reprend l'action samedi avec la visite à Montréal des surprenants meneurs de la Division métropolitaine, les Islanders de New York.

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Ils ont dit

> Max Pacioretty: «On était amorphes. On n'avait pas d'excuses. On affrontait une équipe désespérée qui se bat pour sa survie, avec des joueurs qui veulent impressionner le nouvel entraîneur. On aurait souhaité bâtir sur notre troisième période d'hier.»

> Max Pacioretty, sur le fait qu'il a marqué un but dans six matchs de suite: «J'aimerais mieux gagner. C'est une séquence difficile. On a perdu trois des quatre derniers matchs. On fait ce qu'on peut pour aider l'équipe à gagner. Mais si je n'aide pas dans d'autres aspects, ce n'est pas aussi valorisant. Je veux marquer, mais aussi aider d'autres façons.»

> Michel Therrien: «Sur le premier but, on a fait un dégagement refusé pour rien. On a perdu la mise au jeu, notre couverture n'était pas adéquate. Ce sont les détails, on n'était pas prêts en première période.»

> Lars Eller: «On a eu d'autres séquences de deux matchs en deux soirs cette saison. Ce n'est pas la raison de notre défaite.»

> Erik Karlsson: «Nous étions heureux de rentrer à la maison après avoir passé une éternité sur la route. Nous avions donc de l'énergie en début de match. Ils en avaient moins. Nous avons mis la pédale au plancher dès le départ et nous n'avons jamais lâché. Nous n'avions pas disputé un match complet comme celui-là depuis longtemps.»

> Dave Cameron, au sujet de Jean-Gabriel Pageau: «Le Canadien fait ressortir ce qu'il y a de meilleur chez lui. Il vient de Gatineau, affronter Montréal doit être quelque chose de très excitant pour lui. Moi, en tout cas, je suis content pour lui. Je suis content qu'il ait enfin été récompensé en inscrivant quelques points.»

> Craig Anderson: «On me donne parfois trop de crédit dans la victoire. Ce soir, mes coéquipiers ont fait une large part du travail. Les joueurs du Canadien ont eu beaucoup de difficulté à se rendre jusqu'à mon filet.»

Propos recueillis par Guilaume Lefrançois et Sylvain St-Laurent, Le Droit