Pour la deuxième fois cette saison, le Lightning de Tampa Bay a ramené le Canadien sur terre.

La première fois, la bande à Steven Stamkos avait mis fin à la séquence de trois victoires des Montréalais en les massacrant 7-1, le 13 octobre.

Cette fois, c'est une séquence autrement plus impressionnante - six victoires de suite, dont cinq à l'étranger - que le Lightning a interrompue. Et il l'a fait de façon convaincante, en l'emportant 4-2, mardi soir, à Montréal, pour prendre seul le premier rang de l'Association de l'Est.

Le sommaire du match

Au total, les hommes de Jon Cooper ont donc dominé le Tricolore 11-3 en deux matchs jusqu'ici. Une bonne façon de rappeler au CH qu'il ne balaiera pas la série comme ce fut le cas l'an dernier si les deux équipes se retrouvent au printemps prochain. 

Le Lightning met aussi fin à une séquence de 10 matchs de suite au cours desquels la défense montréalaise a accordé deux buts ou moins.

De trop longs passages à vide

On dit souvent qu'un premier match à la maison après un long voyage peut être dangereux. Que ce soit ou non pour cette raison, le Canadien ne jouait clairement plus avec l'aplomb démontré au cours du dernier périple. En fait, il a fallu attendre 15 minutes avant de revoir cet aplomb.

David Desharnais et Dale Weise ont d'abord obtenu chacun une chance de marquer dans un intervalle de 20 secondes. Puis, Weise a fait dévier un tir de Tomas Plekanec pour ouvrir la marque. C'était un premier but depuis le 20 novembre pour le Manitobain, une disette de 18 matchs.

Avant cette présence, le Tricolore avait été limité à un seul tir dans les 14 premières minutes de la période, un tir d'Alex Galchenyuk décoché après... 13 minutes de jeu! 

Des punitions à P.K. Subban et à Jiri Sekac ont privé l'équipe de tout rythme. Et le CH a été incapable de générer quoi que ce soit pendant ses deux avantages numériques de la période initiale, hormis un tir d'Andrei Markov qui a longé la ligne rouge et qui a frappé les deux poteaux. C'était si proche que la lumière rouge derrière le but a scintillé.

L'entracte a freiné tout élan que le CH aurait pu soutirer de ce but. Les visiteurs ont en effet explosé avec quatre buts en période médiane. J.T. Brown, sur un retour de tir de Jonathan Drouin, a lancé le bal.

Tyler Johnson a touché la cible à deux reprises, les deux fois en avantage numérique. La première de ces deux supériorités numériques a été obtenue en raison d'une punition un brin inutile de Subban, qui était au banc des siens quand il a asséné un coup de bâton à Brett Connolly. Ce dernier a d'ailleurs signé l'autre réussite des Floridiens.

C'était 4-1 Lightning après 40 minutes, et à voir la façon dont jouait le Canadien, c'était presque surprenant de voir Carey Price toujours devant son filet en début de troisième.

Si Michel Therrien n'avait pas abandonné, c'était à se demander s'il en était de même pour ses joueurs, qui ont rarement paru aussi désorganisés qu'en ce début de troisième tiers. Stamkos et Nikita Kucherov ont d'ailleurs réussi des feintes qui rappelaient pratiquement des séquences de match des étoiles qui semblent parfois un peu trop «faciles».

Max Pacioretty a beau avoir marqué à la sixième minute de la période, ça n'a pas été suffisant pour orchestrer une remontée. Il y a eu cet avantage numérique en fin de période, mais quand Sergei Gonchar brise son bâton sur un bête tir sur réception, c'est bien la preuve que la proverbiale rondelle ne roulait pas pour le Canadien.

L'équipe bénéficie maintenant de trois jours de congé pour panser ses plaies et surtout, se préparer pour un autre duel relevé, cette fois contre les Penguins de Pittsburgh, samedi.

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Ils ont dit

> Michel Therrien: «Quand tu donnes quatre buts en deuxième période, tes chances de succès sont très minces. Il faut qu'on joue pendant 60 minutes. On n'a pas été suffisamment compétitifs et les unités spéciales n'ont pas fait le travail. C'est un match à oublier. À nous de revenir plus fort au prochain.»

> Max Pacioretty: «C'était au groupe de leaders que revenait la tâche de s'assurer qu'on amorce le match avec intensité après notre retour de voyage. On venait de battre Pittsburgh et ç'aurait été un message assez significatif si l'on avait pu revenir chez nous et battre Tampa. Sauf qu'on ne s'est pas présentés pour la moitié du match. Face à un adversaire qui possède autant de talent, on ne gagnera pas beaucoup de matchs de cette façon.»

> Dale Weise, troisième étoile du match: «Le but de Johnson en avantage numérique était de toute beauté, et quelques instants plus tard, ils ont marqué sur un mauvais changement dont je me tiens responsable. On a fait des erreurs qui allaient nous coûter cher contre une aussi bonne équipe.»

> P.K. Subban: «C'est difficile d'être trop critique, car on a fait tant de choses positives récemment. Mais ce soir, on a fait plusieurs choses qui n'allaient pas nous aider à remporter le match. Et ça commence avec la discipline. Ce n'est pas une question de X et O. Il fallait qu'on soit combatifs comme ils l'ont été.»

> Brett Connolly, sur la séquence qui a mené à la deuxième punition de Subban: «Je n'ai aucune idée de ce qui s'est passé. J'ai juste levé la tête, j'ai vu que Markov avait la rondelle, donc je voulais terminer ma mise en échec. Puis je suis rentré au banc. J'étais beaucoup plus inquiet pour mon pied, honnêtement! [...] L'avantage numérique qui a suivi est venu au bon moment.»

> Jon Cooper, entraîneur-chef du Lightning, à propos de la fiche de 16-0-0 du Canadien (avant mardi soir) lorsqu'il marque le premier but: «On n'en a pas parlé avant le match, sinon les joueurs se seraient dit: on va leur donner un but pour mieux briser la séquence! Mais on en a parlé un peu après la première période pour motiver les joueurs. C'est dur de remonter contre eux, surtout avec le gardien qu'ils ont.»

> Dale Weise: «David [Desharnais] est particulièrement impressionnant pour un gars qui n'a pas joué beaucoup à l'aile dans sa vie. Il fait de bons jeux. J'ai aimé notre trio ce soir. On a créé des choses en attaque, on était rapides, et c'est dommage que les punitions aient ralenti notre rythme, car nous étions dangereux.»

Propos recueillis par Marc Antoine Godin et Guillaume Lefrançois