L'union entre le Canadien et le défenseur Bryan Allen pourrait avoir été de courte durée. S'il n'est pas réclamé au ballottage mardi midi, il sera cédé aux Bulldogs de Hamilton. La majeure partie de son salaire de 3,5 millions continuera d'être incluse à la masse salariale du Tricolore, mais c'est un risque qu'était prêt à courir Marc Bergevin lorsqu'il a fait son acquisition des Ducks d'Anaheim au mois de novembre.

Après tout, Rene Bourque croupissait lui-même dans la Ligue américaine et l'équipe aurait traîné son salaire pour une autre saison si les Ducks ne s'étaient pas manifestés. Allen, quant à lui, deviendra joueur autonome à la fin de la saison.

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«On est bons amis depuis nos années en Floride et j'étais content de le voir arriver ici», a indiqué le défenseur Mike Weaver, qui a passé les dernières semaines à faire des heures supplémentaires en compagnie d'Allen.

«C'est dommage qu'un bon gars comme ça se retrouve au ballottage.»

C'était pourtant inévitable. À moins de blessures, l'arrière de 34 ans n'allait plus bénéficier d'une utilisation régulière, et les ménages à huit défenseurs ne favorisent pas l'emploi de tout le personnel. Son acquisition était un judicieux calcul comptable plus qu'autre chose.

«On veut lui donner l'occasion de jouer», a élégamment affirmé Michel Therrien, lundi.

À moins qu'une équipe en mal de défenseurs comme les Jets de Winnipeg ne lui fasse signe, c'est donc à Hamilton qu'Allen ira jouer.

Weaver pâtit tout autant

Spontanément, un peu tout le monde a vu la décision de soumettre Allen au ballottage comme une marque de confiance supplémentaire envers Nathan Beaulieu.

Or, le principal intéressé ne le voit pas de cette façon.

«Honnêtement, je ne fais pas de lien entre sa situation et la mienne, a dit Beaulieu. Les choses changent à une vitesse folle. Il pourrait y avoir cinq nouveaux défenseurs ici demain matin. C'est une décision qu'a prise l'état-major et je ne pense pas qu'elle ait un impact sur moi.»

Si quelqu'un est davantage victime des succès de Beaulieu, c'est probablement Weaver.

Tout comme Allen, Weaver était blessé lorsqu'il a vu le jeune défenseur être rappelé par le Canadien. L'acquisition de Sergei Gonchar, un défenseur à l'aise du côté droit, l'avait déjà mis en péril. Mais la progression de Beaulieu a fini par avoir raison de son poste régulier.

Depuis le rappel de ce dernier, Weaver n'a pas disputé un match.

Mais le doyen de la formation, bon joueur d'équipe, garde le moral malgré tout et n'a rien perdu de son sens de l'humour.

«Les vétérans partagent leur expérience avec les plus jeunes... et après, ceux-ci s'enfuient avec!», a lancé Weaver en s'esclaffant.

Ne plus juste survivre

Après la transaction qui a amené Gonchar à Montréal, Beaulieu avait commenté le renvoi de Jarred Tinordi à Hamilton en se disant qu'il avait «la chance de survivre un jour de plus avec l'équipe». Or, Beaulieu allait subir la même rétrogradation quelques jours plus tard.

L'arrière de 21 ans s'est maintenant débarrassé de ce discours fataliste, de cette épée de Damoclès qu'il avait toujours au-dessus de la tête.

«On ne peut pas jouer en ayant peur de faire des erreurs, fait-il valoir. Il faut être là pour faire des jeux. C'est ce que je fais maintenant. Je ne fais plus juste essayer de survivre.»

Beaulieu sait qu'il fera des erreurs. Mais il se sent mieux équipé pour bien réagir et éviter de se laisser démonter par celles-ci.

Ce qui l'aide, c'est que Therrien lui donne désormais plus de latitude. Ce n'est plus la galerie de presse au moindre faux pas.

Mais a-t-il une meilleure marge de manoeuvre parce qu'il a gagné en confiance ou a-t-il gagné en confiance parce qu'il a plus de marge de manoeuvre?

«Ah, ça, c'est le principe dans l'annonce de la saucisse Hygrade: "plus de gens en mangent parce qu'elles sont plus fraîches", a répondu Therrien. Plus un joueur joue bien, plus sa confiance est là, et plus il est confiant, mieux il va jouer.

«Le fait de prendre de bonnes décisions et d'afficher de l'intensité sans pour autant chercher à trop en faire, ça l'aide à gagner en confiance. Du même coup, il gagne celle de ses coéquipiers et des entraîneurs.»