Avant que le vestiaire du Canadien ne soit rénové, il y avait, à un mur directement devant Carey Price, un classement mis à jour de l'Association de l'Est qui lui rappelait sans cesse où se situait était le Canadien.

Il hochait parfois la tête en direction de ce tableau lorsque l'équipe ne jouait pas assez bien à son goût ou lorsque le CH affrontait une formation qui gagnait du terrain.

Cette année, de la façon dont le vestiaire a été redessiné, il n'y a plus de tableau devant Price.

Et ça convient tout à fait à l'esprit «un match à la fois» auquel il s'astreint désormais.

«Je ne sais même pas à quel rang nous sommes», nous a-t-il confié, samedi soir, après la victoire de 4-1 aux dépens des Penguins de Pittsburgh.

On cherchait à savoir si le fait que le premier rang de l'Association de l'Est était à l'enjeu pouvait avoir été une source de motivation supplémentaire pour le Tricolore.

«Ça vous montre à quel point c'est futile», a répliqué le gardien de 27 ans.

Alors, non, le fait que le Tricolore ait temporairement coiffé les Penguins au sommet de l'Est en ce début d'année 2015 ne signifiait pas grand-chose. Ce n'était qu'une victoire - une de plus -, et la route se poursuit.

Les Canadiens sont là

Le Canadien a un style qui ne plaît pas à tous, mais il lui est fidèle et, surtout, il affiche beaucoup de constance dans son jeu. Aucune séquence de défaites n'a duré plus de trois matchs cette saison, et il y a, chez ce club, un côté infatigable qui ne se dément pas.

Même durant la période où il terminait constamment la première période en déficit, rarement a-t-on pu dire que le CH «ne s'était pas présenté».

Les Canadiens sont là!

«Il y a un bel esprit d'équipe - un bel esprit de famille - au sein de ce groupe-là, observe Michel Therrien. On voit qu'ils ont du plaisir ensemble et ça paraît énormément sur la patinoire.»

Meilleur à forces égales

Le CH a amélioré de manière significative ses performances à forces égales au cours du dernier mois.

Il a toujours affiché un différentiel de buts positif à cinq contre cinq depuis le début de la saison, mais ça semblait menacé le 6 décembre dernier, alors qu'il n'affichait plus qu'un différentiel de +1 (53-52).

Or, dans les 11 matchs suivants, son rendement à égalité numérique n'a été rien de moins que dominant (19-5). C'est d'ailleurs la colonne des buts accordés qui procure le plus de satisfaction à Michel Therrien.

Avant le match contre les Penguins, on l'a questionné à propos du jeu d'Alexei Emelin. L'entraîneur a répondu que donner publiquement des bulletins sur chaque joueur serait un exercice sans fin.

«Je regarde l'équipe, a-t-il plutôt plaidé. Notre brigade défensive, que tout le monde questionnait en début d'année et présentait comme une grosse faiblesse, est première dans l'Est à l'heure où l'on se parle. Ce n'est pas si mal.»

Cela dit, les joueurs sont les premiers à reconnaître qu'une bonne part de ces succès réside dans le travail de Carey Price. Ils savent qu'ils s'en sont trop souvent remis à lui pour l'emporter. Comme l'an dernier. Et l'année d'avant.

«La majorité des meilleures équipes ont des gardiens de premier plan qui sont constants et qui nous donnent une chance de gagner chaque soir, a soutenu P.K. Subban samedi. On s'attend à cela de Carey, c'est un gardien d'élite, et ça ne me surprend pas.»

Or, si les joueurs étaient si heureux de la victoire contre les Penguins, s'ils disaient avoir joué au cours des derniers jours leur meilleur hockey de la saison, c'est que malgré les 30 arrêts de Price, ils n'ont pas eu à se rabattre sur lui pour gagner.

La manière ou le résultat?

Sur le plan de la possession de rondelle, l'équipe s'est améliorée par rapport à l'an dernier, mais elle continue d'une certaine manière à défier les pronostics. C'est une équipe qui est toujours sous la barre des 50% de possession (49,4%), qui concède en moyenne trois lancers de plus par match qu'elle n'en enregistre et qui finira encore cette année parmi les équipes de tête sur le plan des tirs bloqués.

Mais les chiffres disent-ils toujours la vérité?

Encore samedi, les tirs des Penguins qui ont raté la cible et les 18 que le CH a bloqués ont gonflé les statistiques des Penguins. Est-ce que cela signifie pour autant que le Canadien était submergé? Si l'on se fie à l'entraîneur-chef des Penguins, ce n'est pas le cas. Mike Johnston a déploré le fait que le Tricolore avait embouteillé son club en zone neutre à compter de la deuxième période...

Sous Jacques Martin, c'était le «processus» qui était important. De nos jours, «ce n'est pas la manière, c'est le résultat».

Choisissez votre école de pensée. L'important, c'est que le Canadien gagne des matchs...