Depuis l'été dernier, on a souvent entendu l'état-major du Canadien dire que l'équipe était en transition, qu'il fallait faire confiance aux jeunes et qu'elle était prête à vivre avec leurs erreurs. Quitte à faire un pas en arrière pour mieux avancer par la suite.

Dans cette optique, échanger Josh Gorges l'été dernier était une marque de confiance à l'égard des jeunes défenseurs. Couper les ponts avec Francis Bouillon au terme du camp d'entraînement en était une autre.

Or, le Tricolore a acquis mardi les services du défenseur le plus âgé de la LNH, Sergei Gonchar. Visiblement, le virage jeunesse ne se déroule pas comme prévu. Après une quinzaine de matchs, «vivre avec les erreurs» des jeunes semble désormais moins facile.

«L'été, on planifie nos affaires en pensant à ceux qui, en fonction de la saison précédente, ont la meilleure chance de se tailler un poste avec nous, a expliqué Michel Therrien. On leur donne ensuite des opportunités, et c'est à eux de les saisir.

«Si l'on voit que c'est plus difficile, il faut s'ajuster.»

L'entraîneur-chef a fait valoir que le fait de s'établir dans la LNH était un long processus pour les jeunes défenseurs, à moins qu'il s'agisse de talents exceptionnels. Pour eux, s'ajuster au rythme de la LNH n'est pas toujours une mince affaire.

À la lumière du renvoi de Jarred Tinordi chez les Bulldogs de Hamilton, mercredi matin, la question se pose: comment un joueur peut-il s'habituer au tempo de la Ligue nationale en jouant dans la Ligue américaine?

Après une longue pause, Therrien a finalement répondu que la roue tournait, entre la capacité d'un athlète à jouer à un certain niveau, sa faculté à prendre de meilleures décisions, l'augmentation de sa confiance et la démonstration qu'il est de plus en plus prêt à passer à l'échelon supérieur.

«La Ligue nationale, ce n'est pas une ligue de développement, a toutefois précisé Therrien. On se doit de développer des gars et de se montrer patients à leur égard... jusqu'à un certain point. Mais lorsqu'on voit souvent les mêmes erreurs parce que la confiance du jeune est affectée, c'est là qu'on peut lui faire mal.

«On ne veut pas les perdre, ces jeunes-là. Mais ce n'est pas en les renvoyant dans la Ligue américaine qu'on va les perdre.»

Gonchar jouera-t-il?

Le Tricolore ne gagnerait rien à jouer au yo-yo avec Tinordi et Nathan Beaulieu. Il pourrait «les perdre», comme dit Therrien, en les faisant jouer au jeu de serpents et échelles.

«C'est difficile de toujours monter et descendre, mais moi, j'ai la chance de survivre un jour de plus avec l'équipe, a constaté Beaulieu. Je dois m'améliorer tous les jours. Si j'ai une autre chance de jouer, je devrai prouver que j'ai ma place ici.»

L'arrière de 21 ans pourrait affronter les Bruins de Boston, jeudi soir, si jamais Gonchar et Therrien, autour d'un bon café, décident jeudi matin que le vétéran russe a besoin d'une journée de plus avant d'être prêt à sauter dans le bain tricolore.

Mais Beaulieu est clairement celui qui a la laisse la plus courte.

N'est-ce pas difficile de jouer en étant toujours entre deux chaises, sans jamais savoir si un poste lui est destiné?

«Tous les joueurs devraient se rappeler que personne n'est à l'abri, nous a répondu Beaulieu. Ça aide à rester humble et à demeurer à l'affût. Ce n'est pas nécessairement quelque chose de mal, car ça nous force à continuer de travailler fort.»

Bon prince, l'arrière offensif salue l'arrivée de Gonchar et est enthousiaste par rapport à ce qu'il pourrait apporter au Canadien.

«C'est quelqu'un de qui je peux apprendre beaucoup», a-t-il ajouté.

«Je dois m'accrocher»

Du reste, Beaulieu reconnaît que son début de saison ne cadre peut-être pas avec les aspirations que Marc Bergevin avait pour lui en début d'année. Et il encaisse sans broncher les critiques du DG formulées mardi en conférence de presse.

«Les points ne sont pas au rendez-vous, et c'est difficile de gagner en confiance dans ce temps-là. Mais c'est quelque chose que tous les joueurs vivent à un moment ou l'autre. Je dois m'accrocher, je suis sûr que ça va finir par débloquer.»

Quant à Tinordi, il a rejoint les Bulldogs en prévision d'un voyage de deux rencontres à Terre-Neuve.

En 9 matchs avec le Canadien, l'arrière de 22 ans a récolté 2 mentions d'aide, affiché un différentiel de -5 et joué en moyenne 12:01 par rencontre.