Marc Bergevin a décidé de s'attaquer immédiatement à un problème qui serait devenu encore plus épineux s'il avait retenu Travis Moen au sein du Canadien.

Samedi dernier, le New York Post dévoilait que la LNH, touchée par la dévaluation du dollar canadien (qui a perdu six cents par rapport à la devise américaine depuis le 1er juillet), n'allait peut-être pas hausser le plafond salarial, l'an prochain.

Les projections initiales envisageaient un plafond salarial autour de 74 ou 75 millions pour la saison 2015-2016. Or, les cibles de revenus risquent de ne pas être atteintes, et ce, même si une portion des recettes du contrat de télévision conclu avec Rogers ne sera comptabilisée que l'an prochain.

Quel serait l'impact d'un plafond salarial qui demeurerait à 69 millions?

Dans la foulée du départ de Moen, le Tricolore aurait 13 millions à sa disposition pour embaucher 9 joueurs. C'est une moyenne de 1,4 million à accorder à chaque joueur. Et il faut noter que si Rene Bourque ne trouve pas preneur d'ici là, le Tricolore pourrait bien racheter son contrat, ce qui réduirait de 1,67 million sa marge de manoeuvre... sans qu'il ait pourvu un poste de plus.

Treize millions pour neuf joueurs, c'est mieux que les miettes dont les Blackhawks de Chicago et les Flyers de Philadelphie devront se satisfaire, mais c'est quand même bien peu.

D'autant qu'Alex Galchenyuk et Brendan Gallagher convoiteront de généreuses augmentations l'été prochain. S'il a les mains liées en raison du plafond salarial, le Canadien pourrait être incapable de leur faire signer des contrats à long terme et tenterait alors d'inciter ses deux jeunes attaquants à signer des contrats de transition.

Dans ce contexte, le départ de Moen a donné un peu d'oxygène à Bergevin, car il reste au contrat de Moen une saison de plus à 1,85 million.

L'espace qu'avait gagné le Canadien cet été en échangeant Josh Gorges a en partie été utilisé pour mettre la main sur le coûteux Sergei Gonchar. À la différence que le vieux défenseur sera libre comme l'air, l'été prochain.

«Chaque année, le plafond salarial me préoccupe, a expliqué Marc Bergevin. En tant que DG, je peux dire qu'on ne sait jamais. Ce n'est pas comme s'il était prédéterminé pour trois ans.»

«Il faut se donner des atouts dans notre jeu, a-t-il ajouté. On ne sait pas si le plafond va monter ou non, mais on se prépare en conséquence.»

Une augmentation de 5%

Les revenus de la ligue baissent en raison de la chute du dollar canadien et parce que la ligue a choisi de présenter deux matchs en plein air, cette saison, au lieu de six. Mais parallèlement à cela, le New York Post avance que l'Association des joueurs, déjà contrainte de déposer 14% de ses salaires en compte séquestre (escrow), pourrait renoncer à la hausse de 5% du plafond salarial à laquelle elle a droit chaque année.

L'escrow est une ponction du salaire des joueurs servant à s'assurer que les salaires ne dépassent pas 50% des revenus de la ligue. Si la ligue se rend compte que les revenus ne sont pas au rendez-vous, une part du compte séquestre est retenue par les propriétaires.

L'ancien joueur Mathieu Darche, qui a été à la table de négociations lors de la dernière convention collective, doute que ces deux éléments empêchent le relèvement du plafond salarial.

«Moi-même, au début, je me demandais pourquoi les joueurs accepteraient une augmentation du plafond salarial si c'était juste pour payer plus d'escrow, a convenu Darche. Mais ce n'est pas comme ça que l'Association des joueurs fonctionne. Sa philosophie est de dire aux membres: d'autres dans le passé ont voté pour 5% afin qu'il y ait plus d'argent sur le marché des joueurs autonomes. Aujourd'hui, ceux qui ont leur contrat doivent retourner l'ascenseur et appuyer ceux qui s'apprêtent à leur tour à devenir joueurs autonomes.

«Les gars comprennent ça et il n'y a pas de division entre eux. J'ose donc croire que le plafond salarial va au moins augmenter de 5%.»