«Deux bonnes semaines ne font pas de nous des prétendants à la Coupe.»

L'entraîneur-chef des Jets de Winnipeg, Paul Maurice, voulait prévenir tout le monde et tempérer l'enthousiasme de ceux qui croient assister à la grande émergence des Jets.

Ce soir, contre le Canadien, ils tenteront de prolonger à neuf leur série de matchs avec au moins un point (6-0-2), ce qui égalerait un record de concession établi en 2005-2006.

«Nous en sommes encore au stade très préliminaire de notre progression, convient Maurice. On a connu deux semaines difficiles pour amorcer la saison, et ensuite deux bonnes semaines pour nous mener à aujourd'hui. On essaie encore de se définir en tant qu'équipe, mais au moins, on devient plus constants.»

À chacune des sept dernières saisons, la concession Winnipeg-Atlanta a végété dans le dernier tiers de la LNH au rayon des buts accordés. Or, elle est sixième depuis le début de la campagne.

«On commence à réaliser que ce genre de hockey est celui qui nous convient», explique le centre Bryan Little, premier compteur des Jets avec 11 points en 15 matchs.

«Nous ne sommes pas une équipe particulièrement offensive et nous ne comptons pas sur des gars de 90 points. Ça nous a servis jusqu'à maintenant de jouer de façon plus défensive et de nous attarder à freiner l'adversaire.»

Les Jets accordent moins de buts, mais ils en marquent aussi moins. Pour des jeunes talentueux comme Evander Kane et Mark Scheifele, dont la production se fait attendre en début de saison, ce n'est pas toujours facile d'oublier l'attaque et de se serrer les coudes en unité de cinq en zone défensive.

«Ce serait plus difficile à accepter si l'on perdait des matchs, mais ça a penché en notre faveur la plupart du temps jusqu'ici», admet Kane, dont le début de saison a été retardé par une blessure à un genou.

«Gagner règle toujours des problèmes. C'est sûr qu'il va falloir se mettre à marquer plus de buts, mais en attendant, on se satisfait de gagner des matchs 2-1.»

«Je sais que les chiffres ont l'air de dire que nous avons basculé dramatiquement du côté défensif, ajoute Paul Maurice. Mais quand on ne marque pas de buts, il faut trouver des moyens de gagner des matchs!»

Moins éparpillés

Ce qui est étonnant, c'est que le virage défensif des Jets s'opère sans que le noyau ait changé. De deux choses l'une: ou bien Paul Maurice prêche des choses différentes de son prédécesseur Claude Noel, ou bien il sait mieux transmettre son message.

«Sans dire que l'arrivée de Paul a constitué un nouveau départ, disons qu'il y a plus de place pour l'optimisme et pour travailler de façon à ce qu'on soit tous sur la même longueur d'onde», indique le défenseur Zach Bogosian.

Selon Maurice, les joueurs des Jets ont toujours été d'ardents travaillants, même avant son arrivée à la barre. Ils gaspillaient toutefois beaucoup d'énergie à se dire qu'ils devaient absolument marquer des buts.

«Ils ne se traînaient pas les pieds, insiste Maurice, mais allez voir des matchs du début de la saison dernière, et ils étaient un peu éparpillés. Ils ne travaillaient pas en groupe. Ils se soutiennent beaucoup plus maintenant.»

Pavelec a du succès

Le rendement d'Ondrej Pavelec devant le filet appuie bien cette idée de soutien.

Il n'y a pas si longtemps, certains le considéraient comme le pire gardien numéro un de la LNH. Or, le Tchèque de 27 ans fait taire ses détracteurs en ce début de saison avec un dossier de 7-4-2, une moyenne de buts accordés de 1,98 et un taux d'efficacité de 92,8%. C'est tout un contraste avec ses totaux de l'an passé, alors qu'il avait affiché un taux d'efficacité de seulement 90,1%.

On entend parler d'une plus grande confiance, d'une meilleure forme physique, d'ajustements à sa technique... Quelle est la plus grande différence cette saison?

«Devant lui, les gars lui donnent une chance, répond Maurice. Ma perception, c'est qu'il a connu certaines performances tout à fait ridicules par le passé, et que ç'a été établi comme étant le standard par lequel il serait évalué. D'où les critiques à propos de son manque de constance. Mais personne ne fait ça soir après soir. Il faut qu'un gardien puisse compter sur une certaine structure autour de lui. Il a volé des matchs pour nous, mais d'autres soirs, il a juste eu besoin d'être bon.

«Même au New Jersey, à l'époque, Martin Brodeur n'affrontait pas 50 tirs par soir. Sauf qu'il avait cinq arrêts importants à faire, et il les faisait. C'est à ce niveau-là que Pavs est meilleur.»