La tranquillité relative dont jouissait Alexei Emelin jusqu'à tout récemment en raison de la barrière de la langue lui convenait tout à fait. Mais il doit se rendre à l'évidence: il est devenu l'un des principaux acteurs de la rivalité Canadien-Bruins.

Tous les yeux étaient braqués sur Milan Lucic, jeudi soir, surtout après qu'il eut proféré ces fameuses menaces à l'endroit d'Emelin et de Dale Weise au terme de la série du printemps dernier entre les deux équipes. Le défenseur du Canadien a une fois de plus fait basculer les choses en faveur du Tricolore en se mettant en travers du chemin de Lucic en début de match puis à la toute fin.

D'abord, grâce une retentissante mise en échec sur le gros ailier des Bruins dès sa deuxième présence.

«Ce genre de coup me donne confiance pour un match», a expliqué Emelin.

Puis, en fin de match, Lucic a été puni pour l'avoir plaqué par-derrière alors qu'il ne restait que 1 min 20 s à faire et que les Bruins avaient à tout prix besoin d'un but.

«Je n'avais pas le choix [de me retourner], a expliqué Emelin. Il fallait que je traverse la ligne rouge et que j'envoie la rondelle en fond de territoire. J'ai tiré la rondelle et je me suis tourné face à la bande. Il m'a frappé dans le dos.»

S'agissait-il d'un coup salaud, à son avis? «Je pense que oui», a-t-il répondu.

Rien de spécial

Depuis son arrivée avec le Tricolore, Emelin a pesé sur tous les bons boutons pour faire sortir Lucic de ses gonds. Pourtant, il assure que le colosse ailier n'est pas son ennemi juré.

«Lucic n'a rien de spécial à mes yeux, et les Bruins non plus, dit-il. C'est un match comme les autres quand je les affronte. J'essaie de jouer à fond tous les matchs.»

Furieux de la punition dont il a écopé en fin de rencontre, Lucic a mimé une branlette devant les partisans qui l'accueillaient froidement au banc des pénalités.

Il a allégé son portefeuille de 5000 $ avec ce geste sanctionné par la ligue.

«J'ai entendu parler du geste ce matin et la ligue a fait ce qu'elle avait à faire», a commenté Michel Therrien. Les athlètes professionnels doivent respecter les partisans, respecter le sport et rester humbles.

«Heureusement, ce n'est jamais arrivé à un joueur de notre organisation, et on ne voudrait pas que ça arrive non plus.»

«Nous ne sommes plus intimidés»

Therrien s'est dit satisfait de la prestation d'Emelin face aux Bruins, lui qui revenait au jeu après avoir raté deux matchs en raison d'une blessure au haut du corps.

«Il a bien joué défensivement, il s'implique, on le sent plus à l'aise du côté gauche et on sent que son jeu prend du galon», a relevé l'entraîneur.

Son partenaire P.K. Subban estime pour sa part qu'Emelin reflète bien l'attitude qui habite désormais le Tricolore lorsqu'il affronte ses vieux rivaux.

«Qu'on joue contre Boston ou n'importe quelle autre équipe, Alexei sera toujours un joueur que l'adversaire n'aimera pas affronter en raison de sa robustesse, a indiqué Subban. Il n'a pas peur.

«Les Bruins essaient d'instaurer la peur chez leur adversaire en étant physiques et «dans la face» de leurs opposants, et je crois qu'au cours des dernières années, j'ai vu notre formation passer d'une équipe qui était quelque peu intimidée à une équipe qui ne l'était plus du tout. À mon arrivée dans la ligue, je me souviens du sentiment qui flottait dans le vestiaire quand on affrontait les Bruins. Or, on peut être physiques, nous aussi, on peut passer beaucoup de temps en zone adverse, nous aussi, et on peut gagner nos batailles à un contre un.

«On a fait un gros pas en ce sens durant les séries, la saison dernière, mais c'est quelque chose qui s'est développé avec les années.»