Oui, Vincent Lecavalier est encore là, dans le chandail orange des Flyers. Il est encore là même si l'équipe a tenté de l'échanger cet été. Il est encore là même si l'équipe a voulu réduire son rôle la saison dernière, lui retranchant de précieuses minutes de jeu, lui imposant une nouvelle position dans la formation.

Il est encore là même si ses patrons des Flyers, il y a quelques mois à peine, ont tenté de le refiler à d'autres, aux Sénateurs d'Ottawa ou aux Predators de Nashville, s'il faut en croire les rumeurs qui ont circulé cet été.

«J'étais très bien au courant de tout ce qui se disait, admet le joueur québécois en entrevue à La Presse. À partir du repêchage, j'entendais les rumeurs d'échange comme un peu tout le monde. C'est sûr. Lors de la saison morte, quand il y a des rumeurs et que tu es à Montréal, tu n'y échappes pas! Mais on passe à autre chose. Dès que le camp d'entraînement a commencé, je me suis mis à "bloquer" ce qui venait de l'extérieur. Pas le choix...»

Pour Lecavalier, ça ne fait aucun doute: tout a changé pour le mieux à la suite d'une franche et bonne discussion avec l'entraîneur de l'équipe, Craig Bérubé.

«Je suis arrivé ici 10 jours avant l'ouverture du camp d'entraînement... On a eu un meeting le lendemain. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre, [Bérubé] et moi, on n'avait pas vraiment parlé au cours de l'été. Mais on a eu une bonne discussion, et il m'a dit que j'allais commencer la saison au centre et jouer sur la première vague d'avantage numérique. Je ne peux pas demander mieux...»

Ajustement difficile

L'ancien joueur-vedette du Lightning de Tampa Bay le reconnaît en soupirant: sa première saison chez les Flyers aura été pour le moins difficile. Sa récolte de seulement 37 points en 69 matchs est la pire de sa carrière dans la Ligue nationale, pour une saison presque complète. Ensuite, il y a eu ce passage forcé du côté du quatrième trio, il y a eu aussi cette dernière période du match numéro 7 lors de la série contre les Rangers de New York, quand il avait dû sécher sur le banc...

Et enfin, pour bien faire, un directeur général qui a tout fait pour le sortir de Philadelphie cet été. C'est pourquoi Vincent Lecavalier a eu besoin de cette petite discussion avec le coach en arrivant.

«Je voulais avoir l'heure juste... En même temps, s'il m'avait dit de jouer à l'aile gauche, je l'aurais fait, je n'aurais pas eu le choix. J'aurais essayé de m'améliorer à cette position-là. Mais il m'a dit qu'on allait travailler ensemble, les deux, pour que ça marche.

«L'année passée, ce fut une saison difficile. Apprendre à jouer à une nouvelle position... Jouer au centre, c'est ma position naturelle. Alors de me faire confirmer à cette position en partant cette saison, c'est très positif. Ce qui est arrivé la saison dernière, c'est du passé. Cette fois, c'est un nouveau départ. J'ai confiance en ce que je suis capable de faire.»

La page est tournée

La saison 2014-2015 sera-t-elle une sorte de renaissance pour Vincent Lecavalier? Il fallait le voir fêter tel un gamin quand il a marqué son premier but de la saison jeudi soir, dans une défaite contre les Devils du New Jersey. Le saut qui a suivi ce but, droit dans la baie vitrée, était celui d'un joueur qui se sentait soudainement libéré des tracas des dernières semaines.

Mais il hésite à voir les choses de cette façon. Il hésite à parler de renaissance.

«Je ne veux pas penser de cette façon... Les gens qui voient ça de l'extérieur peuvent dire ça. Pour moi, ce qui commence, c'est juste une nouvelle saison. C'est ma deuxième année à Philadelphie, je me sens bien et je suis à l'aise ici. Le meeting que j'ai eu avec l'entraîneur m'a soulagé. J'ai compris une chose: malgré la façon dont ça s'est fini pour moi en séries lors du 7e match contre les Rangers, j'allais avoir une deuxième chance avec l'équipe.»

Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a plus de pression sur les épaulettes de Vincent Lecavalier. Bien au contraire. «Tout va bien pour moi. Mais évidemment, il faut gagner...»